Décarboner ce n’est pas saccager ». C’est avec ce slogan, entre autres, que le vignoble des costières-de-nîmes s’oppose au projet de ligne électrique 400 000 volts de RTE entre Fos-sur-Mer (Bouche-du-Rhône) et Jonquières Saint Vincent (Gard). Lancé dans le cadre du plan d’investissement France 2030, ce vaste chantier est censé participer à la décarbonation de la zone industrielle et portuaire de Fos-sur-Mer. « Les pouvoirs publics n’ont rien anticipé et tout se fait aujourd’hui dans la précipitation et sous la forme d’une pseudo concertation », s’emporte Anne Collard, propriétaire du château Mourgues du Grès, à Beaucaire (Gard).
Dans le cadre du projet actuel, d’affreux pylônes électriques de 60 mètres de haut et 40 mètres de large, sont prévus sur une centaine de mètres devant l’entrée de ce domaine de 65 hectares en bio. D’autres caves sont concernées, dont le Mas des Tourelles (40 hectares), également situé à Beaucaire (30), et sur lequel des pylônes seraient déployés sur le chemin d’accès. « C’est toute la partie Est de l’appellation qui va être défigurée depuis Jonquières Saint Vincent en passant par Arles et jusqu’à la Camargue », détaille Anne Collard. La viticulture n’étant pas la seule impactée, l’association pour la SauveGARDe de la Terre d’Argence, créé à l’initiative des Jeunes Agriculteurs du Gard a vu le jour le 16 avril dernier. Elle regroupe des membres issus du monde agricole, du tourisme ainsi que des associations de défense de l’environnement citoyens. Le syndicat de l’appellation nîmoise, la chambre d’agriculture et la FDSEA du Gard en font partie. « Nous constatons que le tracé évite les secteurs urbanisés et les zones d’activités économiques et se concentre dans les zones agricoles, a fait valoir la chambre d’agriculture dans un communiqué de presse. Une fois de plus, le monde agricole est la variable d’ajustement. »
« Les conséquences sont aussi environnementales, souligne Anne Collard. La ligne traverse la réserve naturelle de Camargue et se situe sur le couloir de migration des oiseaux. Il y a aussi des enjeux paysagers et touristiques majeurs. D’après une étude conduite par le club des sites touristiques du Gard avec la CCI, 1 € dépensé sur un acteur du tourisme génère par ricochet 12 € dépensé par visiteur. » La vigneronne rappelle également que l’appellation des Costières-de-Nîmes a été l’une des toutes premières à se doter d’une charte paysagère en 2007.
Les membres de l’association exige donc de l’État qu’il réexamine son projet. « Nous ne voulons pas de ligne aérienne sur le territoire de notre appellation, indique Anne Collard. Nous demandons son enfouissement. » La partie est loin d’être gagnée. A l’issue de la phase de concertation préalable qui s’est achevée courant avril, RTE n’a pas fait évoluer sa proposition initiale. « Nous allons envisager quels sont les moyens à mettre en œuvre pour arriver à faire changer de cap RTE et l’État », annonce l’association pour la SauveGARDe de la Terre d’Argence dans un communiqué. Un rassemblement est organisé le 5 juin prochain sur l’un des sites concernés par le projet.