lsace, Médoc, Terrasses du Larzac… Les appellations intéressées par l’usage du cépage chenin ne manquent pas en France. De quoi alimenter l’opposition des vignerons du val de Loire qui en font l’un de leurs cépages emblématiques ? « Bien au contraire ! Je leur dis de ne pas s’autocensurer et de ne pas s’interdire le monocépage de chenin blanc comme l’ont fait les Fiefs vendéens » indique le vigneron saumurois Philippe Porché, le président de l’association fan de chenin (créée en 2018 par la fédération viticole d’Anjou-Saumur, avant d’intégrer Interloire en 2021), qui poursuit : « de quelle autorité est-ce que j’interdirai l’usage du chenin ? »
« Être copié n’est pas une mauvaise nouvelle, mais un signe de réussite » valide Pierre-Antoine Pinet, le président de la Fédération Viticole d’Anjou Saumur. La seule mise en garde de Philippe Porché est qualitative : « il faut bien sélectionner les parcelles pour planter du chenin. S’ils se trompent de terroir, ce sera catastrophique. On peut faire du très très beau et du très très mauvais » avec le chenin qui « est un transmetteur de terroir. Selon l’endroit, l’élevage, son expression (sec, moelleux, effervescent) » liste le vigneron du Maine-et-Loire.


Nomade, le chenin pourrait être originaire du Jura (ayant pour parents le savagnin et la sauvignonasse), il a voyagé dans le monde entier, notamment vers l’Afrique du Sud qui concentre 53 % des 35 000 hectares du cépage dans le monde (avec 28 %, la France en accueille 10 500 ha, dont 9 700 ha en Loire). « Avec l’Afrique du Sud, nous sommes concurrents certes, mais nos réseaux de distribution sont différents » poursuit Philippe Porché, désamorçant « la peur originelle [qui] est la perte de son pré carré, mais il y a une mise en avant du cépage » qui profite à tous au final (avec le partenariat entre "drink chenin" et "fan de chenin").
« Le chenin est un révélateur de terroir » martèle Philippe Porché, qui en témoigne en tant que président de la section Saumur blanc de l’Organisme de Défense et de Gestion de l’appellation Saumur. Qui ne veut jamais exclure personne : par exemple avec le projet de six Dénominations Géographiques Complémentaires (DGC) que sont Berrie, Brézé, Brossay, Courchamps, La Côte et Puy-Notre-Dame, dont la demande de création vient tout juste d’être déposée auprès de l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO) et qui est ouverte à tous les producteurs de l’AOC Saumur (sous réserve de critères plus restrictifs : vendanges obligatoirement manuelles, rendements réduits à 53 hl/ha contre 60 hl/ha, pas de copeaux de bois, pas de traitements thermiques… De quoi paver le chemin de futurs cru : dans autre temps, « pour nos successeurs, on ne le verra pas » esquisse Philippe Porché, qui peut déjà observer que la notoriété du chenin a (grand) cru.