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Pas de doute pour le Crédit Agricole, il faut arracher des vignes à Bordeaux
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Mise au clair
Pas de doute pour le Crédit Agricole, il faut arracher des vignes à Bordeaux

La banque verte joue carte sur table : le vignoble bordelais doit rééquilibrer sa production, s’émanciper des contraintes AOC et rationaliser son outil industriel pour revaloriser sa commercialisation et redonner de l’attrait à son patrimoine afin d’espérer le transmettre.
Par Alexandre Abellan Le 01 juillet 2024
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Pas de doute pour le Crédit Agricole, il faut arracher des vignes à Bordeaux
Constatant des « rendements erratiques » ces derniers millésimes en Gironde, Éric Garreau note « en cinq ans, la perte d’une année de chiffre d’affaires. C’est 4 milliards € qui ne sont pas dans l’économie. » - crédit photo : Larraqué Vins International (Camille Fontaine)
L

es tableaux de bilan comptable étant d’une froideur proverbiale, les banquiers ne sont pas des poètes. « La finance est le nerf de la guerre. Sans efficacité économique, quel que soit l’opérateur, on ne fait rien » pose Éric Garreau, le directeur de la filière vin du Crédit Agricole d’Aquitane ce jeudi 28 juin lors de l’assemblée générale de l’Alliance des Récoltants (Larraqué Vins International) au Vieux Château Gaubert (AOC Graves). Si la filière vin constitue un secteur économique atypique « que l’on ne retrouve nulle part ailleurs » avec un « métier très capitalistique » aux « opérations économiques hors normes » demandant d’« investir pour 50 ans quand les modes de consommation change quasiment tous les ans » ce qui alimente « une décorrélation entre le modèle économique et les attentes sociétales » poursuit le banquier.

Face aux tensions commerciales et économiques, « indéniablement, il y une nécessité de rééquilibrer l’offre et la demande. C’est indispendable » car « la première chose des faire pour chaque exploitation, c’est rééquilibrer sa production par rapport à son potentiel de commercialisation » pose Éric Garreau, notant que si « certains clament le contraire, la réalité économique, c’est que sans équilibre entre l’offre et la demande, ce sont les prix qui sont atteints. Derrière ce sont des dispersions que l’on ne peut pas avoir. » Voyant « une chance sur notre territoire » de pouvoir bénéficier d’ores et déjà d’un outil d’aide à l’arrachage, le banquier note qu’« il y aura 8 000 hectares d’arrachage, oui il y a déjà 2 à 3 000 ha de friche, oui il y a d’autres arrachages, parce que sans efficacité économique on ne vit pas. Et quand on n’arrive plus à vendre sa production, ça coûte très cher. »

N’attendez pas que le monde redevienne comme avant

Appelant à un travail collectif pour repositionner la marque Bordeaux, Éric Garreau appelle également à « organiser la production et la piloter » afin de reprendre la main et ne plus subir la déconsommation. « N’attendez pas que le monde redevienne comme avant. N’attendez pas que l’on achète du vin sans faire d’effort, c’est fini… N’attendez pas que l’on s’en sorte sans s’adapter au marché d’aujourd’hui : c’est fini » pointe le directeur de la filière vin, pour qui « le cœur du sujet, c’est d’être présent sur les marchés. Écoutez les gens de la distribution qui ont besoin d’alimenter et de créer des besoins. Proposons-leur des produits différents pour que le vin soit une consommation qui continue à perdurer. »

En somme, le banquier milite pour la modernisation de la filière : une entrée dans le XXIème siècle et ses nouvelles donnes. « Sortons de nos carcans » plaide Éric Garreau, qui vise notamment la surcharge AOP : « le cahier des charges est ancré dans nos têtes. Il faut entrer dans une nouvelle ère » indique-t-il, estimant qu’il faut arrêter « de se rassurer sur le territoire avec un cahier des charges qui est très serré, très fort, plus difficile, plus contraignant et être un critère distinctif pour vendre. C’est fini ce monde-là. » Pour regagner en liberté et rentabilité en appellation, « c’est à vous viticulteurs de faire bouger ça. Ce n’est pas le consommateur qui l’a demandé. Je n’en ai jamais vu acheter une bouteille en disant que ce cahier des charges AOP est tellement restrictif que le vin est plus qualitatif » tranche Éric Garreau. Qui a un autre sujet stratégique en tête : « la nécessité de rationaliser les outils industriels : on a passé 15 ans sur notre territoire à réaliser des investissements poussés par des aides, et non par une raison économique, parce que l’on avait des subventions. On a une multitude d’outils industriels qui sont sous-utilisés. Il y a une rationalisation indispensable, une efficience à retrouver. »

Objectif : transmission

Ce n’est qu’en s’adaptant aux nouvelles tendances de marché que les vins de Bordeaux retrouveront de leur superbe pour Éric Garreau, qui prévient qu’« il y aura des installations et on financera les transitions s’il y a une efficience économique. Sinon on détruira le capital et la valeur patrimoniale. Personne n’investira dans ce qui coûte annuellement plutôt qu’il ne rapporte. » La froideur comptable.

 

