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Soupe à la grimace pour les mises en marché de vins étrangers sur la place de Bordeaux
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Soupe à la grimace pour les mises en marché de vins étrangers sur la place de Bordeaux

Automne amer pour les négociants bordelais qui encaissent un nouveau revers commercial pour la vente de grands vins avec les sorties internationales de septembre après la campagne mitigée des primeurs 2022.
Par Alexandre Abellan Le 13 octobre 2023
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Soupe à la grimace pour les mises en marché de vins étrangers sur la place de Bordeaux
L'afflux de vins étrangers peu connus mais très ambitieux dans leurs tarifs a accentué la déconnexion entre l'offre pléthorique de la place de Bordeaux et la demande limitée des marchés. - crédit photo : Adobe Stock (ivoderooij)
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Mêmes causes, mêmes effets ? Comme pour la campagne des primeurs 2022 de Bordeaux ce printemps, la mise en vente des vins étrangers par la place de Bordeaux ce mois de septembre laisse un goût de rendez-vous raté : la déconnexion reste totale entre les prix ambitieux généralement proposés et la capacité du marché à les absorber alors que l’économie mondiale hoquète, que les taux d’intérêts bondissent et que le marché des vins fins déborde de volumes disponibles à moindre coût. Habituée à réussir ses campagnes de mise en vente des vins étrangers sans difficulté, les négociants bordelais ont d’autant plus la gueule de bois que de nombreuses marques inconnues ont ajouté à la cacophonie cet automne. « La concurrence entre cabinets courtage et négociants est féroce, poussant à l’augmentation de l’offre pour se démarquer. Mais les acheteurs n’ont pas répondu face à de plus en plus de vins qui ne sont pas tous connus » décrypte anonymement un connaisseur de la place, relevant que « toutes les mises en marché ne sont pas allés jusqu’au bout… »

A l’heure du bilan, « les résultats ont été très mitigés, de nombreux négociants déplorant le volume élevé de vins relativement inconnus proposés à des prix irréalistes » confirme la dernière analyse de la place de marché britannique Liv-Ex, constatant un calendrier de sortie dense (jusqu’à cinq lancements par jour) et rapportant que « dans l'ensemble, les réactions des professionnels sont désabusées : les bénéfices réalisés ne justifient pas le temps et les efforts equis par l'intensité du rythme de la campagne et les prix demandés. Les collectionneurs privés n'étaient pas seulement peu intéressés, mais nombre d'entre eux se sont tout simplement désabonnés du flux d'offres envoyées par courrier électronique. » L’assurance des propriétés d’avoir un millésime en or dans leurs mains n’a pas convaincu le marché de suivre les prix proposés, donnant l’impression d’explosion de bulle spéculative.

Ni le temps ni l'espace pour les commercialiser avec soin

« Le climat socio-économique d'aujourd'hui a inévitablement conduit les acheteurs de vins fins à resserrer les cordons de leur bourse (à l'exception d'un petit groupe qui n'est pas affecté par la macroéconomie) - réduisant ainsi la demande tout au long de l'année, et plus particulièrement lors des campagnes au cours desquelles plusieurs cuvées clés sont commercialisées en une seule fois » analyse Tara Albini, la directrice marketing de l'agence de conseil Wine Lister, indiquant que le ressenti des acheteurs britanniques est unanime, comme pour les primeurs 2022. Rapportant des hausses de prix plus modérées que celles observées en primeur (environ +5 % par rapport aux sorties 2022, quand les primeurs 2022 sont en hausse de 20 % par rapport à ceux 2021), Wine Lister rapporte que pour un marchand spécialisé ce désamour s’explique par « une campagne désormais trop saturée » et disparate où des cuvées sont « diffusées en l'espace de deux semaines », impliquant qu’« il n'y a ni le temps ni l'espace pour les commercialiser avec soin. On nous dit que cette réalité n’est pas propice à des tactiques de vente approfondies, ce qui amène les équipes commerciales à se concentrer sur une seule référence par jour qu’elles sont sûres de bien vendre. »

Trois facteurs de succès

Notant que le marché des vins « a changé de cycle en juillet/août 2022 (après 18 mois exceptionnels post-covid, le marché a atteint un pic et la demande a commencé à se contracter) », le négociant Rolland Coiffe (à la tête du négoce éponyme, basé à Quinsac) pointe trois facteurs de succès pour une sortie de grands vins sur la place de Bordeaux : « la qualité de la distribution, la cohérence du positionnement marque par rapport au marché et les volumes disponibles. » Un cocktail qui a été réuni pour certaines sorties réussies hors Bordeaux (comme Solaia et Almaviva) et à Bordeaux (avec château Latour, Petit Cheval Blanc, Y d’Yquem…). « La désirabilité ne se décrète pas, elle se travaille tous les jours » ajoute Roland Coiffe. Après le râteau quasi-généralisé des primeurs 2022, comment la place de Bordeaux n’a-t-elle pas pu prévenir ce loupé des mises en marché des vins étrangers ?

