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Latour et Yquem animent la place de Bordeaux, sans la dérider avant les primeurs 2023
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Grands crus
Latour et Yquem animent la place de Bordeaux, sans la dérider avant les primeurs 2023

Ni emballés ni déprimés, les négociants de grands crus de Bordeaux semblent apathiques après les sorties des deux premiers crus classés en 1855 et avant une campagne des primeurs 2023 de tous les dangers où l'on entend des appels à baisser les prix de 30 % par rapport à 2022 ou à revenir aux niveaux de 2019..
Par Alexandre Abellan Le 29 mars 2024
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Latour et Yquem animent la place de Bordeaux, sans la dérider avant les primeurs 2023
Miroir d’eau pour la place de Bordeaux : on y réfléchit beaucoup… Sous la brume. - crédit photo : Adobe Stock (wjarek)
C

e n’est plus la fête, mais ce n’est pas encore la gueule de bois pour la place de Bordeaux. Si les signaux sont optimistes pour la semaine des primeurs 2023 (avec une affluence de professionnels conséquente attendue du lundi 22 au jeudi 25 avril), les retours sont mitigés sur les deux dernières sorties de premiers grands crus classés en 1855 ayant marqué la place de Bordeaux cette fin mars. À contre-courant des primeurs, ont été mis en marché ce 19 mars le millésime 2017 à 420 € HT du château Latour (famille Pinault, Artémis Domaines) et ce 21 mars à 300 € HT le millésime 2021 du château d’Yquem (famille Arnault, groupe LVMH). Soit des prix stables par rapport aux dernières sorties (2015 pour Latour, qui saute momentanément le millésime 2016*, et 2020 pour Yquem)

Pour Latour, « toutes les allocations sont confirmées à Bordeaux. Le bilan est positif, même s’il est partiel » réagit Jean Garandeau, le directeur commercial d’Artémis Domaines, qui reconnaît des « situations hétérogènes selon les marchés. La période est peut-être plus compliquée selon les canaux de commercialisation, la Chine étant moins dynamique que les États-Unis et la Grande-Bretagne. » Plateforme anglaise suivant le marché secondaire des vins fins, Liv-Ex confirme que « selon les marchands britanniques, Latour fut un succès, et certains des plus grands acteurs de ce marché en particulier ont vendu la totalité de leurs allocations ».

Nuances

L’agence de conseil stratégique Wine Lister est plus nuancée pour Latour, rapportant que « même si la stratégie de prix n'était en aucun cas polémique, les retours du marché sont mitigés : un vendeur britannique de premier plan rapporte de meilleures ventes que l'année dernière, tandis qu'un autre nous a informé que même si son entreprise pensait que le prix était correct, les consommateurs n'étaient pas aussi réceptifs. » Sur la place de Bordeaux, on entend que si Latour a vendu toutes ses allocation de 2017 en bénéficiant de la volonté de ne pas perdre l’accès, et les allocations, aux futurs millésimes plus recherchés (les 2016, 2018, 2019 et 2020), les ventes sur les marchés ne sont cependant pas à la hauteur.

Sans être un succès éclair, la mise en marché d’Yquem se passe bien : « ce n’est pas l’excitation, mais ça a bien été travaillé en amont » résume un négociant. Yquem est en effet salué pour son initiative d’accompagnement promotionnel de son nouveau millésime sur les marchés, avec un véritable tour du monde de ses équipes, mais les prix proposés sont finalement supérieurs à ce qui est disponible sur le marché avec des millésimes plus cotés.

L’équipe d’Yquem doit être saluée pour sa bienveillance à l’égard de la distribution

Pour Wine Lister, « il existe encore une certaine disponibilité du 2020 sur le marché, en dessous de son prix de sortie initial, ainsi que du 2017, avec de meilleurs scores, à peu près au même prix que ce 2021. Alors qu'Yquem a fidélisé à sa marque d’importants collectionneurs de grands vins du monde entier et a enregistré une qualité exceptionnelle en 2021, un négociant britannique nous dit que cela n'avait toujours pas de sens en termes de prix, avec des millésimes meilleurs notés disponibles pour environ le même prix. » Sur la place de Bordeaux, « Yquem est aussi apprécié car les mises en marché des précédents millésimes ont été très bien accueillies et revendues, l’équipe d’Yquem doit être saluée pour sa bienveillance à l’égard de la distribution » pointe un autre négociant.

-30 % attendus pour les primeurs 2023

Alors que de premiers appels à la modération de la propriété dans ses prix des primeurs 2023 émanent du négoce, Latour et Yquem ne peuvent pas être des signes annonciateurs de quoi que ce soit, étant des premiers crus classés sortis du système habituel. Pour Wine Lister, « d'après les résultats exclusifs de notre prochaine étude bordelaise (à paraître sur le site Wine Lister début avril) : les 58 principaux acteurs du commerce international que nous avons récemment interrogés estiment que le millésime 2023 devrait bénéficier en moyenne d'une remise de -30 % sur le prix par rapport 2022 ».

