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"On est parfois passé deux fois en 48 h" une réactivité à toute épreuve pour lutter contre le mildiou en bio
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Retour d'expérience
"On est parfois passé deux fois en 48 h" une réactivité à toute épreuve pour lutter contre le mildiou en bio

Trois vignerons bio du quart sud-ouest racontent comment ils ont réussi à contenir le parasite malgré les pressions exceptionnelles de 2023. Leur secret : une réactivité à toute épreuve.
Par Clément L’Hôte Le 27 février 2024
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Benjamin Deffarge, cogérant avec son frère Quentin du Château Moulin Caresse, 39 ha en bio à Saint-Antoine-de-Breuilh, en Dordogne "« On a pu, à chaque fois, traiter toute la propriété en 6-7 heures, avant l’orage suivant. » Et en multipliant les renouvellements. - crédit photo : DR
B
enjamin Deffarge : "J’ai pris en compte les rosées"

Vigneron sur 39 hectares à Saint-Antoine-de-Breuilh (Dorgogne), Benjamin Deffarge cultive de nombreux cépages, dont les très sensibles merlot et malbec. En 2023, il a commencé sa protection « à 3 feuilles étalées en moyenne », avec un premier traitement apportant de 50 à 80 grammes de cuivre métal (bouillie bordelaise) selon les parcelles. « On a augmenté cette dose petit à petit en fonction de la pression, allant jusqu’à 400-450 g lorsque la menace était la plus forte. » Le tout en étant très réactif. « On a pu, à chaque fois, traiter toute la propriété en 6-7 heures, avant l’orage suivant. » Et en multipliant les renouvellements. « Pour être dans les temps, on a traité de nuit, le week-end, ou pendant les vacances si nécessaire. On a la chance d’avoir assez de chauffeurs, entre les salariés et la famille, pour le faire. On est passé deux fois en 48 heures parfois ! » Pour déclencher les traitements, le vigneron a bien sûr surveillé les cumuls de pluie, mais aussi l’humidité. « On compte une rosée du matin comme un cumul de 2 à 3 mm. C’est très important d’ajouter ça aux précipitations. Certains modèles peuvent sous-estimer les risques car ils ne prennent pas en compte ces rosées. »
Avec les appareils à jet porté de l’exploitation, « on commençait par traiter toutes les parcelles en passant un rang sur deux, à environ 6 km/h, pour s’assurer que tout soit fait. Notre soufflerie, assez puissante, nous le permettait. S’il restait du temps, on repassait dans les rangs restant pour obtenir du face-par-face. Dans ce cas, les merlots étaient prioritaires. » Autre astuce : « Augmenter le débit sur la zone des grappes. J’utilise des abaques pour ça. » Bilan de la saison : quinze passages (le dernier à véraison) et de bons résultats. « Le feuillage n’était pas indemne mais on a sauvé la récolte, avec presque aucune perte. C’est satisfaisant. »

Sylvain Galand : "Mon jet porté m’a sauvé"

Vigneron sur 36 hectares à Cestarols (Tarn), Sylvain Galand porte une attention particulière à ses cépages sensibles, « le merlot et le mauzac sur grappes, et le gamay sur feuilles ». En matière de prophylaxie, il évite tout entassement de végétation. « À la taille, je fais en sorte de bien répartir les yeux, sur mes guyots comme sur mes cordons. Je fais attention à relever en temps et en heure. Et j’enherbe un rang sur deux pour pouvoir passer le tracteur et limiter la vigueur. » Son groupe Dephy, qui dispose de modèles prédictifs, l’a aidé à déclencher sa protection à temps. « J’ai commencé par 100 g de cuivre métal quand mes parcelles les plus avancées étaient à 4-5 feuilles étalées, en ajoutant l’adjuvant Heliosol pour que la bouillie adhère bien. Puis j’ai augmenté petit à petit les doses. » D’ordinaire, le vigneron peut atteindre 300 g de cuivre métal au pic de sensibilité. « Mais, cette année, j’ai vu dès le début que ça partait très mal. J’ai donc préféré mettre des doses un peu plus faibles – environ 200 g de cuivre métal au maximum – mais plus fréquentes en ayant des cadences plus resserrées. » Son rythme moyen : « Un passage tous les cinq ou six jours », et toujours de nuit. « Je commençais à 20 h 30 environ, et il me fallait à peu près 14 heures pour traiter tout le parcellaire, ce que je faisais d’un coup pour éviter les pluies. Ce qui m’a sauvé, c’est l’appareil, un jet porté Ideal supra. Il a une grosse soufflerie, la plus puissante que j’ai trouvée. Ça m’a permis d’aller jusqu’à 10 km/h. » Sylvain Galland a finalement terminé sa saison avec 14 traitements et « presque pas de pertes, hormis sur 1 hectare de Mauzac situé dans des bas-fonds, où j’ai perdu de 5 à 10 % de la récolte ». Si ce type de saison venait à se reproduire, « je serais prêt techniquement mais, humainement, je ne sais pas… »

 

Jean-Baptiste Lafaye : "J’ai renouvelé au bout de 24 heures s’il le fallait"

Vigneron dans l’Entre-deux-Mers, à Saint-Martial (Gironde), Jean-Baptiste Lafaye a lui aussi contenu une pression extrême sur 60 hectares, dont 30 cultivés en bio. Sa protection passe d’abord par la prophylaxie. « J’épampre régulièrement, j’évite les entassements de végétation au niveau des grappes et j’essaie de ne pas me laisser dépasser par l’herbe. » Pour déclencher la protection, il suit le bulletin publié par sa cave coopérative, tout en effectuant ses propres observations de terrain. « Je surveille le stade végétatif, l’humidité et l’apparition des premières taches sur les parcelles de référence. L’an passé dès que mes cépages les plus avancés ont atteint 3 feuilles étalées, j’ai traité toutes les parcelles qui avaient des feuilles sorties. » Il a commencé par 75 à 100 g de cuivre métal, puis est monté jusqu’à 300 à 400 g au fur et à mesure de la saison. Le tout pulvérisé avec un aéroconvecteur à voûte droite. « J’essaie de faire du face-par-face de temps en temps en passant dans tous les rangs, mais c’est très long. En 2023, j’ai réussi à le faire pendant la floraison, sur trois traitements. Mais la contrepartie est que nous avons pris du retard sur d’autres tâches. » Pendant cette période sensible, « j’ai baissé la vitesse de 8 km à 5 km/h, pour gagner en précision. Et j’ai fait appel à mon tractoriste pour m’aider à faire les traitements. C’est exceptionnel, car d’habitude je me réserve cette responsabilité. » Finalement, le viticulteur a traité « une quinzaine de fois, soit environ tous les six jours, dont certains renouvellements après 48 heures voire 24 heures ». Une campagne terminée début véraison « par sécurité ». Son bilan est « globalement satisfaisant, même sur merlots ». Seule une parcelle a décroché : « Des cabernets-sauvignons, en théorie moins sensibles, mais situés dans une cuvette humide en permanence. Je n’ai rien pu faire, j’ai perdu deux tiers de la parcelle. »

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VIG-MIC Le 27 février 2024 à 21:00:58
Avec tous ces passages, bonjour le bilan carbone! Pour obtenir le label BIO, il faudrait tenir compte de la consommation de GNR.
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