vis de recherche : mais où donc est passé le négoce ? Il faut être attentif pour le voir sous ses couches d’attentisme… Sachant que le black Friday semble quotidien pour le prix du vin en vrac ! Crise oblige, le négoce sera évidemment au cœur des banderoles et slogans de la manifestation vigneronne de ce samedi 25 novembre à Narbonne (RDV 14h30 sur la place de la mairie). Dans le vignoble girondin, il est au cœur des espoirs autant que des regrets : son absence devient l’éléphant dans la pièce tragique se jouant à Bordeaux. Là où les manifestants audois se mobilisent et revendiquent collectivement (arrachage temporaire, préretraite, prospection export, revalorisation des cours…), les producteurs girondins semblent résignés dans leur individualisme (entre fin de distillation sous-dimensionnée et début de plan d’arrachage qui en annonce d’autres).
Après un millésime 2023 éprouvant (mildiou, sécheresse, vers de la grappe…), la production s’enfonce dans les difficultés de trésorerie les poussant à anticiper sur certaines parcelles des coûts sur le cycle viticole supérieurs à ce que d’hypothétiques ventes en vrac pourraient leur apporter. Se pose un dilemme épineux pour tout vigneron attaché à sa terre : faut-il attendre que ça passe comme les cycles précédents, ou faut-il anticiper en réduisant par l’arrachage ses surfaces devenues disproportionnées (face aux marchés et aux capacités de trésorerie, y compris pour la main d’œuvre salariale/saisonnière) ? Vaut-il mieux que le millésime 2024 coûte un bras ou arrêter les frais en se coupant un bras ? Subissant en premier la crise des déconsommations et dévalorisations du vin rouge, le vignoble de Bordeaux pourrait connaître un arrachage d’ampleur cet hiver. À laisser la situation se dégrader au-delà du soutenable sans intervenir autrement qu’en achetant à prix cassé et en remettant en cause des contrats passés non retirés, « le négoce suit une mauvaise stratégie. Il va y avoir un fort effet de balancier, qui va partir très loin. Les volumes et surfaces vont chuter très vite » prévient Jean-Samuel Eynard, le président de la Fédération Départementale des Syndicats d'Exploitants Agricoles de Gironde (FDSEA 33). De quoi renverser les équilibres, du trop-plein au trop peu ? Seuls ceux qui tiendront le sauront...
Reste l’avis de recherche : mais où donc est passé le négoce ? Selon certains témoins, on l’aurait vu prospérer en Champagne, à Cognac… Des bassins où la cogestion entre production et commerce sous-tend toute la stratégie interprofessionnelle, comme on le relève parmi les négociants de la filière ne voulant pas porter seuls l’ampleur de la crise actuelle. Le défi n’est pas mince, mais charge aux vignerons de devenir leurs propres négociants. Nombre de caves coopératives en ont déjà pris la voie rétorqueront certains. Dans certains vignobles, on entend qu’un négociant est un vigneron qui a réussi… Ou qui sait compter selon le niveau de sarcasme du négociant interrogé.