our le système des primeurs, « cette année est charnière » estime Stéphanie de Boüard-Rivoal, la directrice générale adjointe du château Angélus (premier grand cru classé A de Saint-Emilion). « Bordeaux a vraisemblablement tiré sur la corde, avec des prix hors marché. Dans de nombreux cas, les vins achetés en primeurs n'ont pas vu leur prix s'apprécier à la livraison. Parfois, ils se sont même dépréciés ! Il y a une dizaine d'années une centaine de marques pouvaient être appréciées avec un achat en primeur. Aujourd'hui, il n'y a qu'une quinzaine de châteaux qui le justifient. » Une petite équipe où le château Angélus estime avoir toute sa place.
Après une phase de flottement, la campagne des primeurs 2014 s'est véritablement lancée la semaine dernière. Et les prochains jours devraient voir défiler une ribambelle de sorties. « Il ne faut pas hésiter à attendre quand la campagne est lente à démarrer. Mais, nous ne sommes pas attentistes ou suiveurs » explique Stéphanie de Boüard-Rivoal. Annoncée ce 29 avril, la sortie à 210 euros de la bouteille d'Angélus sera clôturée ce 6 mai. Et en moins d'une semaine, la propriété s'enorgueillit d'avoir écoulé 95 % de ses allocations : une reconnaissance du repositionnement de la propriété, explique la fille d'Hubert de Boüard de Laforest (copropriétaire du château Angélus).
Avec son classement A en 2012, le château avait non seulement sorti une bouteille commémorative, mais aussi augmenté sa valeur faciale de 30 %. « Alors que le marché était sur une tendance baissière. Cela n'a pas forcément été accepté par la grande majorité de nos acheteurs » reconnaît Stéphanie de Boüard-Rivoal. Après une légère diminution pour le millésime 2013, le prix du 2014 est revenu au niveau du 2012. « C'est une phase de consolidation pour un statut somme toute récent » explique-t-elle.
La propriété applique désormais une stratégie de mise en stock et de distribution plus sélective, notamment afin de rééquilibrer marchés. « Il est sûr que le millésime 2010 d'Angélus a fait les frais du tropisme asiatique. Les volumes vendus étaient démesurés » se souvient Stéphanie de Boüard-Rivoal. « Désormais, on se rapproche d'un tiers en Asie, un tiers aux Etats-Unis et un tiers en Europe. Comme l'ensemble des bordeaux, nous sommes en retard sur les marchés américains et traditionnels. »
En 2014, le château Angélus produira 100 000 bouteilles de son premier vin (contre 65 000 en 2013).
[Photo de Stéphanie de Boüard-Rivoal : Château Angélus]