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Mildiou 2023, les raisons de la galère dans le vignoble
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Enquête
Mildiou 2023, les raisons de la galère dans le vignoble

En 2023, en Nouvelle Aquitaine 90 % des vignerons ont eu des pertes de récolte à cause du mildiou. Si la météo a joué un rôle crucial, le choix des produits et l’organisation du travail ont aussi fait la différence. Comme le démontrent les résultats de l’enquête coordonnée par l’IFV et la Chambre d’Agriculture.
Par Christelle Stef Le 01 février 2024
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Mildiou 2023, les raisons de la galère dans le vignoble
Séverine Dupin, de la chambre d'agriculture de Gironde a présenté avec Marc Raynal de l'IFV les résultats de l'enquête mildiou réalisée en Nouvelle Aquitaine et à laquelle près de 500 vignerons ont répondu - crédit photo : Christelle Stef
L

’an passé, 90 % des viticulteurs ont accusé des pertes de récolte due au mildiou en Nouvelle Aquitaine. C’est ce qui ressort de la vaste enquête réalisée par le Vinopôle Bordeaux Aquitaine, à la suite de la pression exceptionnelle du parasite en 2023. 488 vignerons y ont répondu dont une majorité de Girondins (367). 42 % des répondants travaillent en bio ou biodynamie, les autres en conventionnels.

Le merlot, cépage le plus touché

L’enquête met en évidence des dégâts variables d’un vignoble à l’autre et d’une région à l’autre. Les retours font état de pertes limitées à Cognac et dans le Médoc, mais à l’inverse nettement plus importantes dans le Sud et l’Est de la Gironde, ainsi que dans les vignobles de Bergerac et de Duras. L’enquête montre également que le merlot est le cépage qui a le plus trinqué. C’est sur ces parcelles que les vignerons ont déclaré avoir eu le plus de dégâts. « Le mildiou sur feuille est arrivé plus tôt sur le merlot que sur les autres cépages. Et les grappes de merlot ont été touchées plus tôt et plus fortement que les autres cépages », a ainsi détaillé Séverine Dupin, de la Chambre d’Agriculture de Gironde, ce 31 janvier, à Blanquefort, lors des rencontres viticoles d’Aquitaine. Comment expliquer ces attaques ? Pour le savoir, les enquêteurs ont analysé les conditions climatiques et les programmes de traitement renseignés par les répondants (132 au total).

Sur le plan climatique, l’année 2023 a été marquée par une sécheresse hivernale, un printemps pluvieux et des records de températures entre juin et septembre. Ce qui a favorisé une pousse très active de la vigne. Dans ce contexte, les enquêteurs pointent trois périodes charnières : la semaine 19 (autour du 8 mai), la semaine 21 (autour du 20 mai) et la semaine 22 (toute fin mai). « Il y a eu des premières contaminations importantes et des semaines assez pluvieuses. (…) Les pertes de rendements estimées par les répondants sont corrélées aux cumuls de pluies en mai 2023 et au nombre de jours de pluie de plus de 5 mm », a précisé Séverine Dupin. Toute faille dans la protection à ces périodes a été fatale. Comme l’a rapporté Marc Raynal, de l’IFV qui a coordonné l’enquête avec Séverine Dupin. Le technicien a regardé les taux de couverture. Et il a noté que c’est surtout entre les 1er et 7 mai (semaine 18), entre le 29 mai et le 4 juin (semaine 22) et entre les 26 juin et 2 juillet (semaine 26) qu’il y a une corrélation entre les pertes de récolte et le nombre de jours couverts. En clair dès lors que les vignerons n’ont pas pu protéger entièrement leur vigne à ces périodes, ils ont eu des pertes, plus ou moins importantes, selon le nombre de jours où ils ont été à découvert.

CMR, Stop ou Encore ?

