our sa deuxième édition, la grande dégustation Village des Villages à Lyon a investi les célèbres Halles Bocuse. Ce lundi 6 novembre, les 22 appellations des Côtes du Rhône Villages et Villages nommés avaient donné rendez-vous aux acheteurs du circuit tradi au restaurant Chez les Gones. Au milieu de planches et tapas de spécialités locales, quelques 80 cuvées de rouge, blanc et rosé étaient offertes à la dégustation, présentées par une trentaine de vignerons, coopératives et négociants.
Le soir, 201 amateurs s'étaient inscrits pour participer à une dégustation simple (15 €) ou à une masterclass (25 €).


Parmi les 164 professionnels inscrits, Emmanuel Buniazet, caviste à Yssingeaux (43) spécialisé dans la Vallée du Rhône, cherche « des vins à personnalité ». Ce qui est le cas, selon lui, des appellations Villages. « Ce sont aussi des vins fins et travaillés, à des prix abordables, estime-t-il. Mais ils ont peu de notoriété : pour beaucoup de clients, le terme "villages" sonne au contraire comme péjoratif ! Il faut beaucoup les expliquer. »
« Ces vins ont besoin d'être compris », acquiesce Raphaël Pommier. Ce vigneron venu représenter l'appellation Saint Andéol apprécie d'avoir le temps, sur cet événement, d'expliquer ses vins et ceux de ses collègues. Sa cuvée élaborée en musique mérite un vrai récit. Comme les autres vins de cette minuscule appellation (68 ha en production) dont les protagonistes se présentent comme « artistes vignerons ». « Dans un village, on n'est pas anonyme, on se rencontre, résume-t-il. Les Côtes du Rhône Villages nommés proposent de rencontrer des identités diverses. »
Certains sont bien identifiés des professionnels comme du grand public, mais qui connaît Rousset-les-Vignes ? « Sur 300 ha potentiels, seuls 18 ha sont revendiqués : le reste est vinifié en Côte du Rhône, notamment par les caves coopératives », indique Marie Ros, du domaine de la Bouvaude, qui en revendique 12. « N'étant pas connu, nous devons beaucoup expliquer nos singularités comme notre position tout au nord, à 400 m d'altitude et nos sols très sableux. »
Suze-la-Rousse est un village plus connu grâce à l'Université du Vin qu'il abrite. « Mais l'appellation est assez récente (2016) donc on augmente progressivement la production pour ne pas déséquilibrer le marché, indique Olivier Salles, vigneron président de la cave coopérative La Suzienne. Cela permet aussi de resserrer la sélection sur les vins les plus qualitatifs. » Seuls 225 ha étaient revendiqués en 2022 sur une aire d'appellation de 2 600 ha... La prospection engagée récemment sur la région lyonnaise vise à élargir les marchés pour cette appellation « mariant le côté chaleureux des Côtes du Rhône à la finesse de notre terroir ».
Croissance des volumes
« La dynamique est bonne, résume Vincent Dessalles, co-président de la commission Villages nommés. Certaines bien établies comme Plan de Dieu ou Sablet progressent peu, d'autres récentes comme Vaison la Romaine ont une croissance à deux chiffres. Le potentiel de progression est énorme puisqu'à l'échelle des 22 appellations, seule la moitié des 17 000 ha est revendiquée. Certains préfèrent vinifier en Côte du Rhône à cause des restrictions de cahier des charges, ou pour élever la qualité de leurs Côtes du Rhône en y mettant leurs meilleurs terroirs. »
L'évènement de 2022 a déjà eu des retombées directes. C'est là que Christophe Jas, grossiste en vins et caviste à Heyrieux (38), a été séduit par un vin de Séguret qu'il a référencé et qui a plu. « Les Côtes du Rhône Villages apportent de l'originalité à une offre de plus en plus uniforme, juge-t-il. Dans les villages on va trouver des profils divers, authentiques, parfois rustiques. La Syrah et le Grenache se marient bien à la gastronomie lyonnaise, et les prix sont plus abordables que les crus. Et en tant que caviste, on a plein de choses à raconter car derrière chaque appellation, il y a un village et une histoire méconnus. »
« Nous souhaitons aller vers plus de blancs pour répondre à la demande croissante des consommateurs, indique Vincent Dessalles. Pour l'instant, seuls une dizaine de villages peuvent en produire. Nous souhaitons à la fois qu'ils augmentent leur part de blancs et que davantage de villages puissent en produire. » Les souhaits des différents villages seront fédérés en 2024 pour déposer des demandes à l'Institut National de l'Origine et de la Qualité (Inao) en 2025.