i la poussière est retombée depuis, l’explosion de mildiou de juin et juillet derniers dans les vignobles du grand Sud-Ouest reste encore vive dans la mémoire des vignerons malmenés par une lutte déséquilibrée, le climat mettant une pression inédite aux calendriers de traitement. Vignerons de la région Nouvelle-Aquitaine (Bordeaux, Bergerac, Irouléguy…), mettez à profit votre mémoire encore fraîche pour partager vos expériences, positives comme négatives, de ce millésime 2023 dans l’enquête mildiou du Vinopôle de Bordeaux. Accessible en ligne ici jusqu’au 20 octobre prochain, le questionnaire doit permettre « répondre aux demandes d’accompagnement de la filière » et « d’analyser le millésime pour comprendre ce qui a provoqué les attaques de mildiou pour en tirer des conclusions et des idées d’amélioration » explique Séverine Dupin, la cheffe du département recherche et développement de la Chambre d'Agriculture de la Gironde (CA 33).
Certes, le formulaire n’est certes pas ergonomique et pratique, mais sa lourdeur va permettre de récolter suffisamment d’informations pour identifier ce qui a marché et ce qui a fait défaut dans le suivi cultural, car « le simple est toujours faux. Ce qui ne l'est pas est inutilisable » écrivait Paul Valéry, cité par Marc Raynal, ingénieur à l’Institut français de la vigne et du vin (IFV). À la recherche d’informations précises, le questionnaire demande les dates d’apparition des symptômes sur feuilles et grappes, ainsi que les estimations de dégâts, sans oublier la proximité de vignes en friche, les travaux en vert, les difficultés de positionnement des traitements, les outils de pulvérisation, les cépages par parcelle pour notamment analyser le comportement du merlot particulièrement attaqué… Et chaque répondant doit envoyer son calendrier de traitements pour que les données soient exploitables : sur 200 réponses à date, une vingtaine de questionnaires remplis sont complets. Pour analyser au mieux ces données, les techniciens ont besoin de 400 réponses.


La dernière grande enquête sur le mildiou remonte à 2015 en Gironde. Réalisé par l’IFV, ce sondage avait conclu à l’époque sur l’importance du positionnement du premier traitement rapporte Séverine Dupin, qui relève en 2023 « l’impression que l’impact climatique des orages est fort sur l’ensemble ». Actuellement, « les travaux de l’IFV montrent qu’en termes de Témoins Non Traités, la pression peu s’apparenter à celle de 2018. Là où ce mildiou était sans précédent, c’était sur les parcelles traitées, avec une explosion d’un coup fin juin » ajoute la spécialiste de la R&D. Parlant de « mildiou sous les orages », Marc Raynal pointe des symptômes apparaissant aussi tardivement que brutalement dans la saison. Au-delà de ce millésime, le chercheur prêche pour la constitution d’une enquête annuelle évaluant la performance des pratiques viticoles : « il n’existe pas d’outil pour juger de l’efficacité des programmes sanitaires » à date.
L’enquête laisse aussi un espace de libre expression aux viticulteurs pour qu’ils expriment leurs besoins : « beaucoup ont l’impression d’être dans une impasse. On est là pour les accompagner et réfléchir à ce qu’il faut travailler pour la suite » conclut Séverine Dupin, qui pointe que le mildiou reste la maladie la plus problématique à Bordeaux, en témoigne le plan mildiou de l’interprofession.
Les conclusions de cette enquête doivent être communiqués en mars 2024, lors des rencontres viticoles d’Aquitaine du Vinopôle.