oins de volume pour plus de valeur. Telle est résumée la stratégie engagée par l’organisation interprofessionnelle des vins d’Afrique du Sud (Wines of South Africa). « Premiumiser » est en effet le premier mot que prononce Sioban Thompson, directrice générale de Wines of South Africa rencontrée à l’ouverture de cette édition 2024 du salon Prowein, pour définir la stratégie engagée par la filière sud-africaine sur le marché mondial. « Nous produisions historiquement des vins d’entrée de gamme, mais pour différentes raisons, sécheresses, aléas climatiques…, nous produisons aujourd’hui beaucoup moins de vins qu’auparavant, nous les avons donc engagés dans une stratégie de meilleure valorisation à l’export », poursuit la dirigeante de l’organisation interprofessionnelle sud-africaine.
Des 5,2 millions hl de vins exportés par l’Afrique du Sud en 2013, il ne reste dix ans plus tard que 3,1 millions hl qui sont expédiés à l’étranger. « Nous nous sommes efforcés de proposer des vins en mesure de satisfaire tous les types de consommateurs, et pas seulement ceux qui cherchent des vins à bas prix comme auparavant », poursuit Sioban Thompson. Malheureusement, il ne suffit pas de le vouloir pour pouvoir vendre des vins plus chers, et les producteurs sud-africains ont engagé une forte mutation qualitative pour exister sur les différents segments du marché mondial. « C’est évidemment passé par une reconnaissance dans les classements et notations de prescripteurs internationaux, pour dire au monde ce que nous faisons de bien, mais également par le développement de divers signes de confiance et de qualité sur nos bouteilles », développe la directrice de Wines of South Africa.


90 % des producteurs exportant des vins apposent aujourd’hui sur le col de leurs bouteilles ‘the seal’, un label gouvernemental garantissant autant l’origine et la traçabilité des vins (depuis la parcelle), obligatoirement mis en bouteille en Afrique du Sud, que le respect de normes de durabilité et de respect environnemental. Existant depuis près de 50 ans, ce label intègre cette dimension environnementale et durable depuis une dizaine d’années. « Nous sommes fiers de cet engagement mais c’est un travail énorme de le faire comprendre aux consommateurs d’autres pays », reconnaît la directrice, « tout autant que l’engagement éthique de notre production, faisant de nous le plus grand producteur mondial de vins labellisés commerce équitable ». Près de 70 % des vins sud-africains sont labellisés FairTrade.
Outre la qualité, l’Afrique du Sud fait donc le pari de l’engagement social et environnemental pour apporter de la valeur à ses vins, « car c’est ce qui peut faire la différence pour qu’un vin qui vaut intrinsèquement 10 € soit bien valorisé à 10 € par le consommateur et non pas 7 € à cause de l’image historique à bas prix de nos vins », valide Sioban Thompson. D’importants efforts de formation de winemakers, sommeliers et opérateurs issus de la communauté noire sont également engagés pour rendre la filière viticole sud-africaine plus inclusive.


Sur un marché mondial où la déconsommation de vins rouges se fait fortement ressentir, le pays dispose également d’un atout non-négligeable grâce à sa production majoritaire de vins blancs. « Nous n’abandonnons pas notre production de vins rouges, qui connaissent une forte réorientation vers des profils frais et légers, mais nous sommes indéniablement un pays exportateur de vins blancs », pose la directrice de Wines of South Africa. Chenin, chardonnay, sauvignon sont les fers de lance d’une production qui développe de plus en plus ses identités régionales de terroir, à l’image de Stellenbosch, Le Cap… Depuis quelques années, le ‘Old vine project’ a été lancé pour réhabiliter et valoriser des vignes de plus de trente-cinq ans, dont les surfaces sont majoritairement plantées en chenin blanc (52 %), encourageant par ricochet des pratiques durables et la reconnaissance internationale des vins qui en sont issus.
Si la stratégie de valorisation s’oriente vers de nombreux leviers, l’Afrique du Sud doit néanmoins composer avec la difficulté majeure de dévaluation de sa monnaie. « Notre business model nous impose de pouvoir investir pour poursuivre cet engagement qualitatif, mais nous sommes fortement dépendants de matières premières et intrants qui proviennent e l’étranger et qui, à cause de notre faible monnaie, pèsent lourd dans nos coûts de production », décrit Sioban Thompson, « d’autant que dans le même temps l’inflation mondiale ne nous a pas permis de passer plus que 3 à 5 % d’augmentation des prix de nos vins à l’export ».