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Tous les commentaires (12)
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DARIUS Le 11 juillet 2024 à 08:11:55
C'est le négociant qui fait la hausse et le viticulteur qui fait la baisse disait on autrefois. Alors quand les chais débordent de vin...
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bill et boule Le 11 juillet 2024 à 05:00:05
Toujours sur à polémique concernant le support soit disant inoxydable de la banque verte en Gironde pour la viticulture, comment expliquer le fait que les mandataires liquidateurs bordelais en déplorent les lacunes ? Et comment expliquer le niveau d impréparation des agences quant à la mise en place des crédits de conversion des anciens pge bpi 2020 2021 alors que le décret tant attendu vient d être signé sur être mi 2024c ? Il est vrai que bpaca ne fait pas beaucoup mieux . On se souvient pourtant des déclarations fracassantes faites à Bercy le premier mardi du SIA par les 2 banques en question concernant leur engagement supposement inebranlable aux côtés de l agriculture. Si augmentation spectaculaire des engagements bancaires il y avait ,notamment de la part de ces deux acteurs en Gironde ,et qui plus est en faveur des petits châteaux pour venir au secours de leurs trésoreries comment expliquer l état souvent déplorable du parcellaire à cette mi juillet : enherbement excessif lié à réduction des passages tracteur faute de fuel, surface foliaire hirsute et mal traitée faute de produits phyto. Les viticulteurs ne sont pas devenus négligents subitement ... mais les banques leur refusent généralement les autorisation de découvert requises pour aller plus avant ... Les ventes stagnent depuis 6 mois et les rares transactions se font à un niveau de prix pitoyables tandis que les apports en compte courant associés se généralisent helas . C est la triste réalité et prétendre le contraire n est pas honnête ou en tous cas ignore la situation terrain au quotidien. Fournisseurs et prestataires sont d ailleurs las d avoir progressivement à se substituer au système bancaire en devant multiplier les échéanciers de paiement, voire déplorent les impayés qui se généralisent. Quelque soit la majorité parlementaire qui se dégage pour gouverner le pays , soit à gauche soit au centre , les négociations avec le secteur bancaire doivent reprendre , tout comme d ailleurs avec le secteur des assurances, bien mal en point suite aux intempéries et autres catastrophes naturelles . Une fois encore, la filière est en danger et de ce fait la balance commerciale déjà déséquilibrée pourrait encore voir son déficit s aggraver rapidement . Le nouveau locataire de Bercy est donc très attendu pour donner l impulsion requise !!!
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augustin Le 10 juillet 2024 à 22:23:56
non le terrain ne dit pas n importe quoi donnons nous la peine de revenir aux origines de propriété de la majorité des domaines actuellement sous l égide de ça grands crus : ce sont bien pour certains des domaines que leurs propriétaires ont été contraints de céder à vil prix suite a l interruption des concoursbancairzs , t a commencer par les Vignobles Cordier ...et nous faire croire que ces départements au sein de la mème banque sont totalement indépendants laisse le lecteur rêveur...
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Voltaire Le 09 juillet 2024 à 17:34:09
Travaillons et adaptons nous à la demande. Une réforme profonde des organismes voir leur disparition sera indispensable. Sommes nous prêts ? Une réforme de la réglementation viticole doit nous donner une libéralisation de notre production. Dans le cas Bordelais le CiVB est-il prêt à faire des propositions dans ce sens ou bien rester avec ces ornières ?
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Ne dites pas n'importe quoi ! Le 05 juillet 2024 à 14:41:23
Si je comprends la détresse des producteurs, je n'admet en revanche pas les commentaires sans fondements que je lis ici ! Non la banque n'a AUCUN intérêt à mettre en LJ ses clients car son taux de recouvrement est faible : que vaut un warrant aujourd'hui ? que vaux même le foncier viti ? et quand je lis les commentaires "complotistes" avec une visons à 50 ou 100 ans on est en plein délire ! L'intérêt des fournisseurs c'est de se faire payer et donc d'avoir des viticulteurs "en forme", c'est la même chose pour un organisme prêteur qui a tout intérêt à se faire rembourser. Quant à CA grand crus, c'est une filiale de CASA, rien à voir avec Mr Garreau qui, visiblement, ne gère "que" la filière viti de la caisse régionale de l'Aquitaine. Par ailleurs, pourriez-vous donner ne fusse qu'un seul nom de propriété qui ai été saisie au profit de cet établissement bancaire ? non, bien sûr car, à ce jour il n'y en a jamais eu. Donc oui la filière est en crise, oui il faut que la profession remette en question un certain nombre de chose et oui la banque est soumise à une réglementation. Ce n'est pas gesticulant de la sorte que la filière s'en sortira, ce n'est qu'en travaillant tous ensemble intelligemment, producteurs, metteurs en marché, fournisseurs, financeurs que l'on pourra trouver les solutions de sortie.
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MG Le 04 juillet 2024 à 14:41:21
Que la production plante ou arrache, la CRCA est gagnante sur les deux tableaux. Des comptes bancaire de client en positif mais de faible montant ne sont pas "utile" pour une banque.
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augustin Le 04 juillet 2024 à 03:43:34
