omment certains viticulteurs ont fait pour s'en sortir en 2023 dans des secteurs très infestés par le mildiou ? Décryptage de quatre experts, lors d’un webinaire enregistré ce 9 janvier.
« En bio comme en conventionnel, avec ou sans produits CMR, l’essentiel était d’avoir assez de personnel et de matériel pour intervenir au bon moment, sur des fenêtres parfois très courtes, commence Olivier Dabadie, président des vignerons de Plaimont. On ne pouvait pas se permettre d’étaler un traitement sur deux jours. Il fallait protéger toute son exploitation dans la journée ».
« Pour tenter d’entretenir une solution cuivreuse efficace, nous sommes sortis tous les jours du 15 au 30 juin, même en cas de pluie. Nos coûts de production ont grimpé de 10 à 15% à l’hectare. Garder le moral a été clé » témoigne à son tour Eric Chadourne, président de l’interprofession des vins de Bergerac et de Duras.


« Ceux qui ont baissé les bras en cours de saison se sont fait prendre par le rot brun » confirme Giacomo Pinna, consultant pour l’Institut coopératif du vin (ICV) sur l’ouest de l’Aude. « Et beaucoup de ceux ayant perdu leur merlot ont perdu le reste simplement parce qu’ils ont perdu le moral et arrêté de se battre » continue Stéphane Becquet.
Concernant la gestion de l’enherbement, le directeur technique et scientifique des vignerons bio de Nouvelle-Aquitaine indique qu’il ne fallait pas tondre pendant la fleur, au pic de la sporulation du mildiou, et garder assez d’herbe pour pouvoir traiter tous les rangs. « Le mieux était d’alterner les rangs pour traiter tout le feuillage et de resserrer la cadence en réglant la soufflerie pour sécher les feuilles humides et bien appliquer les produits au niveau des stomates » confie-t-il. Pour bien protéger les grappes, certains viticulteurs ont également eu le bon réflexe de changer le débit de pulvérisation, les buses et les plastiques, et de vérifier la qualité de leur pulvérisation avec du papier hydrosensible.
La quantité de cuivre et les cadences de traitement ont dû être adaptées aux pressions localement observées, à la pluviométrie et à la vitesse de pousse. « Les vignerons qui ont réussi à contenir la maladie ont commencé à 3/4 feuilles étalées sans se limiter à 50 ou 80 grammes, rapporte Stéphane Becquet. Lors des millésimes à forte pression il ne faut pas se mettre en tête de retarder le début des traitements et de limiter les doses pour rester sous la barre des 4 kg de cuivre par hectare car les quantités nécessaires pour rattraper le mildiou plus tard dans la saison sont phénoménales. Le lissage est là pour ça ». Il conseille de commencer autour de 100 grammes, et de monter à 400 voire 500 grammes à la fleur.