epuis le printemps 2011, la demande reste claire : « on essaie de faire reconnaître la possibilité de mettre des lieux-dits sur nos crémants de Bourgogne. Même si c’est un vin d’assemblage, on peut faire du parcellaire » résume Agnès Vitteaut Alberti, la nouvelle présidente de l’Union des Producteurs et Elaborateurs de Crémant de Bourgogne (UPECB), qui reste mobilisée : « on se bat : ça intéresse beaucoup ceux qui travaillent les crémants comme un vin tranquille ». À la bourguignonne en somme. Mais parmi les multiples dossiers déposés et traités par les services de l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO), il semble que cette demande ne trône pas en haut de la pile. Pourtant, « le droit communautaire autorise la revendication d’une Unité Géographique Plus Petite (UGPP) depuis la transposition dans le décret du 4 mai 2012. Nous avions pris devant au printemps 2011 en demandant à l’INAO d’intégrer dispositif dans cahier des charges » situe Pierre du Couëdic, le directeur de l’UPECB.
Contacté par Vitisphere, l’INAO répond qu’« une commission d’enquête a été nommée en 2017, chargée (entre autre) de rendre un avis sur cette question. Des échanges d’informations sont en cours, entre l’Organisme de Défense et de Gestion (ODG) et cette Commission », sachant que « la spécificité des vins effervescents et notamment les crémants est que ce sont des vins d’"assemblage", ce qui rend la reconnaissance d’une UGPP plus délicate ».


« Cette commission d’enquête a été ouverte à la demande du comité national de l’INAO à la suite du refus de la commission vins mousseux de l’INAO de répondre favorablement à la Bourgogne » resitue Pierre du Couëdic, qui ne cache pas qu’au bout de 12 ans l’UPECB « perd un peu patience : on voudrait que ça avance ». Pour relancer le processus, un courrier de mise en demeure a été envoyé en juin 2022 à l’INAO. « Le manque de prise de décision de l’INAO empêche d’agir. On ne comprend pas cette situation de blocage. C’est aberrant que le dossier n’avance pas. Notre région est construite sur les lieux-dits » regrette Pierre du Couëdic, qui relève que « depuis au moins 1820, on a une production de vins effervescents de terroir en Bourgogne. Il y avait une pratique de revendication de lieux dits et de climats qui s’est arrêtée en 1938 avec les décrets d’appellation. »
Pour porter sa demande, l’UPECB relève également une rupture d’égalité, comme le dispositif de lieux-dits se retrouve sur les possibilités d’étiquetage du cahier des charges des crémants de Loire (qui ne l’utilisent pas). Et précise qu’une revendication de lieu-dit ne nécessite pas de conditions de production plus restrictives (comme il s’agit d’une UGPP et pas d’une Dénomination Géographique Complémentaire, DGC).