ci, le chenin et le cot voisinent avec de nouveaux venus en Loire : du floréal, de la syrah et du viognier. Deux cépages venus du Sud et une variété résistante pour permettre à l’IFV Centre Val de Loire d’évaluer leurs comportements face au changement climatique et à la pression sanitaire. Dans cette vigne d’un hectare, préfigurant ce que pourrait être la viticulture du futur, les chercheurs de l’Institut ont mis en place le projet RedClim (Red, pour réduction des phytos, et Clim pour le changement climatique), en y intégrant plusieurs leviers. Les différents cépages ont été plantés en 2020 sur le porte-greffe 1103 paulsen, connu pour sa résistance à la sécheresse, et selon deux densités différentes, faible, avec des vignes en 3 m X 1,2 m, et haute, à 1,5 m X 1m.
« Le sol a été travaillé en inter-rang en haute densité et on va y semer des couverts végétaux. En basse densité, le sol est travaillé en traction équine. Les matériels n’existent guère pour les inter-rangs larges, et cela nous permet d’étudier l’effet du travail avec cheval sur le sol », explique Mélissa Merdy, directrice de l’antenne amboisienne de l’IFV. La parcelle RedClim fait aussi la part belle à la flore spontanée, aux plantes mellifères. Elle est dotée de nichoirs à chauve-souris et elle est bordée d’une haie là où des habitations font face à la vigne. « Ce projet a pour but d’évaluer plusieurs pistes de solutions face aux contraintes de l’urbanisation, au changement climatique et à la nécessité de réduire les intrants, notamment en étudiant l’effet de la biodiversité », résume Mélissa Merdy.
Et sur ce volet biodiversité, la parcelle se distingue par son originalité puisque les vignes ont été complétées il y a quelques mois de trois rangs de pommiers d’espèces locales, Pépin de Bourgueil, Gros Locard et Belle fille de l’Indre. 57 arbres au total, installés entre des blocs de vignes. Des relevés de biodiversité vont être établis. Actuellement, l’équipe de l’IFV d’Amboise procède aux premières vinifications des cépages de cette parcelle RedClim, un projet porté également par le lycée viticole amboisien, en lien avec le Vinopôle Centre Val de Loire, qui associe l’IFV, les lycées, l’université de Tours, les chambres d’agricultures et les organisations viticoles.
Cette année les rendements ont été très hétérogènes selon les cépages, souligne Mélissa Merdy : « le floréal, seulement traité en encadrement de fleur, n’a pas eu de maladie et a eu un rendement équivalent à 60 hl/ha. Le viognier n’a pas non plus souffert de la pression sanitaire, tandis que le chenin a eu du mildiou et beaucoup de pourriture acide ». La parcelle est traitée avec des produits de biocontrôle.
« Cette parcelle sera suivie sur plusieurs millésimes, annonce Mélissa Merdy, dans le cadre d’un nouveau projet, Prestige (« parcelles écologiques, identification et évaluation des systèmes innovants en région Centre), où nous allons aussi développer un réseau d’études avec des vignerons ayant des parcelles conduites en agroécologie ».
L’an dernier, des vignerons amboisiens et des élus locaux ont eu une idée : créer un centre abritant plusieurs chais afin de répondre au manque de locaux de vinification pour de nouveaux producteurs dans le vignoble de Touraine Amboise. Ce centre serait doté de services et d’équipements mutualisés (gestion de l’eau, traitement des effluents etc.). Il pourrait être créé au lycée viticole d’Amboise, dont le chai, vieillissant, doit être transformé. « L’ébauche d’une étude de faisabilité a été réalisée par un ingénieur stagiaire, avec un premier plan d’aménagement», indique Mélissa Merdy.