n annonçant lors de son discours de politique générale ce mardi 30 janvier « débloquer dans les prochains jours des moyens nouveaux avec un fonds d’urgence avant la fin de la semaine pour soutenir nos viticulteurs, particulièrement en Occitanie », Gabriel Attal, le premier ministre n’a pas apaisé la colère vigneronne qui couve depuis des mois et s’embrase depuis des semaines. Au contraire, il a attisé le mécontentement de ses représentants. « C’est clairement très déceptif » réagit à chaud Jérôme Despey, le président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer, qui regrette « un nouveau rendez-vous manqué du premier ministre » avec la viticulture. Pour le premier vice-président de la FNSEA, « il y a vraiment urgence à déployer le plan d’aide à la viticulture, tant conjoncturel avec le fond d’urgence dont il faut connaître les moyens et les détails » (la filière vin demande 80 millions €) « que structurel avec l’arrachage temporaire qui n’a pas été évoqué alors qu’on le porte depuis des mois ». Si des négociations européennes peuvent expliquer le temps nécessaire à l’aboutissement d’un arrachage temporaire, « il y aurait pu y avoir au moins une ambition* et des précisions annoncées ».
Déception partagée par Stéphane Héraud, le président de l'Association Générale de la Production Viticole (AGPV), pour qui toute la filière vin est « remontée comme une pendule ». Alors que des informations plus structurées étaient attendues, ce discours est « une non-annonce. Il n'y a absolument aucune chose nouvelle mise sur la table. Nous attendons du concret avant vendredi et la visite en Occitanie » ajoute le viticulteur de Bordeaux. Prévue ce vendredi 2 février dans le Languedoc, la venue de Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture, alimente l'impatience du vignoble pour le déploiement de mesures de soutien. « Ceux qui manifestent et sont mobilisés attendaient un message fort » poursuit Jérôme Despey, rappelant que ce plan est attendu depuis des mois : « les viticulteurs n’attendent pas des paroles, mais des actes concrets. Il faut d’urgence une clarification et une visite le plus tôt possible du ministre pour déployer le plan » alors que la situation reste particulièrement tendue sur le terrain. « Si l’Occitanie fait plus de bruit, c’est toute la viticulture qui doit obtenir des réponses : à Bordeaux, en vallée du Rhône, en Provence… » ajoute Jérôme Despey, qui appelle à concrétiser au plus vite les belles paroles.
Car plus le temps passe, plus les remèdes nécessaires seront importants pointe Stéphane Héraud, qui rappelle que la filière vin s'est dotée d'un plan stratégique nécessitant des outils conjoncturels et structurels pour être déployés. « Notre filière viticole est notre fierté, elle fait rayonner la France » indique ainsi Gabriel Attal à l’Assemblée Nationale. Mais cette déclaration doit se traduire par des actes pour la filière, qui appelle à intégrer ses vins à l’action diplomatique : dans les voyages d’Etat comme les plans de promotion export. Si la filière rayonne, elle attend d'être éblouie par le soutien du gouvernement.
* : L'objectif d'un dispositif d'arrachage temporaire actif en 2024 ayant été annoncé fin 2023 par le gouvernement.