ace aux mesures de confinement mondial, le report des dégustations en primeur du millésime 2019 fait office de rendez-vous manqué dans le vignoble bordelais. Mais « les grands millésimes l’ont toujours prouvé, ils trouvent des consommateurs dans le monde entier » pose résolument Stéphanie de Boüard-Rivoal, la directrice générale du château Angélus (premier grand cru classé A de Saint-Émilion). Dans une situation de mise à l’arrêt, la copropriétaire d’Angélus note que « dans un contexte "classique", 2019, qui est un grand millésime, devrait bénéficier d’un grand "potentiel commercial". La période que nous traversons modifie radicalement la donne à l’instant présent mais nous ne doutons pas qu’il s’agit d’un décalage dans le temps et donc d’un report pour sa mise en marché dans des conditions adaptées. » Restant combative, Stéphanie de Boüard-Rivoal estime que la campagne des primeurs 2019 n’est pas forcément perdue corps et biens. Pour la réussir, « il s’agira simplement de bien appréhender les conditions de mise en marché ainsi que la période idéale ».
Cette confiance dans le potentiel commercial du millésime 2019 s’appuie sur des notes de dégustation prometteuses. « Le merlot donne à notre vin une trame opulente et multidimensionnelle avec un fruit éclatant, tandis que nos cabernets francs lui apportent fraîcheur et tension. L’assemblage des deux devrait être un kaléidoscope aromatique, avec une longueur et une tension remarquables » résume Stéphanie de Boüard-Rivoal, ajoutant que « la robe est d’une intensité brillante, presque violine. D’un point de vue aromatique, c’est un vin d’une grande pureté : fruits noirs, cerise sauvages… En milieu de bouche, nous avons des tannins d’une incomparable douceur. La finale, quant à elle, portée par des cabernets francs de grande qualité, est par sa longueur, son intensité, son équilibre et la richesse de ses nuances comparable à un feu d’artifice. »


Pour son deuxième millésime de conversion en agriculture biologique, Angélus a connu une campagne viticole en deux temps climatologiques : « arrosé et humide pour la première partie de l’année suivi par un été très sec. Seuls les sols pourvus en argile et en calcaire ont permis à la vigne de ne pas s’arrêter et de mieux résister à cette sécheresse. C’est un millésime qui se caractérise surtout par les types de sols et l’alimentation en eau dont ont pu bénéficier les vignes » explique Stéphanie de Boüard-Rivoal. Qui souligne que « les pluies du 18 septembre ont été salutaires et ont permis la reprise de la maturité avec une détente des peaux et des tanins ».
Quant aux dates et modalités de présentation de ce millésime, « il est trop tôt pour répondre précisément, même s’il est évident qu’un décalage est à prévoir » conclut la gérante d’Angélus.