l n’a pas hésité : Hervé Paillard, propriétaire du Clos Mirages, 15 ha en AOC Côtes de Provence à La Môle, dans le Var, va participer au Prix des lecteurs, le nouveau concours lancé par La Revue du Vin de France (RVF). « C’est un magazine de qualité. Ce concours le sera aussi, explique-t-il. Et c’est une bonne idée de faire un prix des lecteurs de la RVF car ils sont proches de nos clients. »
Ce vigneron vend toute sa production en direct, la moitié à des particuliers, l’autre moitié auprès de quatre-vingts restaurants dont vingt étoilés. « Il y a deux façons de faire valoir nos vins : être à la carte des étoilés, et au travers des concours », indique-t-il. Depuis qu’il a acheté le Clos Mirages il y a quatre ans, il a décroché sept médailles. Autant d’occasions de communiquer sur son compte Instagram, et autant de matière pour alimenter la newsletter qu’il adresse à trois mille destinataires.
Cette année, Hervé Paillard participe à sept concours. Boostent-ils ses ventes ? « C’est difficilement quantifiable, mais cela amène de la notoriété, estime-t-il. Une stratégie qui a tout de même un coût : de 50 à 300 € par échantillon, soit environ 900 € au total cette année. Au fur et à mesure que nous gagnerons en notoriété, nous en réduirons le nombre. » Pour l’instant, il va présenter au prix des lecteurs de la RVF le millésime 2023 du Clos Mirages, un rosé de garde dont il vend encore des bouteilles de 2021. Et conserver sa participation aux Decanter Awards et au Frankfurt International Trophy, car il veut se développer à l’export.
Même son de cloche en Alsace, pour Jessica et Pierre Wach. Propriétaires de 9 ha, à Andlau, ils vont envoyer à la revue deux échantillons, un riesling et un muscat, en septembre prochain. « Nous sommes abonnés à la RVF, nous avons confiance en cette revue, indique Jessica Wach. Nous avons donc décidé d’essayer ce nouveau concours. Le fait que des particuliers fassent partie du jury nous intéresse car nous avons une bonne clientèle de particuliers. Nous produisons 55 000 cols par an. Avec le CHR, les particuliers représentent 60 % de notre activité. »
Les concours auxquels ils participent ne sont pas le fruit du hasard. « Nous les choisissons en cohérence avec nos marchés, explique la vigneronne. Nous participons ainsi à l’International Challenge Gilbert & Gaillard, au sigille de la Confrérie Saint-Étienne et aux Decanter Awards. » Pas question de se priver de ces derniers, qui viennent d’attribuer une médaille d’argent au Kastelberg 2019, le riesling grand cru du domaine Wach. « Pour que des vins soient considérés à l’export, il faut qu’ils soient médaillés et qu’ils aient de bonnes notes, observe Jessica Wach. Pour un importateur, c’est un argument de vente supplémentaire. »
Dans le Tarn, Bernard Durand dirige le Château d’Escabes, 50 ha en bio, AOC Gaillac, 2 500 hl écoulés à 20 % en bouteilles et 80 % en vrac. Cet habitué des compétitions se dit lui aussi prêt à concourir pour le prix des lecteurs de la RVF, car il compte développer ses ventes directes.
Pour l’instant, il mise sur Concours Général Agricole, où il a obtenu une médaille d’or pour son blanc 2023 Loin de l’Œil, distribué dans les grandes surfaces du sud-ouest. « Même si ce concours est onéreux, il donne confiance aux consommateurs qui sont perdus en grande surface », assure-t-il. À l’export, le viticulteur se plaît à rappeler qu’en mars dernier, lors d’un salon tenu à New York, un importateur canadien s’est souvenu qu’en 2023, la cuvée Contemplatif N° 1 du Château d’Escabes s’était vue attribuer 94 sur 100 par le magazine Wine Enthusiast. Une note qui a fait son effet : l’importateur a passé commande d’une palette comptant plusieurs références, dont la cuvée Contemplatif, qui est partie au Québec à la fin juin.
Maya Sallée, cogérante du domaine La Calmette, 10 ha en bio et biodynamie à Trespoux-Rassiels, dans l’appellation Cahors – 35 000 cols distribués en CHR et à l’export (40 %) –, s’apprête à participer au Prix des Artisanes du magazine Elle. Ses raisons ? « Je milite pour la visibilité des femmes en viticulture. » Le prix des lecteurs de la RVF ? Elle hésite à s’engager. « On est très sollicités pour participer à des concours. Il faut choisir. Nous sommes connus des consommateurs connaisseurs car nous sommes référencés par le guide Bettane & Desseauve. Avec le Prix des lecteurs de la RVF, nous toucherions une clientèle plus large et moins avertie. » Afin d’en estimer l’intérêt pour son domaine, Maya Sallée s’accorde encore le temps de la réflexion.
Les échantillons sont à envoyer entre le 15 septembre et le 31 octobre. Les vins seront dégustés en novembre par un jury composé de lecteurs de La Revue du vin de France : des amateurs, des cavistes et des restaurateurs. Les résultats seront annoncés le 16 décembre sur le site internet de la revue.