a pression vigneronne sur le négoce et la grande distribution reste forte dans les environs de Béziers. Depuis l’opération des caddies de Noël fin 2023, il y a eu des palettes brûlées sur les sites des Grands Chais de France (GCF) à la Baume et de Castel Frères à Capiscol cette fin janvier (et rebelotte ce premier février), sans oublie les annonces sur la surveillance renforcée des francisations de vin réalisées sur la zone par le préfet de l’Hérault, François-Xavier Lauch. Ce vendredi 16 février en début d’après-midi, des membres de la Fédération Départementales des Syndicats d'Exploitants Agricoles de l’Hérault (FDSEA 34) ont quadrillé les linéaires du supermarché E.Leclerc de Béziers pour chercher les produits ne venant pas de France mais pouvant créer la confusion auprès du consommateur. Le tout suivis par photographes et caméramen.
Après être passés par les rayons des fruits et légumes, puis du miel, les syndicalistes se sont arrêtés sur les vins. « Dans ce magasin, le rayon des vins étrangers est vide, avec un mot indiquant que c’est lié aux manifestations actuelles d’agriculteurs. Mais on a trouvé des vins étrangers dans le rayon des vins du Languedoc » rapporte à Vitisphere Jean-Pascal Pelagatti, responsable FDSEA 34 dans le Biterrois.


Le vigneron de Béziers pointe le cas d’un vin de pays de l’Aude de la marque Bernard Cordelier (groupe Castel) qui a pour voisin direct dans le rayon languedocien un vin de merlot de la même gamme, mais provenant d’Espagne (voir photos ci-dessous). « Ce vin n’a pas à être là, on veut bien que le client consomme des fruits et vins d’Espagne, mais qu’il le sache clairement quand il l’achète » s’agace Jean-Pascal Pelagatti, qui reproche la confusion entretenue par le négoce et la mise en rayon par Leclerc de ce vin espagnol dans le linéaire Languedoc. Le vigneron de Béziers note que d’autres comportements sont borderlines en frisant la francisation parmi les mousseux premiers prix : « la mention "produit en France" signifie seulement que la prise de mousse a été faite en France à partir d’un vin d’Espagne : il n’y a que les bulles qui sont ajoutées en France, mais le consommateur ne s’en doute pas » critique Jean-Pascal Pelagatti.
Pour le représentant de la FDSEA, la colère ne descend pas sur le terrain. Si la mise en œuvre du fonds d’urgence peut aller vite pour soutenir les trésoreries, « ça ne va pas compenser les pertes de chiffre d’affaires, on le savait, mais ça donner un nouveau souffle pour les prochains mois » souligne-t-il, demandant à l’exécutif d’accélérer la simplification des normes et l’arrêt des surtranspositions. Remuante sur fonds de rivalités syndicales apparentes (entre FDSEA et Coordination Rurale sur le versant biterrois), la zone héraultaise l’est également au niveau de Clermont l’Hérault, avec des mobilisations récurrentes de jeunes vignerons bloquant des camions pour en contrôler les cargaisons.
La mention "vin d'Espagne" est visible en haut de l'étiquette.