Le millésime n’est pas plus brillant qu’ailleurs », résume en une litote Etienne Fournet, passé du cidre à la vigne en reprenant début 2023 les 6,6 hectares du domaine des Arpents du Soleil, à proximité de Saint-Pierre-sur-Dives, dans le Calvados.
Les vignerons normands ont connu la pluie toute la saison. « D’habitude il y a toujours des périodes plus calmes. Cette année ça ne s’est jamais arrêté. J’ai fini de vendanger la semaine dernière entre deux trouées », raconte Edouard Capron, du domaine Saint-Expédit, installé en bio depuis 2016 sur 2 hectares pentus à Freneuse, en Seine-Maritime. « Entre coulure, mildiou, et oïdium, les rendements ne sont pas bons », continue celui qui est aussi depuis 2022 le président de l’association des vignerons de Normandie.
Etienne Fournet ne commence à vendanger que ce lundi 14, avec trois semaines de retard sur 2023. « J‘ai beau avoir la chance d’être installé dans la zone la plus sèche de Normandie, avec « seulement » 600 mm par an, sur une colline bénéficiant de l’effet de Foehn de la Suisse normande, et des sols qui se réessuient très vite, comme j’ai loupé une fenêtre de traitement et que j’utilise une vieux pulvérisateur, je m’attends quand même à perdre 20 à 30% de récolte sur mon objectif de 40 hl/ha », anticipe-t-il, regrettant presque l’époque où il pouvait « s’allonger sous un pommier et se réveiller trois mois plus tard pour les ramasser ». Quand il replantera de la vigne, il optera peut-être pour des cépages résistants, histoire de ne plus « passer la saison sur un tracteur à mettre du cuivre de façon éternelle dans le sol », indique le vigneron en conversion bio.
« Nous voulons tous laisser ce millésime derrière nous », enchaîne Edouard Capron en se consolant avec la qualité des vins. « Ils sont plus frais que d’habitude et bien aromatiques ». Etienne Fournet s’attend aussi à une vendange qualitative. « Je récolte pour ne pas laisser les raisins aux étourneaux mais l’état sanitaire est très bon et les fermentations devraient être faciles comme les teneurs en sucre sont faibles, à 12% pour les blancs, auxerrois, chardonnay, et pinot gris, et 11,5% pour le pinot noir, que je ramasserai en dernier dans 10 jours ».