Les prix doivent baisser, au moins, jusqu'au niveau des 2019

« Il est encore tôt et donc difficile de se prononcer sur le succès de ces sorties et sur la façon dont elles peuvent laisser présager la prochaine campagne en primeur de 2023 » pose Liv-Ex, notant que « les négociants sont assez nerveux quant aux primeurs 2023. Le marché est fragile et ne peut pas absorber des vins trop chers. Le sentiment des professionnels est que les prix doivent baisser, au moins, jusqu'au niveau des 2019 pour réussir une bonne entrée sur le marché. »

 

* : « Depuis 2013, nous commercialisons les vins après plusieurs années de maturation dans nos caves pour proposer des vins plus prêts à boire, même s’ils ont encore des capacités de vieillissement » pointe Jean Garandeau, qui pointe qu’en 2024 il a été choisi de ne pas suivre l’ordre chronologique en préférant sortir le millésime 2017 au 2016. « En mettant côte à côte 2016 et 2017, on s’aperçoit que 2017 est très charmeur, alors que 2016 est un millésime structuré et racé qui a besoin de plus de temps pour s’assagir. La décision a été prise de les intervertir » explique le directeur commercial, balayant l’idée qu’un millésime 2016 plus coté aurait dû être plus cher, ce qui n’est pas adapté à une période d’inflation : « il y a des arguments pour et contre. Pour certains, dans un marché compliqué ce sont les millésimes exceptionnels qui sont les plus porteurs. Nous avons choisi sur le vin. Le contexte n’a pas guidé le choix. »

 

"Le marché appréciera sans doute l'effort supplémentaire déployé par l'équipe d'Yquem pour faire déguster ses vins auprès des professionnels internationaux et prendre le temps de raconter l'histoire du millésime. C'est certainement une chose dont les châteaux qui lancent des primeurs devraient s'inspirer, à la fois avant et après les sorties" note Wine Lister. Photo : Alexandre Abellan.

 

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Tous les commentaires (5)
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Arthur Le 16 avril 2024 à 04:45:24
Les négociants achètent ce qu'ils vendent ? Certainement pas pour les GCC , là ils prennent leur allocation annuelle et point barre. Pour les bons Bordeaux , Côtes, Médoc, Graves et Satellites, ça fait longtemps qu'ils achètent APRES avoir vendu.
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augustin Le 08 avril 2024 à 08:41:11
cher darius on veut bien vus croire mais attendons pour voir les prix de sortie du millésime 2023 , le pourcentage de baisse et les volumes mis sur le marché ... aux dernières nouvelles tel second cru annoncé une augmentation de 40 % du prix unitaire et une baisse de 40 % du volume de l allocation , histoire de ne pas impacter la treso negoce 24 :^( ...Et arrêtons de prétendre que le négoce achète les bouquets de leur propre chef: souvent ils n en ont pas vraiment le choix et se retrouvent ensuite "tankes"avec des vins moyens achetés bien trop chers , tout le monde le sait bien ,et on en déplore les effets notamment pour les petits châteaux au bon rapport qualité prix (et qui compte tenu de cetre situation ne trouvent toujours pas preneurs ...) Le 2021 acheté bien trop cher par rapport à une qualité moyenne est un bon exemple du problème posé par un portage de trop du stock gcc par le négoce bordelais. Les taux remonte et ce portage devient compliqué économiquement, ce qui occasionné des prix de revente en dessous des cours d achat initial pour garder son allocation et reconstituer du cash.Il faut être fou pour admettre de pérenniser ce système, qu il faut changer vite et bien dorénavant.
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DARIUS Le 01 avril 2024 à 10:27:42
Augustin arrêtez de nous jouer la révolution française les brioches et Marie Antoinette. Les négociants achètent ce qu'ils vendent ou stockent les vins sur lequel ils espèrent faire une plus value. Et la situation actuelle n'est pas favorable aux crus classés. La revue V et S dans son numéro du 12 janvier signale des reventes à perte sur de jeunes millésimes. Dans le même temps beaucoup de crus classés cherchent des capacités de stockage. La baisse de prix des grands crus est clairement enclenchée. Nous pouvons nous réjouir de cela car l'image des crus classés fait l'image de Bordeaux. Et cette baisse va ancrer dans la tête du consommateur l'idée que l'achat de vins de Bordeaux constitue une bonne affaire.
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augustin Le 30 mars 2024 à 08:35:27
bonjour à tous , toujours sur le sujet des primeurs bordelais millésime 2023 ... un des sujets permanents d étonnement pour les observateurs extérieurs du monde du vin bordelais c est la coexistence de deux mondes qui s ignorent : l aristocratie des grands crus et la majorité des sans dents .On comprend aisément ce superbe isolement de la part des aristocrates vis à vis des manants .Et on reste eberlue par l inertie de ces derniers qui hésitent à franchir les grilles dorees de la Place, pour en troubler le fonctionnement bien huilé pour un meilleur partage du gateau (qui jusqu a present leur est de moins en moins favorable ). Le petit peuple ne se comportait pas différemment à Versailles durant le 1er semestre de l année 1789 ... on connaît la suite :^( 235 années après les mêmes causes pourraient elles produire les mêmes effets ? en tous cas la brioche ne suffira plus ...La confrontation a venir entre nouvelle intersyndicale et civb promet d être brutale car chacun joue sa survie 2024 ... Étonnemment , les odg , les crus bourgeois , les crus artisans et les caves coope ou encore le grand cercle sont toujours en retrait , respectant l omerta que seuls à ce jour mm cousiney pour viti 33 et lacombe egalim ont osé transgresser .Il est vrai que tous deux partagent le même historique récent : ils ont vendu leurs domaines respectifs et par conséquent reconquis leur liberté de penser , les veinards :*)
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augustin Le 29 mars 2024 à 10:27:08
si le degré de nervosité des négociants se mesure à leur refus d acheter quoi que ce soit dans la gamme intermédiaire, alors oui ils sont nerveux voitre très nerveux.Et ceci se répercute directement sur le niveau de trésorerie des petits châteaux. Et apparemment cela ne va pas s arranger en avril mai. Sauf changement subit de la donne le 8 avril après réunion civb et intersyndicale viti chez m le sous préfet, on va probablement beaucoup entendre parler de la crise viticole bordelaise de ce printemps été 24. A ce jour les parcelles ressemblent pour leur majorité à des champs de salades ...
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