epuis deux semaines, la cagnotte en ligne "Soutien à Alerte Aux Toxiques (AAT) et sa porte-parole Valérie Murat" connaît un regain d’activité avec de très nombreux dons. La levée de fonds atteint 120 073 € ce 19 octobre, soit 98 % des 125 000 € nécessaires pour déposer un appel d’ici le 10 novembre prochain contre leur condamnation par le tribunal judiciaire de Libourne à 125 000 euros de dommages et intérêts en février 2021 pour dénigrement du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CVIB) et 25 opérateurs bordelais après la parution de leur dossier d’analyses de résidus phytos de vins certifiés Haute Valeur Environnementale (HVE) en septembre 2020. La première chambre civile de la cour d’appel de Bordeaux ayant jugé le 10 novembre 2021 que la procédure d'appel est conditionnée au règlement intégral des 125 000 euros de dommages et intérêts arrêtés par le tribunal de Libourne. La cour validant la demande de radiation de l’appel déposée par le CIVB et 25 autres intimés (syndicats viticoles, domaines et négoce) attaquant le défaut de paiement intégral de leur condamnation (à exécution provisoire).
L’appel ayant deux ans pour être déposé après l’arrêt de la première chambre civile, on peut en déduire la mobilisation de donateurs avant la date butoir du vendredi 10 novembre prochain. Ne souhaitant pas commenter, ni communiquer le nom de son nouvel avocat*, Valérie Murat gardait son titre de porte-parole d'Alerte Aux Toxiques dans sa publication ce 5 juillet sur sa cagnotte. Elle annonçait « le financement participatif a dépassé les 105 000 € ! La solidarité dont nous bénéficions est incroyable et nous nous en réjouissons. » Et de mettre un lien vers « un nouveau reportage sur le label HVE », celui à charge du journaliste militant Hugo Clément. Ne souhaitant pas commenter ce dossier, le CIVB a envoyé fin 2022 une lettre de mise en demeure à Valérie Murat pour lui rappeler les termes du jugement après des participations à des reportages et documentaires. Le 25 février 2021, la chambre civile du tribunal judiciaire de Libourne interdisait à la porte-parole de « procéder de nouveau à la diffusion et/ou à la promotion sur tout support des communiqués de presse et dossiers de presse "Analyses de résidus pesticides dans les vins, résultats : la HVE encore gourmande en pesticides", sous astreinte de 500 € par manquement constaté ».


« Aujourd'hui, elle a déserté les médias et les réseaux sociaux, elle ne prend plus la parole nulle part, c'est infiniment regrettable. Sa condamnation, très lourde, est hors de propos, intenable. Je ne peux que souhaiter que l'appel lui soit favorable » réagit l’auteur Antonin Iommi-Amunategui, soutien de Valérie Murat et organisateur de salons (Sous les pavés la vigne). Regrettant « un rapport de forces complètement déséquilibré, où une lanceuse d'alerte, certes engagée mais sincère et à la démarche aussi sérieuse que légitime, a été littéralement muselée, notamment par le CIVB », Antonin Iommi-Amunategui estime « que les professionnels de la filière des vins de Bordeaux, CIVB en tête, s'acharnent de cette façon sur une lanceuse d'alerte spécialisée sur la question essentielle des pesticides, jusqu'à éteindre sa parole, jusqu'à la faire taire totalement, ne peut que donner une image désastreuse de la filière. L'usage des pesticides de synthèse dans le vignoble doit absolument être questionné, débattu, mis en cause aussi souvent que nécessaire. Et s'acharner à bâillonner l'une des principales voix à ce sujet, pour ce qui est du vignoble bordelais, est une faute historique. »
* : Maître Éric Morain a quitté sa robe d’avocat début 2023, pour devenir directeur adjoint des risques juridiques et de la stratégie RSE du groupe immobilier Arche (Citya, Century 21, Laforêt, Guy Hoquet, Nestenn...).