u bulot ! En visite ce samedi 27 avril à la foire aux bulots de Pirou (Manche), le premier ministre, Gabriel Attal annonce 14 nouvelles « mesures complémentaires pour soutenir les agriculteurs et renforcer la souveraineté alimentaire française » indique un communiqué de Matignon reprenant les 67 « engagements déjà formalisés le 26 janvier 2024 » et complétées le premier février.
Ces nouvelles mesures promettent notamment un « soutien à la trésorerie grâce à Bpifrance à hauteur d’au moins 100 millions € en accordant directement des prêts de trésorerie pouvant aller jusqu’à 75 000 € et en garantissant des prêts de banques commerciales allant jusqu’à 200 000 € pour les exploitations traversant des difficultés » et « une baisse de la taxe sur le foncier non-bâti [NDLA : TFNB, avec un dégrèvement passant de 20 à 30 % sur le projet de loi de finances 2025] et une amélioration du fonctionnement de la dotation pour épargne de précaution » (DPE, avec en cas de sinistre climatique ou sanitaire une exonération de 30 % pour sa réintégration dans le résultat fiscal et social de l'exploitation). Le chef du gouvernement annonce aussi « une modification de l’arrêté de 2021 simplifiant les dérogations pour les projets de retenues hydrauliques » pour l’accès à l’eau, « une amélioration des retraites agricoles à travers la prise en compte dès 2026 des 25 meilleures années »…
Mais rien de neuf dans l’immédiat pour la filière vin, qui réclame depuis des mois la mise en place de stockage privé, d’une aide aval… Au-delà des dispositifs transversaux*, Matignon rappelle la mise en place de « mesures d’urgence » avec le déploiement par les préfectures d’un fonds de 80 millions € dans 27 départements pour le volet conjoncturel, tandis que sont lancés des travaux sur « des mesures structurelles pour recalibrer le potentiel de production (restructuration différée avec arrachage temporaire ou arrachage sans replantation) » avec une enveloppe de « 150 millions € sur deux ans pour 2024 et 2025 en complément des financements européens de la PAC » (Politique Agricole Commune).
Mais à Bruxelles, « pour l'instant, la Commission Européenne n'a reçu aucune demande de la part d'un État membre, ni sur le stockage privé, ni sur l'arrachage temporaire ou la restructuration différenciée des vignobles » indiquait récemment à Vitisphere un porte-parole.
Alors que l’Assemblée Nationale va étudiée dès ce mardi 30 avril le projet de loi d’orientation pour la souveraineté agricole et le renouvellement des générations en agriculture, le gouvernement souhaite en finir avec le chapitre de la fronde agricole du début 2024**. Au final, les 81 mesures « viennent clore le travail complémentaire demandé par le Président de la République à l’ouverture du Salon international de l’agriculture 2024 » annonce Matignon. Emmanuel Macron a en effet marque les esprits, par ses déclarations inattendues sur le prix plancher ou l’erreur administrative, mais sa promesse de rencontre avec les filière courant mars ne s’est pas concrétisée, laissant dans le flou ces annonces. Sur BFM TV ce samedi 27 avril, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau annonce que les choses devraient évoluer : « dans les prochains jours, le président de la République, non pas pour la question de la crise elle-même, souhaite, et il a raison, montrer la perspective et la vision qu'il a pour l'agriculture. Je pense que les agriculteurs sont en quête de sens. Qu’est-ce que veut la société au fond. » Alors que la date du jeudi 2 mai est évoquée, Marc Fesneau valide que « c’est bien que le président de la République donne un cap ». Au bulot !
* : Par exemple la « mobilisation des banques pour des reports d’annuités et la mise en place de prêts de trésorerie à des taux bonifiés » ou le « lancement d’un plan d’accompagnement de l’agriculture méditerranéenne, avec une enveloppe de soutien de planification écologique de 50 millions € (accompagnement adaptation au changement climatique, évolution des filières locales) ».
** : Dans leur communiqué de réaction, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs revendiquent le lancement d’une « nouvelle phase » à leur initiative après les aides d’urgence afin de « provoquer un "changement de logiciel" en matière de politique agricole ». Concernant les nouvelles annonces, les deux syndicats majoritaires annoncent qu’ils feront « preuve de vigilance sur leur concrétisation rapide et complète ».