1 heures, ce jeudi 11 janvier : courtiers, négociants, viticulteurs se pressent sur le site de Saint Romain que détient la coopérative Bordeaux Families (300 adhérents, 5000 ha de vignes) à Sauveterre de Guyenne, en Gironde. Tous ont été conviés à découvrir la nouvelle unité de désalcoolisation pour la production de vins No et Low alcool de ses marques existantes, opérationnelle depuis le 4 décembre dernier. François Lasportes, embauché il y a six mois en tant que responsable de la nouvelle unité, fait un point rapide sur cette unité de désalcoolisation par distillation sous vide, qui peut désalcooliser partiellement ou totalement 250 hl de vin par jour. La coopérative a investi 2,5 millions d’euros (dont 15 % de subventions) dans cet équipement pour désalcooliser ses vins mais aussi ceux d’autres producteurs en prestation de services. La coopérative veut profiter de cette matinée pour montrer combien elle sait s’adapter et se diversifier, en misant notamment sur les crémants : « Nous devons nous adapter sans cesse aux nouvelles tendances de marché, et élargir notre portefeuille de produits aux changements de consommation » répète Phillipe Cazaux, directeur de Bordeaux Families. La coopérative qui produit 7 millions de cols (vins tranquilles et crémants) est impactée par les difficultés de la filière : « le rouge reste un marché très compliqué. Nous élaborons moins de 35 % en rouge sur notre production contre 62 % en 2018 » lâche-t-il. Alors il n’est pas mécontent d’entrainer l’assistance vers la zone où sont élaborés les crémants, qui a bénéficié d’un investissement de 2 millions € en 2023 pour répondre à l’effervescence du crémant. Avec 2, 5 millions de cols commercialisés en 2023, la coop est le premier producteur de crémants de Bordeaux.
L’assistance est conviée à déguster les No et Low alcool. En préambule, un peu de pédagogie autour des vins sans alcool. Pour bien &ncrer le propos rien de tel que de déguster un... Crémant ! Philippe Cazaux tout sourire, plante le décor : il y a dans le monde 4, 75 milliards d’individus qui ne boivent pas d’alcool. Comment les toucher ? Et d’indiquer que le sans alcool est en pleine expansion : +7 % en 2022 et +11 % en 2023.
Puis il interroge : peut- on réduire en alcool la teneur d’un Bordeaux blanc rosé ou rouge ? Oui elle peut l’être de 20 % au maximum. Et pour un vin de France ? La teneur peut être réduite jusqu’à 0 %. Peut-on aromatiser un vin de France partiellement ou totalement désalcoolisé ? Oui mais il entre dans une autre catégorie de produits et la mention "Vin de France" ne pourra donc être mentionnée sur l’étiquette. Les vins désalcoolisés se conservent ils ? En bouteilles DLUO obligatoire mais aucun problème de conservation. Chacun écoute religieusement.


Place à la dégustation de six produits No Low alcool : un IGP Atlantique "Les voiles de l’Atlantique" en rouge, blanc et rosé (9 degrés d’alcool) et un "Sauveterre" 0 degré, sans alcool en blanc rouge et rosé. Dans l’assistance, un négociant fait la moue : « Bon, ça ne vaut pas un bon Pomerol » murmure-t-il dubitatif. « T’exagères, c’est plutôt bien fait. C’est pas mal » lâche son voisin. Bref, il y a encore du pain sur la planche.