ans un vignoble gardois à fleur de peau face aux difficultés financières et la faible récolte, l’appellation Costières de Nîmes, et ses 3 300 hectares au sud du département, oscille entre vision du verre d’eau à moitié plein ou à moitié vide. Si les volumes de ventes sont en repli, la dynamique de prix est stable, voire ascendante pour les vins rouges. Ou encore l’augmentation des stocks de vins (exclusivement rouges) vient en opposition d’une campagne où il n’y a pas eu assez de rosés pour fournir tous les marchés qui en demandaient.
« Sans besoin de se concerter, nos vignerons en obligation de déstocker déclassent en vins de France pour maintenir les prix de l’appellation, qui augmentent, de manière atypique par rapport au marché voisin des Côtes du Rhône », pose le vice-président de l’appellation Jérôme Castillon pour expliquer la stratégie de valorisation de l’appellation, « en revanche, nos stocks sont passés de 11 mois l’an dernier à 14 mois cette année, ce qui pèse sur les trésoreries. Mais ce ne sont que des vins rouges en stocks, dont la valorisation se maintient ».


Les sorties de chais ont en effet marqué le pas (à 105 000hl, -20 000hl par rapport à la campagne précédente), augmentant mécaniquement ces stocks, mais les vignerons de l’appellation Costières n’y voient qu’une période transitoire. « Il va y avoir un rebond, avec un négoce qui va manquer de vin », appuie le président du syndicat Costières de Nîmes Cyril Marès. L’export a également connu un début de campagne difficile, avant de marquer un regain au cours du premier semestre. « Nos rosés se sont plus vendus à l’export, mieux valorisés, et nous n’en avons pas eu assez pour fournir la grande distribution française, où nos ventes ont baissé », décrit la directrice du syndicat Aurélie Pujol. Elle ajoute que c’est sur le vrac que les sorties de chai ont régressé, mais se maintenant sur le conditionné mieux valorisé.
C’est cette approche de valorisation justement, qui mobilise aujourd’hui toutes les énergies des acteurs des Costières de Nîmes. La refonte de son image, aboutie au printemps dernier, est un des leviers de cette approche. « Notre image et celle de nos vins doivent être désirables, pour être attractifs quand le commerce va repartir », appuie Jérôme Castillon. Le projet de hiérarchisation avec la création de dénomination de Villages de l’appellation va également dans ce sens et pourrait aboutir pour 2026. Enfin, les vignerons des Costières ont mis sur pied un ‘schéma directeur végétal’ au sein de leur territoire pour préserver la biodiversité et limiter l’artificialisation de leurs terres d’appellation.
L’est des Costières de Nîmes va-t-il être traversé par une ligne très haute tension. C’est LA grande inquiétude qui traverse les responsables de l’appellation gardoise depuis que le préfet des Bouches-du-Rhône, coordinateur de ce projet de ligne 400 000 volts entre Jonquières-Saint-Vincent (au cœur des Costières de Nîmes) et le port industriel de Fos-sur-Mer, a dévoilé le tracé préférentiel. « On ne comprend pas pourquoi ce tracé a été retenu », explique Cyril Marès. Alors que les Costières de Nîmes misent sur l’œnotourisme pour soutenir la valorisation de leurs vins, ses responsables s’étonnent du flou argumentaire expliquant la traversée de leur vignoble plutôt qu’un enfouissement ou d’autres tracés, moins impactants pour les terres agricoles. Le monde agricole de la Camargue, des Costières et de la plaine de la Crau s’est constitué en collectif pour interférer dans une prise de décision qui semble les tenir de côté. Ils ont même quitté la table des discussions pour marquer leur protestation à l'occasion d'une réunion en préfecture des Bouches-du-Rhône fin septembre. De nouvelles discussions plus ouvertes sont espérées d'ici la fin d'année. Affaire à suivre.