lors que les manifestations de mécontentement agricole se multiplient en France, le premier ministre, Gabriel Attal, s’entretenait ce lundi 22 janvier avec les représentants des deux premiers syndicats agricoles en présence du ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau. Après deux heures d’échanges, Arnaud Rousseau, le président de la Fédération National des Syndicats d’Exploitation Agricole (FNSEA), pose lors d’un point presse à la sortie de Matignon que dans les campagnes « on ne se contentera pas de mots. Ce que les agriculteurs attendent ce sont des actes précis. A court terme d’abord. On attend dans la semaine des déclarations du premier ministre pour faire bouger lignes » au niveau français et des avancées européennes d’ici le salon de l’Agriculture (samedi 24 février-dimanche 3 mars à Paris) pour « la remise en cause de la logique de décroissance du Green Deal ».
Si la base agricole semble déborder ses syndicats, le président de la FNSEA annonce que « les actions se poursuivent », mais que « c’est le terrain qui commande. Il appartient aux départements de rentrer en action ». Avec un mot d’ordre : « il ne faut pas de violence, pas de dégradation. On est capable d’être plus efficace en montrant que de manière déterminée on est capable de faire durer les choses aussi longtemps que nous n’avons pas de réponses concrètes. »
« Notre responsabilité c’est de poser des actes » répond dans son propre point presse Marc Fesneau, ajoutant que l’« on partage objectivement les diagnostics. Maintenant, les agriculteurs ont besoin qu’on le traduise en actes. Le premier ministre a la volonté d’aller vite, avec de premières annonces dans la semaine ». Des « actes concrets » pour « réaffirmer une forme de confiance » reconnaît le ministre. « La confiance est un acte décisif pour avancer » réplique Arnaud Rousseau, qui a demandé au premier ministre de venir rencontrer des agriculteurs sur le terrain. Ce à quoi Gabriel Attal s’est engagé, sans plus de détail à date.
Parmi les dossiers posés sur la table de Matignon se trouvent la taxation du Gazole Non Routier (GNR), l’absence d’interdiction de phytos sans solution alternative… Et le respect de la loi Egalim en cette période de négociation avec la Grande Distribution, pour ne pas rendre négociable le prix des matières premières agricoles. Sachant que « le principe de non-intégration du vin a été fait à la demande du secteur vin. Sauf requête de sa part, ce n’est pas à l’Etat de le modifier unilatéralement » indique le cabinet de Marc Fesneau à Vitisphere.


Dans l’immédiat, « on a besoin d’actions très concrètes. Tant qu’il n’y a pas une réception optimum par les agriculteurs [des annonces], il n’y aura pas de levées des actions menées sur le terrain. On ne se contentera pas de mesurettes » poursuit Arnaud Rousseau, qui face aux annonces de simplifications demande d’abord à savoir ce qui sera retiré : « la simplification est un serpent de mer. Pour y croire il faut dire ce que l’on fait sauter. Nous proposons une remise sur le GNR dès l’achat du carburant. » Un message entendu par Marc Fesneau : « s’il y a simplification, il faut que l’on retranche et pas que l’on ajoute. C’est souvent ce que l’on a vu dans les exercices précédents. »
Mais habitués à recevoir de belles promesses de simplification, les agriculteurs en général et vignerons en particulier ne croient pas à la possibilité d’une simplification administrative. Pourquoi le choc de simplification annoncé se concrétiserait-il cette fois ? « Je pense que le plus simple sera de juger sur pièces : il y a eu un engagement fort, les actes parleront » indique le cabinet de Marc Fesneau.


Autre engagement, que le projet de loi d’orientation agricole qui aurait dû être présenté ce mercredi 24 janvier ne soit pas décalé sine die. « Le texte de loi d’orientation agricole est repoussé non pas pour reculer, mais pour aller plus loin. C’est une question de semaines » annonce Marc Fesneau. C’est une ligne rouge pour Arnaud Gaillot, le président des Jeunes Agriculteurs : « nous sommes d’accord pour prendre un peu de temps pour intégrer les sujets de simplification. Mais pas question qu’il y ait des mois de retard. Nous avons besoin de mesures fiscales pour la transmission, nous avons besoin de formation… »
Le vignoble a également besoin d’annonces sur son fonds d’urgence ou l’arrachage différée, mais le cabinet Marc Fesneau précise qu’il ne divulguera pas les annonces du ministre avant son déplacement du vendredi 2 février dans l’Hérault.