e n’est encore qu’un projet, mais déjà un pas dans la porte vers l’autonomie identitaire. Réunie en assemblée générale extraordinaire ce premier février, la section Castillon de l’Union des Côtes de Bordeaux a voté à 87 % le projet de création d’une appellation Castillon en rouge et blanc sec. Soit la demande d’en finir avec la Dénomination Géographique Complémentaire (DGC) Castillon qui peut être accolée à l'appellation Côtes de Bordeaux, née en 2007 à la création de l’Union des Côtes de Bordeaux (réunissant Blaye, Cadillac, Castillon, Francs et Sainte-Foy). Le projet doit désormais être étudié par les Côtes de Bordeaux et l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO) prévient Thomas Guibert, le président de la section de Castillon, qui souhaite rester au sein de l’Organisme de Défense et de Gestion (ODG) de l’Union des Côtes de Bordeaux (permettant à ses opérateurs d’opter pour les AOC Castillon ou Côtes de Bordeaux).
« On ne sort pas, on reste dedans en portant notre projet de propre AOC. C’est une émancipation » résume Thomas Guibert, portant l’idée d’« être plus qu’une DGC et avoir notre AOC, comme on l’était par le passé ». L'INAO précise à Vitisphere qu'« en cas de demande d’accession en AOC de la dénomination géographique Castillon, conformément aux statuts de l’ODG outre le vote de la section de cette dénomination, un vote de l’assemblée générale de l’ODG Union des Côtes de Bordeaux sera requis. Un dossier de demande pourra être transmis à l’INAO à l’issue de ces deux votes. »
Créée en 2007, l’Union des Côtes de Bordeaux a abouti à la création d’une bannière collective pour les appellations Blaye, Cadillac, Castillon, Francs et Sainte-Foy, devant mentionner dès le millésime 2009 le terme "Côtes de Bordeaux". Ceci afin d’« améliorer la lisibilité des produits en apposant devant le nom de famille commun "Côtes de Bordeaux", la mention des terroirs […] valorisant ainsi la personnalité et la typicité de chacun des vins » indique le site de l’Union, rappelant que « la dénomination "Côtes de Bordeaux" transversale a initialement été créée pour les négociants pour leur permettre de créer des vins de marques, grâce à l'assemblage de vins des différents terroirs ».


Fédéral, ce système de mise en commun* n’a pas atteint tous ses objectifs pour certains de ses membres. Si cette évolution n’est pas directement liée à la crise actuelle des vins de Bordeaux (le vignoble de Castillon étant globalement épargné par les projets d’arrachages), « depuis plusieurs années on en parle, on a vu que le modèle des Côtes de Bourg qui ne sont pas venus dans l’Union n’a pas moins marché que les autres » développe Thomas Guibert, qui rapporte la difficulté d’expliquer aux distributeurs, journalistes et consommateurs un territoire aussi vaste, allant de Sainte-Foy-la-Grande à Blaye, qui limiterait la visibilité des identités particulières et restreindrait même le référencement (des acheteurs ayant l’impression d’avoir déjà une suffisante en Côtes de Bordeaux comme les dénominations se recoupent sous le nom commun). D’où le souhait de Castillon d’« être mieux identifié » en s’approchant d’une « AOC village » et en s’écartant de « cette grosse machine » qui « n’a pas rajouté de clarification » pour Thomas Guibert.
Reste désormais à voir si cette initiative d’émancipation de Castillon inspire d’autres mouvements identitaires parmi les autres Côtes de Bordeaux. Pour Blaye Côtes de Bordeaux, la question ne se pose pas, comme l'indique son président, Nicolas Carreau : « ce n'est pas à l'ordre du jour. Comme pour tout, il y a des bons et mauvais côtés. Mais nous sommes contents d'avoir le nom de Bordeaux dans notre appellation et de pouvoir mettre des moyens en commun (comme lors de Wine Paris avec un stand collectif nous permettant plus de visibilités). Nous préférons utiliser notre énergie dans la promotion et la défense des viticulteurs dans le contexte actuel. »
* : L’Union gère le volet technique du cahier des charges et la promotion à l’international, les sections pilotant la promotion nationale.