Pas de doute en écoutant Éric Garreau : il faut rapidement changer de banque si on est encore viti client au Crédit Agricole en Gironde ! Jean de La Fontaine nous avait mis en garde avec une fable sur le pot de terre et le pot de fer . M Garreau avançait masque jusqu à présent mais désormais nous savons à quoi nous attendre de la part de son organisation en cas de difficulté...
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augustin Le 03 juillet 2024 à 05:07:10
Effectivement le temps qui s écoulé n est pas perdu pour tout le monde.Encore une fois la simple déclaration de créance au mandataire liquidateur, etrangement et actuellement , vaut présomption de vaine poursuite ! C est le résultat d une étrange jurisprudence de la cour de cass en 2020 qui a vide l art 1858 du code de commerce qui jusque là protégeait les revenus et les bien propres des associés de scea concernées ! Les services contentieux bancaires le savent bien et stoppent les concours bancaires déclenchent les lj puis se tournent vers les malheureux associés . Seuls les députés RN , de source sure , ont pris consience de la situation et il y a fort à parier qu un projet de loi renforcant l art 1858 est en préparation.Les députés de l actuelle majorité, pourtant avertis du sujet, n ont pas bouge sur le sujet : on ne touche pas au grisbi des banques à Bercy :^(. Pathétique !
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Cahuita Le 02 juillet 2024 à 21:05:44
Merci pour cette leçon mais pourquoi ne dites vous pas que vous coupez les cours termes dans quasi toutes les structures, y compris celles qui fonctionnent?? Meme parfois en disant au gerant de ne pas prendre d'avocat, le mandataire etang làpour le defendre ! ? Bizarrement quasi toutes les structures en mandat ad hoc ou en sauvegarde ne le sont QUE du fait des partenaires bancaires (crca33 en tete). La Msa tant décriée, les fournisseurs font encore confiance dans la production, ou en tout cas ne l'envoie pas devant les tribunaux. Si l'on sait que toutes les terres recuperees lors des liquidations judiciaires rentreront, faute d'acheteur, dans le giron des banques?.et que dans 50-100 ans la pression demographique fera que le besoin en terrains constructibles seront tres demandés?.la strategie est imparable et dans tous les cas c'est la banque qui gagne
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augustin Le 02 juillet 2024 à 15:51:01
Tous les mandataires liquidateurs bordelais le constatent : les cessations de paiement et les liquidations des petits châteaux ne sont ni le fait du fisc ni celui de la msa ou des fournisseurs ou prestataires ...mais celui des banques ..à commencer par crca 33 bien etendu ,faute d un niveau minimum de support en tresorerie. Ce double langage est inacceptable, cautionne de plus par Bercy depuis longtemps . Après le petit dissolvant , on nous propose le grand désistement pour tenter de maintenir un semblant de statu quo...Il est bien possible que cette fois les gueux en aient assez .Passez par exemple au cœur de Pauillac et voyez ou va l argent de la " banque verte " sur un de ses domaines , argent qui pourtant nous a été tant promis depuis le salon à Paris . Certains travaux pharaoniques finissent même par gêner les locaux qui y travaillent c'est dire leur extravagance ! Absence de pudeur, incapacité à l empathie , discours empreint même d une morgue et d une ignorance des contraintes quotidiennes : en juillet 1789 , certains de nos ancêtres avaient vu rouge .. 235 ans après les mêmes causes créent cette même colère : qui oserait dire que cette réaction n est pas saine ?
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Grami Le 02 juillet 2024 à 04:45:33
Merci monsieur ! Tout ceci est tellement vrai ! Combien de temps faudra t-il attendre pour entendre l'ensemble des responsables de la filière prononcer ce genre de propos ? Notre maison brûle et ils tergiversent sur tout un tas de choses, oubliant que leur inefficience coûte chaque jour un peu plus à nos vignerons, y compris à ceux qui sont bien dans les tendances de consommation car tous les prix dévissent à cause des excédents...
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bill et boule Le 01 juillet 2024 à 19:20:37
Discours classique du bourreau qui avant d abattre sa hache explique à sa victime que tout est de sa faute .Ce m garreau que nous connaissons tous bien à Bordeaux ne tiendrait pas un trimestre à notre place et le voilà qui nous donne sans vergogne des leçons.On ne dira jamais assez la fascination délétère que les grands crus classes à exerce depuis 20 ans sur la cellule grands crus du crédit agricole d àquitainne ,d abord barriere du medoc puis au bassin a flots . Les encours se sont focalisés sur le haut de gamme et même la structure ça grands crus s est dépêche de se désengager de l entrée et sur le milieu de gamme pour se focaliser sur le top. Les autorisations de découvert ont stoppees , les lignes d escompté se sont ratatinees, les warrant sur stock ont disparu.En lieu et place , de belles déclarations sur le perron de Bercy en février 2024 parce que ,en plus , on nous prend pour des quiches.Vivement dimanche prochain pour que ce monde change et que cette horreur économique deshumanisee cesse. Relisons encore Viviane Forrester qui a prévu depuis longtemps a prolifération funeste de ce type de discours culpabilisateurs et denues d empathie . Et demandons enfin à la banque verte de changer de raison sociale , ce ne serait que justice. Et oublions enfin la pub tv aznavour " formidable" : formidables nous l'étions et désormais sommes bons à être donnés aux chiens ? Il faudrait savoir !
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