lors que le commerce était plutôt bien orienté dans les appellations d’Anjou-Saumur, la situation s’est tendue il y a quelques mois, en particulier sur le Cabernet d’Anjou, l’un des poumons économiques du vignoble avec un tiers du volume global. Ses sorties, dont les deux tiers se font via la grande distribution sont en baisse. Sur l’année 2023, 197 000 hl ont été vendus contre 209 000 en 2022. Et la tendance sur le premier semestre 2024 n’est pas à la croissance… Le tout conjugué avec une grosse récolte 2023 : 350 000 hl. Conséquence, il y a du stock en cette fin de campagne, voire du surstock qui n’a pas trouvé preneur chez le négoce.
Le Rosé d’Anjou, avec ses quelque 100 000 hl, connait une situation un peu plus encourageante sur le marché français avec des ventes en grande distribution en légère hausse pour la moitié de ses volumes, mais c’est l’export qui a plombé l’AOC : - 20 %. Conclusion, les vignerons ont voté en assemblée générale courant juillet, un rendement 2024 à 50 hl/ha en Cabernet d’Anjou avec un VCI de 12 hl/ha ou un VSI de 19 hl/ha, et 60 avec 8 de VCI ou 15 de VSI en Rosé d’Anjou. Soit une baisse de 5 hl de moins que les rendements de base. “Il ne faudrait pas dépasser 280 000 hl en Cabernet et 100 000 en Rosé d’Anjou”, indique le coprésident Valentin Chauviré.


Autre production de volume dans l’Anjou-Saumur, les bulles, qui, elles, sont en croissance. Que ce soit le Saumur ou le Crémant de Loire, la demande est bien présente. Et, en dépit d’une récolte 2023 historique (respectivement 115 000 et 270 000 hl), le négoce a fortement acheté ces volumes et constituer des stocks à hauteur des besoins. Commercialement, le Saumur est en hausse à l’export et en France, alors que le Crémant de Loire progresse sur le marché français, mais se tasse un peu à l’export. Les besoins ont été estimés par le service Economie d’Interloire à 100 000 hl en Saumur et 220 000 en Crémant de Loire pour conserver les équilibres offre-demande. Au vu des intentions de production collectées fin juin par la Fédération viticole de l’Anjou dans son rôle d’ODG, il a été décidé, là aussi de serrer les boulons. Ce sera 60 hl/ha en Saumur (contre 67 dans le cahier des charges) et 64 en Crémant de Loire (- 10 hl par rapport au rendement de base).
Cette baisse de rendement a aussi pour but de limiter les effets déversoir d’une appellation sur l’autre dans un vignoble où chaque parcelle peut produire plusieurs AOC. Là aussi, les vignerons pourront user du VCI ou du VSI. “Comme tous les vignobles français, on est confronté à la baisse de consommation et aux perturbations géopolitiques internationales. Même si on connait des difficultés, notre vignoble a toujours su s’adapter grâce à sa diversité de produits. Individuellement, chaque vigneron doit s’interroger sur son parcellaire et ne produire que ce qu’il sait vendre”, conclut le président de la Fédération Pierre-Antoine Pinet.