our le nouveau président des Costières de Nîmes Cyril Marès, l’appellation gardoise « a tout pour tirer son épingle du jeu, face à un marché compliqué où les consommateurs procèdent à des arbitrages en défaveur du vin ». Depuis 2015, l’appellation a pourtant perdu 25% de sa surface de production, (-12,5% depuis 2021), témoignant d’une adaptation de son offre à un marché en contraction. Dans le même temps, les prix n’ont pas suivi la pente inverse, les cours de vrac ayant des difficultés à se maintenir, avec des rouges conventionnels achevant la campagne 2022-23 à 114€/hl, les rosés à 119€/hl. « Ce n’est pas suffisant car c’est tout juste à l’équilibre », regrette Cyril Marès, « mais notre production reste en phase avec les sorties de chai annuelles, nos vignerons orientant leur production pour l’adapter aux besoins des marchés ». Le syndicat n’est pas porté sur un interventionnisme de régulation des rendements alors qu’au cours de la campagne achevée fin juillet, la production s’est fixée à 136 393hl (-14%) pour des sorties de chais à 127 278hl (-8%).
Les 3300 ha de vignes produisant l’AOC Costières de Nîmes sont répartis de manière quasi égale entre caves particulières et coopératives. Les vins rosés sont aujourd’hui majoritaires (56% des volumes), en rapport avec une conjoncture de marchés qui a vu d’importantes baisses sur ses marchés export rouges. Les marché chinois et américains des vins de l’appellation ont fortement reculé (-48% chacun), le marché britannique baissant de son côté de 29%. « L’importante concurrence sur les vins rosés et les stocks post-Covid pèsent sur nos marchés aux Etats-Unis », relève Cyril Marès. Le marché chinois, historiquement important pour les Costières de Nîmes, reste très long à redémarrer alors qu’au Royaume-Uni, « les Costières étaient très présents dans le hard discount dont l’appellation cherche à se désengager pour aller vers plus de valeur ajoutée », indique la directrice de l’ODG Aurélie Pujol.


« Nous perdons sur des marchés de prix d’entrée mais progressons sur des marchés de valeurs : Belgique, Allemagne, Canada, Danemark », recentre néanmoins le vice-président de l’appellation Jérôme Castillon. Les ventes en GMS (grandes et moyennes surfaces françaises) ont elles-aussi progressé en volume comme en valeur, absorbant 30% des volumes de l’AOC, majoritairement des rosés. 28% des volumes vont par ailleurs vers le circuit traditionnel, et les 42% restants à l’export. Cette dynamique se traduit par une hausse de la valorisation lors de cette campagne (23M€, +3% vs 2022, +18% vs 2021), malgré les volumes en recul. Le conditionné ne représente néanmoins que 45% des sorties, « car nous n’avons pas d’opérateur de négoce implanté dans l’appellation, il manque donc par conséquent des marques fortes construites avec les négociants », regrette Cyril Marès.
Face à ces vents moins favorables du marché, les représentants de l’appellation rappellent aux forces de leur territoire. « Nous avons la chance de bénéficier de sols profonds qui nous exposent beaucoup moins à la sécheresse que d’autres secteurs méridionaux, d’autant plus que 70% des parcelles sont irrigables, grâce à la proximité du bas-Rhône. Cela nous garantit des profils de vins équilibrés, en phase avec les attentes des marchés », défend Jérôme Castillon. L’appellation continue de creuser son projet de hiérarchisation de son offre, par la création d’une dénomination Costières de Nîmes Villages. Enfin, l’appellation participe au plan collectif des vins de la vallée du Rhône, visant à renforcer les ventes à l’export, tout en ancrant plus efficacement son identité nîmoise avec l’ouverture, en mai prochain, du pavillon permanent des Costières de Nîmes, en plein cœur de la cité romaine.