la mi-août, le service national des statistiques agricoles aux Etats-Unis a publié les premières prévisions de récolte pour les raisins de cuve, notamment pour la Californie. Elles situent la production 2024 à 3,6 millions de tonnes, soit un volume en baisse de 2% par rapport à 2023. Selon l’association californienne des viticulteurs (CAWG), l’Etat a connu en 2024 l’une des saisons les plus chaudes jamais enregistrées. En effet, une vague de chaleur extrême s’est abattue sur la région sur une période la plus longue depuis 30 ans, à la fois en termes de nombre de jours et de journées consécutives où le mercure a dépassé les 38°C. Cette chaleur ainsi qu’une nouaison dans des conditions loin d’être idéales ont conduit à un abaissement des prévisions initiales. D’après la société de courtage californienne Turrentine, la production promet d’être soit conforme à la moyenne, soit légèrement en-dessous selon les cépages et les secteurs, avec des vendanges désormais avancées par rapport aux dates initialement prévues.
Un vignoble californien en crise
Du côté des producteurs, la réduction du potentiel de production n’est pas une mauvaise nouvelle, eu égard à la faible dynamique du marché. Selon Turrentine Brokerage, environ 1 million d’hectolitres recherchent activement preneurs, le rapport entre rouges et blancs étant de 3:1. Des volumes à vendre en hausse et des prix à la baisse représentent actuellement la principale source d’inquiétude pour les producteurs, affirme la CAWG, qui souligne l’impact qu’auront eu les attaques de mildiou, les vagues de chaleur et les feux de forêt sur la rentabilité des producteurs cette année. « De plus en plus de producteurs se demandent si cela vaut la peine d’investir dans la gestion du vignoble dans une optique qualitative alors que les raisins ne se vendront peut-être pas. D’une manière générale, les vignobles sans contrat sont gérés a minima », note l’association. Et d’observer que de plus en plus de viticulteurs ont décidé d’arracher des vignes afin d’assurer un meilleur équilibre entre l’offre et la demande. Dans son avant-dernier rapport mensuel, le courtier international Ciatti corrobore ce constat, déclarant que « les arrachages ont lieu à travers l’Etat et nous pensons qu’ils se poursuivront après les vendanges lorsqu’une nouvelle tranche de contrats pluriannuels arriveront à terme et ne seront pas renouvelés… Beaucoup de vignobles, de propriétés associées et de marques sont actuellement à vendre ».
Le Portugal touché par le mildiou
Plus près de la France, au Portugal, les prévisions de récolte font actuellement état d’un volume de 6,9 millions d’hectolitres, soit 8% de moins qu’en 2023 (7,542 Mhl). La quasi-totalité des régions productrices s’attendent à une réduction des volumes cette année, parfois à deux chiffres. Ainsi, Bairrada, Dão et Lisbonne prévoient une baisse de 15% par rapport à l’an dernier, tandis que l’Alentejo table sur une régression de 10% et le Douro, Tejo et Verdes de 5%. Seules quelques zones, à savoir Trás-os-Montes, Beira Interior et l’Algarve s’attendent à des hausses volumiques en 2024. D’une manière générale, note l’Instituto da Vinha et do Vinho dans sa première estimation de récolte, « l’instabilité météorologique durant le cycle végétatif de la vigne a favorisé le développement de maladies, notamment le mildiou ». Et de rappeler que les conditions climatiques des semaines à venir seront déterminantes, à la fois en termes de qualité et de quantité de récolte.
Une saison compliquée en Allemagne
Enfin, s’il est trop tôt pour avoir une idée précise des volumes, les vignerons allemands sont également à pied d’œuvre. Les vendanges ont commencé dans le Palatinat le 19 août où les premiers raisins de l’année ont été récoltés pour le Federweissen, ou le vin bourru. Selon le Deutsches Weininstitut, les vignes sont à peu près au même stade de développement que lors des deux années précédentes, le temps ensoleillé de la mi-août donnant un nouvel élan significatif à l’évolution de la maturité. Les premiers raisins destinés aux effervescents devaient être ramassés à la fin août tandis que les vendanges de cépages comme le müller-thurgau devraient commencer début septembre, suivies par celles de variétés plus tardives comme le riesling. En Allemagne aussi, la saison a donné du fil à retordre aux vignerons, avec une forte pression cryptogamique. Le DWI affirme que si la majorité des domaines ont réussi à bien maîtriser la situation, de sorte que les vignobles affichent globalement un très bon état sanitaire, la situation est moins positive dans les régions orientales, notamment, touchées par des gelées tardives. Il s’agit de la Saxe et de Saale-Unstrut où on s’attend à des pertes de rendement pouvant aller jusqu’à 80%.