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"Le changement climatique impose une évolution des vins AOP Languedoc"
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Paroles d’expert
"Le changement climatique impose une évolution des vins AOP Languedoc"

Diminution du nombre de pieds à l’hectare, nouveaux modes de conduite et de taille, autorisation du voile d’hivernage…Ces évolutions impliquées par le changement climatique sont nécessaires aux viticulteurs de l’AOP Languedoc pour continuer à produire de manière rentable d’après Nicolas Dutour, ingénieur agronome et œnologue pour les Laboratoires Dubernet.
Par Marion Bazireau Le 27 juin 2024
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Nicolas Dutour était invité à l'AG de l'AOP Languedoc ce 25 juin. - crédit photo : Marion Bazireau
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uvrant l’Assemblée générale de l’AOC Languedoc ce 25 juin, Nicolas Dutour avertit les vignerons présents. Pour continuer à vivre de leur métier, ils doivent faire évoluer leur cahier des charges. « Vous devez pouvoir former des ceps vigoureux, commence par expliquer l’ingénieur agronome-œnologue des Laboratoires Dubernet. Regardez dans les parcelles qui en plus de la sécheresse subissent une succession d’aléas, le gel, le mildiou, les coups de chaud, ce sont les seuls qui résistent. Les ceps chétifs meurent ! »

Concrètement, Nicolas Dutour préconise d’abaisser la densité à l’hectare de 4000 à 2500 pieds, voire moins. « Dans la Vallée de Napa, ce n’est pas un hasard si les viticulteurs descendent progressivement de 3000 pieds à 1800 pieds/ha, illustre-t-il. Et dans la Mancha, historiquement c’était même 1500 pieds/ ha ».

L’expert recommande également d’aller au-delà des 2,5 mètres entre les rangs. « Ecarter les pieds dans le rang n’est pas suffisant. L’exploration racinaire est meilleure quand on espace les rangs » justifie-t-il. Pour maintenir le rendement, élargir suppose aussi de faire évoluer la surface foliaire exposée.

« Et il faut revoir les modes de taille avec des cordons longs pour laisser à la vigne la possibilité de se refaire une santé après un aléa. Il faut raisonner en nombre d’yeux à l’hectare et non au pied » enchaîne-t-il, allant jusqu’à proposer de laisser aux viticulteurs la possibilité d’opter pour des systèmes de culture très déployés, le geneva double curtain, la lyre ou la pergola qui limite les risques de brûlures sur raisins.

Une teneur minimum en matière organique

En plus de la révision du mode de conduite, Nicolas Dutour insiste sur la nécessité de rehausser le taux de matière organique des sols. « Aujourd’hui on est à 1,2%. C’est loin d’être assez pour faire tampon lors des épisodes de sécheresse, martèle-t-il. Sans eau, si vous n’atteignez pas les 2,5% ou 3%, vous ne dépasserez pas 10 hl/ha. Dans votre cahier des charges, il est écrit "Afin de préserver les caractéristiques du milieu physique et biologique qui constituent un élément fondamental du terroir", suivi d’éléments sur la gestion de l’enherbement. Pourquoi ne pas imposer une teneur minimum en matière organique ? La pérennité du vignoble est en jeu ! ».

Pour faire face à l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des gels printaniers, Nicolas Dutour est favorable à l’autorisation des voiles d’hivernage. « C’est le plus rationnel et le plus efficace pour ne pas contribuer à ce que l’on subit, produire de la chaleur et de la fumée en produisant des feux » indique-t-il.

Dans l’immédiat, il conseille aux viticulteurs de faire le maximum pour améliorer la pénétration de l’eau dans les sols, « de réaliser un sous-solage avec une ou deux dents, de mettre en place un enherbement hivernal à la fin de l’été, et de ne surtout pas passer avec le cadre ou les griffes en sortie de vendanges ».

Au moment de la plantation, il insiste sur l’importance du porte-greffe. Le 333 EM devrait selon lui être davantage utilisé car il valorise la moindre goutte d’eau, confère une bonne vigueur et tolère bien les sols calcaires. « Il faut commander les plants deux ans à l’avance aux pépiniéristes car ils vont les greffer sur spécialement pour vous. D’habitude, ils ont tendance à privilégier le SO4 qui fait trois fois plus de bois à l’hectare mais à un système racinaire traçant et assimile trop de potassium, favorisant l’accumulation de sucres dans les baies et faisant monter le pH des moûts et des vins » informe Nicolas Dutour. Autre option : le 1103 Paulsen, qui résiste aussi bien aux conditions humides printanières et à la sécheresse.

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Tous les commentaires (1)
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Alain B Le 29 juin 2024 à 07:34:13
Article très intéressant, certains de nos dirigeants du syndicat des vignerons du Pic st Loup devraient faire leurs méa culpa. Depuis le millésime 2017 les vignes à moins de 5550 pieds/ha subissent une décote de rendement. L'obligation d'avoir 5550 pieds/ha surtout pour la syrah (qui doit représenter 50% de l'encépagement des exploitations) et une bêtise. La majorité des anciennes vignes étaient plantées autour des 3500 pieds/ha et c'était pas si mal.
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