errine party, pâtés croûtes des chefs, apéro-tapas asiatiques... Cette année, en plus d'offrir le déjeuner du lundi à tous les visiteurs, les 240 vignerons de Bien Boire en Beaujolais ont multiplié les événements autour de la gastronomie tout au long du salon, qui se tenait les 7 et 8 avril.
Nul besoin de ces stratagèmes pour attirer les visiteurs professionnels, qui étaient 1700 inscrits en amont et autour de 2500 sur place (comme l'an dernier). Mais pour ce salon, porté par six associations de vignerons accueillant simultanément sur quatre sites, cela a aidé à mieux répartir les flux de visiteurs. Cela a aussi fourni la preuve par le goût que les vins du beaujolais se dégustent en toute occasion et peuvent faire bon ménage avec la haute cuisine. « Sur BBB, on trouve des profils très variés correspondant à tous les profils de consommateurs et tous les moments de dégustation, appuie Elisa Guérin, vigneronne sous la bannière Beaujoloise et présidente de BBB. Les vins frais et fruités prisés par les bars à vins coexistent avec des vins de garde plus « sérieux », plus complexes, qui peuvent accompagner un repas gastronomique. »
Les importateurs, grossistes, cavistes et restaurateurs qui ont défilé « ne recherchaient pas un profil de vin en particulier, confirme Guillaume Striffling, vigneron président de l'association Beaujo'styles. Ils ont une clientèle diversifiée qui recherche un peu de tout, donc ils goûtent de tout. BBB a cet avantage de refléter la diversité de ce que l'on sait faire, que l'on ait 2 ha ou 40 ha. »
Les styles qui se complètent coexistent souvent au sein d'un même domaine. Comme chez Jonathan Buisson, de l'association Biojolab, qui présentait sa gamme facile d'accès aux étiquettes pimpantes et aux noms explicites (« la croquante », « la baraquée ») à côté des cuvées parcellaires mettant en avant des lieux-dits.
Quelques mètres plus loin, Mathieu Collonge, du domaine de la Roche, constatait que dans toute sa gamme, les deux vins aux styles les plus éloignés rencontraient le plus de succès. « Globalement, les vins du beaujolais plaisent, en France comme à l'international, témoigne-t-il. Les clients disent apprécier le côté frais, fruité, facile à boire, et le rapport qualité-prix. Beaucoup de choses bougent dans le bon sens en beaujolais. Mais il faut que l'on continue à bien travailler ! »
« On a tous conscience qu'on a remonté le niveau qualitatif mais on doit faire attention, approuve Jean-François Pegaz, du domaine Baron de l'écluse, membre de Beaujol'art. Pendant deux ans on a eu des récoltes petites et très qualitatives, donc c'était l'euphorie, mais la récolte 2023 a été plus abondante et un peu plus hétérogène. »
Dans les rangs du salon, un grossiste parisien confirme : « Le beaujolais résiste assez bien, mais il faut faire attention car il commence à y avoir pas mal de volume... » La plupart des vignerons de BBB ont des productions assez modestes et des clients assez fidèles pour rester optimistes.
« J'ai retrouvé ses clients habituels et ils commandent autant que d'habitude, mais ils comparent les prix avec l'an dernier », reprend Jean-François Pegaz. Déjà certifié HVE3 et en troisième année de conversion bio, il constate aussi que l'intérêt des acheteurs pour les labels verts ne se dément pas – « et en plus, ils veulent souvent venir voir au domaine comment on travaille! »
Que ce soit pour observer les pratiques des vignerons ou passer du bon temps, les prestations oenotouristiques ont en effet le vent en poupe. Certains visiteurs se sont rendus sur BBB spécialement pour cela. « Le beaujolais attire des touristes mais pour de très courts séjours : on pourrait gagner une nuitée en leur proposant une activité oenotouristique », explique Suzanne Cezeyriat, secrétaire d'un club d'entreprises touristiques du beaujolais. Mettre en relation les vignerons avec les acheteurs professionnels, mais aussi les autres acteurs du beaujolais : voilà la grande force de BBB. «C'est un salon de promotion des vins du beaujolais et de la région, résume Elisa Guérin. L'esprit BBB, c'est la mutualisation de la clientèle de chacun des domaines. C'est aussi un super temps d'échanges entre vignerons, qui participe à l'émulation. Tout le monde cherche à monter en gamme, chacun à sa manière. Et les clients s'intéressent de plus en plus à nos différents terroirs, à la carte des sols, à nos pratiques. Or plus ils comprendront, plus ça favorisera la montée en gamme du beaujolais. »