nstallé depuis 1990 sur un vignoble de 50 ha dans le secteur de Borgho, à l’est de la Corse, le vice-président de la cave d’Aleria François Franceschi est, depuis le 2 août dernier, le nouveau président de l’interprofession des vins de Corse (CIVC). Engagé de longue date dans les institutions et syndicats agricoles insulaires, François Franceschi s’engage avec les cinq membres du nouveau conseil d’administration* à poursuivre le travail engagé ces dernières années par le CIVC pour « insuffler une nouvelle dynamique en phase avec les objectifs de la filière et les besoins des marchés », argue un communiqué du CIVC.
« Le bouleversement climatique nous fait rencontrer les mêmes problèmes que les zones viticoles méridionales vis-à-vis de l’eau », pose François Franceschi lorsqu’on l’interroge sur les enjeux d’avenir pour la viticulture corse. Il observe une évolution de la pluviométrie de plus en plus fragmentée et concentrée sur des épisodes intenses printaniers, type cévenols ou méditerranéens. « Ces fortes pluies ponctuelles de printemps ne compensent pas les déficits hivernaux, et comme dans le sud de la France, le sujet des retenues collinaires pour récupérer une partie de ces fortes pluies se pose. Pour la viticulture, mais aussi pour l’arboriculture, le maraichage et la population, en particulier pendant les périodes d’affluence touristique estivale », enchaîne-t-il.
Si les touristes ont besoin d’eau, ce sont aussi des consommateurs importants des vins insulaires. Près du tiers (120 000hl) des volumes de vins produits en Corse (380 000hl) sont consommés chaque année sur l’île. « Nous voyons l’effet saisonnier de cette consommation. Or, cette année est plus difficile pour le tourisme, et par conséquent des volumes de vins moins importants », affine François Franceschi. La dynamisation du marché local figure d’ailleurs parmi les axes de travail importants de cette mandature, le vigneron de Borgho constatant que « la proportion des vins extérieurs est en augmentation dans la consommation de vins en Corse, sans que nous ayons d’explications particulières ». Le renforcement de cette position locale des vins corses passera par un travail de l’interprofession avec les professionnels du tourisme « sur l’image de nos vins, et notamment les professionnels de la restauration qui ne doivent plus appliquer des coefficients de 5 ou 6 sur les vins, ça dissuade les clients de consommer ! », pointe encore François Franceschi.
Les efforts qualitatifs entrepris depuis de nombreuses années présentent pourtant des résultats nets sur le niveau général des vins corses. Le nouveau président du CIVC veut rebondir sur cet acquis pour renforcer encore la présence en France continentale et les marchés export. Il alerte cependant sur la trop forte rosé-dépendance de la production insulaire. « Les rosés font 68% des volumes de l’île, même 78% pour les coopératives. C’est certainement une proportion trop importante alors que nous risquons d’avoir un peu de stocks en fin d’été », ajoute François Franceschi. Pour l’heure, les entreprises ne connaissent pas les difficultés d’autres régions de production françaises, mais le président du CIVC explique que « les vignerons corses restent attentifs, sur le qui-vive ». Il imagine d’ailleurs une production de l’île un peu plus orientée vers les vins blancs. « Tous les spécialistes se rejoignent sur le fait que nous avons de formidables terroirs à blancs. C’est une question qu’il faudra se poser à l’heure des nouvelles plantations. A l’image de la Bourgogne, nous pourrions être la référence pour les vins blancs de Méditerranée », envisage-t-il.
* Francois Franceschi (Cave d’Aleria) président, Marie-Françoise Devichi (Présidente de l’AOP Patrimonio, Mlle D) Vice-Présidente, Gilles Seroin (Président de l’AOP Corse Sartène, Domaine Sant’Armettu) Vice-Président, Jean-André Guidici, (Président des Vignerons d’Aghione) Vice-Président, Pierre-Michel Tardy (Directeur Général d’UVAL) Trésorier, Simon-Pierre Fazi (Président de la cave coopérative de Saint Antoine) Secrétaire Général.