uand on a réorienté son vignoble vers la vie des sols, que l’on chasse les intrants superflus en cave, que l’on pilote l’écoconception de ses emballages, que l’on ne sait pas s’il faut ajouter un nouveau label… Comment fait-on pour aller plus loin dans la transition agroécologique sans se perdre ? C’est l’un des axes travaillé par une thèse souhaitant « caractériser ce qu’est l’agroécologie en viticulture et enrichir les démarches de conception d’un système viticole agroécologique » indique l’Institut National de Recherche pour l’Agriculture et l’Environnement (INRAE), qui finance la recherche avec le projet VITAE (« pour cultiver la vigne sans pesticides : vers des socio-écosystèmes viticoles agroécologiques »).
Démarrée en 2022 à l’INRAE de Montpellier, la thèse n’a pas encore de résultats à communiquer indique Anne Merot, agronome chargée de recherche au sein de l’Unité Mixte de Recherche Agrosystèmes Biodiversifiés (UMR ABSys). Menant actuellement des enquêtes à Bordeaux, sur le pourtour méditerranéen et en Val de Loire, la thésarde ayant en charge le projet va analyser un ensemble de propriétés selon la définition de l'agroécologie de la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) et retravaillée pour l’adapter aux exploitations viticoles. Tout l’enjeu est de caractériser les différentes pratiques déployées en cohérence dans les systèmes agroécologiques explique Anne Merot, et d'identifier des types d'exploitations engagées dans la transition agroécologique.


« Pour nous, la transition agroécologique est une bascule vers une vision systémique : on ne traite pas d’une partie seulement de l’exploitation, mais d’une partie dans un tout » indique Anne Mérot, qui se demande si « est-ce qu’aller vers l’agroécologie pousse à réfléchir de manière systémique, à l’échelle non plus de l’exploitation comme somme de parcelles mais du système exploitation ? Est-ce que toutes les connaissances sont couplées pour aller vers la transition agroécologique ? »
Face à la complexité technique d’une évolution des pratiques, la communication sur le développement durable connaît des cycles pour porter un message fort auprès des consommateurs : il y a quelques années c’était la certification HVE, plus récemment l’agroforesterie et dernièrement le vitipastoralisme. Les choses sont claires pour Anne Mérot, « il n’y a pas une pratique qui est agroécologique, mais tout un ensemble ». L’origine de la thèse vient d’ailleurs d’une demande de conception agroécologique sur le château Couhins, cru classé de Graves appartenant à l’INRAE. « Mais pour faire de l’agroécologie, il faut travailler plus largement et aller chercher des connaissances nouvelles » résume Anne Mérot, qui se focalise aussi sur le vitipastoralisme. L’objectif était de répondre à la question du château Couhins : « pour aller plus loin dans la transition agroécologique, comment fait-on ? »