Pour Liv-Ex, « l'accueil mitigé réservé aux primeurs 2022 aurait dû être un bon indicateur des conditions difficiles du marché : dans de nombreux cas, la promesse d'un millésime exceptionnel n'a pas suffi à résister aux fortes augmentations de prix appliquées par de nombreux domaines. » Directeur des échanges pour Liv-Ex, Justin Gibbs précise que « Bordeaux 2022 était un grand millésime qui n'a pas réussi à se vendre à la hauteur de son potentiel pour la simple raison qu'il était surévalué. Mais comme 2021 l'était aussi. » Pour l’expert anglais, « la même erreur, mais avec des vins moins connus, a été commise cet automne. Dans les deux campagnes, ceux qui ont pris en compte le prix inférieur au prix de millésimes comparables échangés librement sur le marché secondaire et qui ont commercialisé leurs vins en tenant compte de ce prix inférieur au prix de marché se sont bien débrouillés, malgré les vents contraires qui soufflaient sur l'économie. Ceux qui ne l'ont pas fait n'ont pas réussi à se vendre, malgré la qualité de leur offre. »

Ayant enchaîné deux campagnes difficiles à mener, la place de Bordeaux se retrouve désormais face à elle-même pour réfléchir aux adaptations qui s’imposent. Encore lointaine, la campagne des primeurs du printemps 2024 pour le millésime 2023 s’annonce moins pléthorique en quantité et moins exceptionnelle en qualité, ce qui peut être une carte à jouer pour revenir dans le marché de consommation.

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Tous les commentaires (4)
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augustin Le 28 avril 2024 à 04:45:32
6 mois après la parution de cet article sommes désormais fin avril et à la veille des sorties primeur du millésime 2023 les négociants espèrent une forte baisse de la part des grands crus et les petits châteaux l appréhendent : en % pour les premiers , il reste de quoi vivre alors que la même réduction pour les seconds les force à tangenter leur prix de revient voire aller largement en dessous ! Egalim ,plan de trésorerie d urgence et niveau pge bpi leurs ont entre-temps tous trois été promis il est vrai et ce en début de salon de l agriculture par monsieur le président de la République lui meme . Mais certains esprits simples commencent à douter de la véracité des ces promesses . "En même temps ", on peut les comprendre , tant le silence radio sur ces 3 sujets se fait pesant ...Si les cours continuent à baisser et les prix de revient à augmenter les trésoreries vont être mises à l épreuve et le moral des petits châteaux va plonger. Sans oublier le petit négoce qui lui aussi a du mal à financer le portage du stock 21 et 22 . Préfet et patron du civb continuent à réfléchir depuis le 8 avril et la réunion avec l intersyndicale tandis que les assigations cordier et castel ont été lancées contre les producteurs sortis du rang. Silence assourdissant à Bordeaux.
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augustin Le 13 octobre 2023 à 16:05:11
Et pourtant lesdits vins étrangers beneficient d une étonnante franchise fiscale ...puisque non éligibles à la cvo du civb , apres verification ! Un peu comme les filiales des gafa travaillant en France et ne payant pas d impôt sur les sociétés... Sauf que dans le premier cas c est le civb lui même qui renonce à percevoir cette cvo ...alors que pour les gafa , c est bien malgré Bercy que l impôt n est pas payé... Mais il est vrai que la filière bordelaise du vin est déjà tellement prospere et sa part de marché rellement insolente à l international que ce petit cadeau s imposait aux yeux des elus de l interprofession , en faveur de l élite non bordelaise...dont une bonne partie en fait est détenue par certains crus bordelais déjà bien placés... On croit rêver , et , décidément , est ce que ce monde est sérieux ? Espérons que ce sujet s invitera lui aussi à l agenda de la réunion du collectif viti 33 du 17, en attendant le feu vert " imminent " de Bruxelles sur les subventions d arrachage réputé " sanitaire " ...
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La rédaction Le 13 octobre 2023 à 08:49:07
Bonjour MG, Merci pour votre alerte, la coquille est corrigée. Bonne journée
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MG Le 13 octobre 2023 à 08:21:30
@ la rédaction : une petite erreur dernier paragraphe : Encore lointaine, la campagne des primeurs 2023 s?annonce moins pléthorique en quantité et moins exceptionnelle en quantité
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