menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Oenologie / Dernières avancées sur l’arôme poivré des vins
Dernières avancées sur l’arôme poivré des vins
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Recherche
Dernières avancées sur l’arôme poivré des vins

De la rotundone dans le grenache, l'impact de l'eau et des UV, un potentiel effet inhibiteur sur les maladies : le projet Pepper Your Wine a permis de faire progresser les connaissances sur la rotundone.
Par Amélie Bimont Le 20 mars 2024
article payant Article réservé aux abonnés Je m'abonne
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
Dernières avancées sur l’arôme poivré des vins
Olivier Geffroy, chercheur à l'école d'ingénieurs de Purpan, présente les nouvelles avancées des recherches sur la rotundone - crédit photo : Amélie Bimont
D

epuis sa découverte en 2009 par des chercheurs australiens, le Sud-Ouest a largement participé aux travaux de recherche sur la rotundone, la molécule responsable de l’arôme poivré des vins.

C'est encore le cas avec le projet Pepper Your Wine initié en 2021 et financé par la région Occitanie et de nombreux acteurs du sud-ouest dont le groupement de producteurs Plaimont. La fin de ce projet était l'occasion pour Olivier Geffroy, chercheur à l’école d’ingénieurs de Purpan, de partager les dernières avancées en la matière à la maison des vins de Gaillac. Ce jeudi 29 février, ils étaient une trentaine, principalement acteurs du projet, à venir pour mieux comprendre cette molécule et tenter d’en maximiser sa concentration dans les vins.

De la rotundone dans le grenache

« La concentration en rotundone de 18 cépages régionaux a été analysée en 2021 à 40 jours après la véraison » déclare Olivier Geffroy. Première surprise : certains cépages pourtant connus pour leur production élevée tel que le gamay ou le grüner vetliner, n'en contenaient pas. « Nous en avons retrouvé dans le fer, le duras, le tardif, mais aussi dans le grenache, dans lequel on ne s’attendait pas du tout à en avoir » explique-t-il.

En s’intéressant de plus près aux gènes et enzymes spécifiques de la rotundone dans le tardif, les chercheurs ont identifié et séquencé des allèles capables de produire de l’alpha-gaiène, le précurseur de la rotundone. « Pour avoir des vins poivrés, il faut donc que le cépage possède le potentiel enzymatique mais également qu’il soit positionné dans des conditions environnementales favorables » déclare Olivier Geffroy, ce qui pourrait expliquer les concentrations retrouvées dans le grenache, situé dans sa limite climatique de culture et qui pourrait, dans ces conditions, lui permettre d’exprimer ce caractère poivré.

L’eau et les UV favorisent l’accumulation de rotundone

« On soupçonnait l’éclairement d’avoir un impact positif sur la biosynthèse de la rotundone donc on s’est intéressé à l’impact du rayonnement UV sur la production de rotundone » explique le chercheur.

Pour ce faire, des cals – des amas de cellules indifférenciées – ont été exposés aux UV grâce à un nouveau système à LED permettant de générer différentes longueurs d’ondes et d’émettre des signaux lumineux modulés. « Boxilumix permet de choisir la longueur d’onde sans stresser le végétal » précise Christine Roynette, présidente d’Asclepios Tech. « Il nous a permis de multiplier par 10 la quantité de sesquiterpènes sans impact de la durée de traitement ». Les chercheurs ont également constaté qu’apposer un film anti-UV pénalisait l’accumulation de la rotundone.

l’éthylène a également permis d’augmenter la concentration en sesquiterpènes

Une autre observation réalisée au vignoble a elle aussi pu être confirmée : l’apport d’eau stimule l’expression de trois gènes candidats qui interviennent dans la voie de biosynthèse de la rotundone. 

Enfin, l’exposition des cals à l’éthylène a également permis d’augmenter la concentration en sesquiterpènes. « Et si l'on ne peut pas utiliser d’éthylène au vignoble, on peut cependant utiliser son précurseur, l’éthéphon, utilisé dans le Sierra pour l’éclaircissage chimique ». Un levier potentiel qui permettrait d'augmenter les concentrations en rotundone au vignoble pour Olivier Geffroy.

Un lien entre rotundone et maladies

« On avait déjà remarqué que l’on avait plus de rotundone sur les baies touchées par l’oïdium. On a donc cherché à savoir s'il y avait des interactions entre cette molécule et les champignons responsables de maladie » explique Olivier Geffroy.

la rotundone et son précurseur freinent le développement du champignon

Sur le Botrytis, les chercheurs testent une pulvérisation de différentes concentrations d’alpha-gaiène et de rotundone. « On a une meilleure croissance du champignon lorsque l’on ajoute de la rotundone ou de l’alpha-guaiène, comme si l’ajout de ces molécules stimulaient la croissance du Botrytis » déclare Olivier Geffroy.

En revanche, c’est l’inverse pour le Black Dead Arm et le mildiou : la rotundone et son précurseur freinent leur développement. "Pour l'oïdium, nous constatons un phénomène d'hormèse c'est-à-dire, un effet protecteur favorable du précurseur de la rotundone" explique Olivier Geffroy. Sans pourvoir expliquer clairement les liens entre rotundone et maladies, les chercheurs estiment que la rotundone et l’alpha-gaiène peuvent avoir des effets stimulants ou inhibiteurs, et à l'inverse, les maladies peuvent elles aussi avoir un impact sur la concentration en rotundone.

L’anosmie à la rotundone d’origine génétique ?

Mauvaise nouvelle : si vous êtes anosmique à la rotundone, vous risquez de le rester. « Aujourd’hui, 20 à 25% des personnes sont incapables de détecter la molécule. Les perceptions sensorielles du vin peuvent donc être vécues différemment en fonction des personnes » explique Olivier Geffroy.

 les panélistes n’ont pas progressé, ce qui irait dans le sens d’une origine génétique

« Nous avons donc cherché à exposer quotidiennement un panel de personnes anosmiques à la rotundone pendant un mois pour savoir si cette exposition pouvait améliorer leur niveau de sensibilité » explique Olivier Geoffroy. « Malheureusement, les panélistes n’ont pas progressé, ce qui irait dans le sens d’une origine génétique de cette anosmie. Nous allons sans doute travailler dessus ».

Pour le moment, les chercheurs s’attèlent déjà à la suite du projet baptisé "Aromagique", financé par Toulouse INP, qui devrait désormais permettre de définir l’impact du collage sur la rotundone, qui semble avoir une forte affinité avec les solides. Une nouvelle piste pour tenter de maximiser sa concentration dans les vins !

 

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Tous les commentaires (1)
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous
Loïc Breton Le 20 mars 2024 à 21:42:47
Olivier Geffroy a t il analysé la concentration de rotundone dans le cépage Carmenere. Ce cépage présente un goût poivré qui le distingue des autres cépages. Ce cépage bien implanté dans le Nord est de l Italie a été dénommé Cabernet Franc par les agronomes lors de la présence française au début du 19 eme siècle .
Signaler ce contenu comme inapproprié
vitijob.com, emploi vigne et vin
Gironde - CDD Château de La Rivière
Vaucluse - CDI PUISSANCE CAP
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Oenologie
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé