almené dans l’épopée judiciaire du classement de Saint-Émilion de 2012, le château Angelus arrête les frais pour la révision de 2022. Premier grand cru classé A depuis 2012, la propriété « retire sa candidature au prochain classement » annonce un communiqué ce 5 janvier, précisant que si « le classement de Saint- Émilion a longtemps été un formidable outil d’émulation collective qui a permis de promouvoir efficacement l’appellation [ses conséquences financières] en ont fait la cible d’un système de dénigrement ayant culminé avec de nombreux recours en justice ».
Si le cru classé a brillé dans les derniers films de James Bond, il a également défrayé la chronique judiciaire par l’implication de sa famille dans la vie syndicale bordelaise. Désormais dirigé par Stéphanie de Boüard-Rivoal, le château Angélus était piloté par Hubert de Boüard de Laforest lors du classement de 2012. Copropriétaire du grand cru classé château Angélus et consultant pour sept propriétés candidates, ce dernier exerçait des missions de service public (présidence de l’AOC Saint-Émilion et membre du comité permanent vin AOC de l’INAO, Institut National de l’Origine et de la Qualité) pendant la rédaction du règlement du classement 2012 (suite à l’annulation judiciaire de celui de 2006). la juridiction déboutant en 2016 contre les écrits sur le sujet de la journaliste Isabelle Saporta (Vino Business) puis condamnant en 2021 à 60 000 € d'amende pour "prise illégale d'intérêt".
Personnellement visée dans ces démêlés judiciaires, la famille de Boüard note également que le classement de 2022 est d’ores et déjà poursuivie en justice par deux propriétés (avec succès, comme le révélait récemment Vitisphere). « De source de progrès, le classement de Saint-Émilion est devenu vecteur d’antagonisme et d’instabilité » note château Angelus, qui « en prend acte et quitte ce système en se retirant du classement de 2022 ». La propriété est ainsi le troisième grand cru classé A à faire défection au nouveau classement de Saint-Émilion, après les châteaux Ausone et Cheval Blanc.
« Nous ne pouvons que prendre acte de cette décision, motivée par des raisons personnelles notamment en raison de la condamnation récente faite à Hubert de Bouard » réagit Jean-François Galhaud, le président du Conseil des Vins de Saint-Émilion, ajoutant que « d’un point de vue collectif, nous ne pouvons que regretter cette décision même si, n’en doutons pas, cela ne changera en rien l’engagement de ce château et de ses équipes au sein de notre appellation ». Concernant les deux recours contre le classement cours d'examen, Jean-François Galhaud ajoute que « si des propriétés ont attaqué en référé le classement 2022, c’est parce que leurs dossiers ont été jugés irrecevables par l’INAO qui pilote l’ensemble de la procédure. Cela démontre tout l’intérêt porté par tous les châteaux postulants à participer à ce prochain classement. A l’heure de l’élaboration du classement 2022, il nous appartient de nous tourner vers l’avenir et de respecter le travail important mené par l’INAO afin de permettre à ce classement révisable d’être un formidable outil de challenge, d’émulation et de modernité.»
Aux dernières nouvelles, la commission de l'INAO dédiée au classement 2022 poursuit ses travaux pour finaliser un classement avant l'été.