ouraine-Oisly va passer un cap. Ses vignerons viennent de signer avec le Conseil Régional un contrat "Filière locale" : 145 400 € sur 4 ans. Une aide plus que bienvenue pour un programme d’actions visant à pérenniser la production et le vignoble, face au changement climatique et à l’approche de départs à la retraite parmi les exploitants.
Née en 2011 et regroupant une dizaine de vignerons, cette dénomination géographique de l’AOC Touraine a su hisser ses sauvignons sur le haut de gamme de l’appellation, avec un élevage long, un rendement limité à 60 hl/ha et une dégustation à l’aveugle systématique en commission avant mise en marché. « Deux vignerons ont renoncé à faire du Oisly car ils n’étaient pas au niveau techniquement », confie Dominique Barbou, le président du syndicat.
« Nous ne serons jamais nombreux dans la dénomination et nous avons atteint une certaine maturité, nous avons nos marchés. Il nous faut désormais assurer l’avenir et accueillir des jeunes pour renouveler les générations », explique Lionel Gosseaume, vigneron engagé en Touraine-Oisly depuis toujours et actuel président d’InterLoire.
Avec le soutien financier de la Région, le syndicat compte notamment renforcer l’adaptation des exploitations au changement climatique (stations météo, formations sur la lutte anti-gel et anti-grêle, étude biodiversité, pilotage économique face aux risques d’aléas…). « Il nous faut aussi approfondir nos connaissances sur nos sols, notamment pour leurs réserves hydriques et afin de mieux adapter notre matériel végétal, souligne Lionel Gosseaume. Nous allons lancer une étude terroirs, d’un montant de 80 000 €, avec le service technique d’InterLoire, qui en financera une partie, tout comme le Conseil régional. Nous pourrons ainsi cartographier 575 ha de nos terroirs, dont la qualité pour le sauvignon est déjà reconnue par plusieurs spécialistes internationaux ».
Les vignerons et vigneronnes de Touraine Oisly vont aussi travailler leur communication afin de développer la notoriété de ce petit vignoble du Loir-et-Cher (55 ha revendiqués, 1 400 hl mis en marché en 2022). « Une agence va nous accompagner sur du story-telling, des argumentaires marketing ciblés selon nos marchés, une nouvelle identité visuelle », explique Sandrine Delobel, vigneronne à Ouchamps. Commercialisés à l’export (40% des volumes), à la propriété, et chez des cavistes, les Touraine Oisly séduisent aussi en restauration. « Ces vins sont très équilibrés, ni secs ni trop floraux. Ils rivalisent avec les Sancerre et ont un rapport qualité prix exceptionnel », déclare Sabine Ferrand, restauratrice près de Blois.
Les Touraine-Oisly se vendent à des prix plus élevés que les Touraine blanc génériques. Mais objecte Lionel Gosseaume, « la valorisation reste encore inférieure à ce qu’elle pourrait être avec la qualité de nos terroirs ».