L’enquête montre aussi que ce sont les bios qui ont le plus souffert, avec des niveaux de perte de récolte estimés à 54 % en moyenne contre 30 % pour les conventionnels. « Sur l’ensemble de la saison, le taux de protection en bio a été 30 % plus faible en AB, avec des vignerons couverts seulement un jour sur deux », a rapporté Marc Raynal. Le cuivre étant un produit de contact, moins persistant et lessivable « ils sont clairement pénalisés ». En revanche la quantité de cuivre appliquée ne semble pas avoir joué. Parmi les conventionnels, ce sont ceux qui ont fait des programmes sans CMR qui ont eu plus de dégâts (42 %). « En conventionnel, le taux de perte est décroissant en fonction du nombre de traitements CMR effectués », a indiqué Marc Raynal. Bigre ! Ce qui a fait dire à Alexandre Davy de l’IFV qu’en conventionnel « Faire des programmes sans CMR, c’était faisable tant que l’on avait le métirame. Aujourd’hui cela va être très compliqué car c’est se passer d’une partie de la pharmacopée. En 2024, il est possible que le recours aux CMR augmente à Bordeaux. C’est un choix stratégique qui peut s’entendre. Même si faire du sans CMR reste possible. Chacun fera ses choix ». Ce qui n’a pas manqué de faire réagir, notamment Thomas Solans, viticulteur à Courpiac et président du Vinopôle qui a précisé en conclusion des interventions. « Attention à ne pas reculer. 2023 a été dur. Mais il faut continuer à avancer sans stigmatiser et sans dire que les CMR c’est la solution… »

 

La réactivité, la clé de la réussite

Selon vous quelles sont les principales raisons de la réussite ? 41 % des vignerons qui ont répondu à cette question dans l’enquête citent la réactivité comme premier facteur de réussite dans la lutte contre le mildiou. D’ailleurs plus de 75 % d’entre eux traitent l’ensemble de leur parcellaire en une journée ou moins. 32 % citent l’organisation technique : choix du pulvérisateur, recours à un conseiller, organisation des travaux… et 15 % le choix des produits.

A la question « Envisagez-vous des changements ? », sur les 74 % de répondants, près de 64 % ont répondu « Oui ». Et parmi les principaux changements qu’ils envisagent : le choix des produits (diversification du nombre de matières actives, doses plus élevés…) arrive en tête (27 %), suivi de la gestion du vignoble (25 %) : diminution des surfaces, travaux en vert, prestation… et de la pulvérisation (21 %) : augmentation du volume de bouillie, rajout d’une à deux hauteurs de buses, changement d’appareil…

4,5 % des répondants ont déclaré envisager d’arrêter le bio et 3,3 % la culture de la vigne.

 

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Tous les commentaires (3)
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augustin Le 08 février 2024 à 17:16:22
bonsoir je suis surpris de noter qu aucun intervenant n ait cité ce qui se cache derrière le manque apparent de réactivité de certains châteaux : le manque de moyens financiers pardi ! quand le gérant du petit château est en bisbille avec la compta du fournisseur de gnr , avec le garage de maintenance tracteurs et avec le bureau soufflet local distributeur de produits phyto ... et qu il hésite à faire tourner son personnel de tractoristes en heures sup , c est exactement ce qui arrive ! Donc arrêtons les thèses savantes et voyons les choses en face : un viticulteur avisé mais totalement à sec de trésorerie, confronté à un accident météoen 24 comme en 23 sera contraint une fois encore de faire des choix . Encore une fois je suis surpris que ce facteur important qui est le manque de trésorerie n ait pas été évoqué par nos tetes pensantes . Oubli ou déni, je n arrive pas a trancher .
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Loïc Breton Le 02 février 2024 à 13:39:26
Cela fait 9 ans que la variété résistante Merlot existe. Elle s appelle Merlot Khorus en Europe et UD 31125 en France. Elle est bien plantée en Italie , Suisse. En France elle a été plantée et les viticulteurs ont fait que 3 traitements et sans problèmes de mildiou. Également elle est plantée à Bordeaux au domaine de la Ferrade sous la gestion du Civb. C est une solution pour combattre le Mildiou qui permet d'utiliser moins de produits et diminuer le bilan carbone. Le viticulteur diminue les IFT . Cette variété est inscrite maintenant au catalogue Français et classée définitivement au même titre que le Merlot .Au lieu d utiliser l argent public à indemniser les viticulteurs, ne serait il pas intéressant que les organisations professionnelles expérimentent cette variété qui est similaire au niveau organoleptiques au Merlot. Les viticulteurs Italiens ont choisi cette option.
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VignerondeRions Le 01 février 2024 à 20:52:17
En 1993, une homologation d'hydroxyde de Cu 500, c'était 6 kg/Ha soit 3 kg de cuivre metal pour 1 traitement. Même en BIO tu sauvais ta récolte, à 300 g c'est pas possible. Si tu divises par 10 ta dose de traitement pour ton diabète, ça va aller beaucoup moins bien.
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