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oule des grands jours ce mercredi 29 mai sur le salon Vinexpo de Hong Kong pour la première présentation en Asie de la bouteille 2022 du château Angelus (135 hectares de vignes, dont 65 à Saint-Émilion). Devant une salle remplie à craquer, son copropriétaire, Hubert de Boüard de Laforest, dévoile un nouveau packaging donnant dans le céleste et l’or 22 carats. Présente en vidéo, sa fille Stéphanie de Boüard-Rivoal, la PDG d’Angelus, pointe la symbolique de cette étiquette : « 2022 est un moment charnière, il marque une nouvelle ère, un nouveau cycle de 10 ans. Après une phase du développement et de croissance [NDLR : historiquement constituée de 30 ha, la propriété est montée à 135 ha*], nous entrons dans un moment de consolidation » qui s’incarne dans une bouteille singulière. Un écho à la bouteille noire du millésime 2012, marquant sa succession à la tête de la propriété (à la suite de son père) et l’accession au titre convoité de premier grand cru classé A de Saint-Émilion (la propriété étant grand cru classé depuis 1955 et premier grand cru classé B depuis 1996). Ayant retiré sa candidature à la révision décennale du classement en 2022, le vin de l’agent 007 (voir encadré) s’affiche désormais sous l’appellation Saint-Émilion grand cru.
Une sortie du classement qui devenait obligatoire pour lancer un nouveau cycle selon Hubert de Boüard. Indiquant ne pas souhaiter se « focaliser sur ce sujet important », le premier jurat de Saint-Émilion explique que « pour de nombreuses raisons, nous sentions que les règles de la certification avaient changé dans un sens qui n’étaient pas le bon. Mais je ne veux pas être long sur ce sujet. Nous sommes sur notre chemin, cela fait partie du nouveau cycle. » Avec l’idée répétée par l’œnologue conseil de faire plus, mais pas forcément dans un carcan, de classification ou de certification.
Cette nouvelle ère aurait dû être marquée par l’obtention de la certification bio du château Angelus, démarrée en 2018 mais stoppée en 2022**. « Être bio ne suffit pas, comme être en biodynamie non plus : il faut aller le plus loin possible » pose Hubert de Boüard. Alors que son confrère œnologue-conseil, Michel Rolland, déclare récemment dans le Figaro que le bio constitue un cadre limité techniquement sans assurance de qualités dans le vin et à la vigne (ce qu’il évoquait déjà fin 2022 auprès du négoce Rolland Coiffe), Hubert de Boüard nuance et développe : « Michel Rolland est l’un des winemakers les plus célèbres dans le monde et j’ai beaucoup de respect pour le grand frère qu’il est pour moi. Il a maintenant 76 ans et il peut dire tout ce qu’il veut, ce qui est fantastique. Dans toutes les activités, il y a des gens sérieux et d’autres qui le sont moins. C’est pour ça que je dis que la route est étroite en bio. C’est pour ça que je ne veux pas que sur Angelus on mette le label bio : parce que c’est très commercial. Alors que le bio est un enjeu vital. On peut trouver des tomates espagnoles bio, mais mon conseil c’est de ne pas y toucher. Ce n’est pas sain, mais c’est bio. […] Je n’ai pas 76 ans, mais je peux dire que je n’ai pas être en bio, en biodynamie… C’est un travail quotidien pour faire le mieux possible pour le consommateur. » Avec par exemple des travaux pour réduire les traitements des vignes par le cuivre.
Indiquant ne pas aimer ce « métal lourd qui n’est pas bon pour les sols ni les cours d’eau », Hubert de Boüard évoque des essais alternatifs, avec des algues contre le mildiou. Mais ces tests ne sont pas autorisés en bio, « c’est là que la route est étroite. On commence un nouveau chemin pour se passer de cuivre. »
En attendant un vignoble sans cuivre, le chai de la propriété va accueillir de nouvelles cuves. Des travaux conséquents sont en cours pour doter le château d’un nouvel outil de production. Après avoir été précurseur avec ses cuves tronconiques inversées (pour gagner en surface d’extraction), le château Angelus passe à la mode du gravitaire (les nouveaux chais doivent être finalisés début 2025). L’objectif est de gagner en toucher de tannin pointe Hubert de Boüard, notant que le style des vins a toujours évolué à Bordeaux pour répondre aux demandes et évolutions du marché. Marqué par les cours de son professeur d’œnologie bordelais, Émile Peynaud, le vinificateur plaide pour la préservation de la balance acide/sucre, le gain en finesse, le travail sur la réduction… Et l’accessibilité des grands vins dès leur jeunesse.
* : « Angelus est aujourd’hui l'un des plus importants vignobles de son appellation » indique un communiqué de la propriété.
** : Mise à jour du 3 juin, suite à l'alerte d'un lecteur, l'indication erronée sur la certification de la propriété a été retirée, le château le confirmant.
Hubert de Boüard se souvient d’un déjeuner à Londres en 2006 avec les familles Broccoli et Wilson produisant les films James Bond. Faisant remarquer à Barbara Broccoli l'absence de vins rouges dans la série depuis le château Lafite Rothschild 1959 dans Dangereusement vôtre (1985), le vigneron a fait émerger de fil en anguille l'idée d'une apparition du château Angelus. Rédhibitoire, le prix nécessaire a un tel placement le rend impossible. Après la visite des studios anglais de Pinewood avant le tournage de Casino Royale, Barbara Broccoli lui annonce aimer l'idée de deux familles tout simplement amies. Les vins d'Angelus seront présents à titre gracieux, en échange de leur fourniture.
