essieurs les gouvernants,
Que vous entendez peut-être,
Depuis qu'on est manifestants.
Vous venez de recevoir
N’en faites pas vos condoléances
Sur lesquelles s’assoir.
Messieurs les gouvernants,
On ne peut plus se tuer
Pour finir pauvres gens.
C'est pas pour vous fâcher,
Il faut qu’on vous dise,
Notre dépit vire à la crise,
On est désenchantés.
Depuis nos installations,
On a vu de la dématérialisation,
On a vu des contrôles tâtillons,
Mais pas de simplifications.
Elles asphyxient de doutes,
Et se moquent qu’on se dégoûte,
Et se moquent qu’on se démoralise.
Quand on voit les factures,
On n’a plus de ressources,
On ne va plus aux courses,
Et on a de la température.
Demain de bon matin,
On ne va pas détaler,
Pas sans gagne-pain.
On mendiera notre vigne,
Sur les routes de France,
De Champagne en Provence,
Et on dira aux gens :
Refusez de nous voir mourir,
Refusez qu’on nous enterre,
Ce n’est pas testamentaire,
De nous voir bouillir.
Si notre métier reste indécent,
Allez céder le vôtre,
Vous êtes bons apôtres
Messieurs les gouvernants.
Si vous voulez aider,
Prévenez vos contrôleurs,
Qu’on n’est pas fraudeurs,
Qu’on n’est pas pollueurs,
Qu’on est juste viticulteurs,
Et qu’on sait voter.
D’après la chanson le Déserteur écrite et interprétée par Boris Vian, composée par Harold B. Berg et Boris Vian (1954).