vis de recherche : mais où donc a disparu l’outil d’aide à l’arrachage sanitaire des vignes girondines ? Depuis la clôture des pré-candidatures le 17 juillet dernier (9 251 hectares recensés, dont 3 800 ha pour la jachère/boisement et le reste sur la diversification agricole), tout le processus est suspendu à l’avis de la Commission Européenne, retardant le calendrier prévisionnel (une ouverture du dispositif d’arrachage sanitaire mi-septembre pour un mois, l’instruction des demandes et la notification des décisions dès la mi-octobre, de premiers arrachages et paiements entre la fin 2023 et le début 2024…). Sollicité par Vitisphere, un porte-parole de la Commission Européenne indique que Bruxelles est « en contact avec les autorités françaises à ce sujet. Nous ne pouvons pas commenter davantage le contenu des contacts, ni préjuger de leur calendrier ou de leur résultat. »
Alors que le difficile millésime 2023 pèse sur le moral vigneron (du mildiou fin juin aux attaques de vers de la grappe en septembre) et que les trésoreries sont exsangues (avec moins de volumes pouvant bénéficiés de la distillation de crise que souhaités), ces nouveaux délais aggravent une situation déjà urgente. « Ce n’est pas satisfaisant » résume Jean-Marie Garde, le président de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux (FGVB), qui indique que Bruxelles doit s’exprimer d’ici la fin du mois sur la demande française de mobilisation des fonds de renaturation pour l’arrachage sanitaire à Bordeaux. « La Commission européenne a demandé des compléments d’information. C’est du formalisme. Il y en a déjà quand on travaille avec l’administration française, alors quand on passe l’échelon européen, ça complexifie encore plus » rassure-t-il, appelant à un coup accélérateur, tout en reconnaissant que « ce n’est pas évident humainement. Il ne faut pas désespérer, nous ne sommes plus loin de l’enclenchement de la procédure. » Au Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux, on espère une ouverture du guichet de candidatures définitives début novembre, avec un traitement prioritaire des dossiers déjà déposés en précandidature.
Mais alors que le temps passe, avec le contre-coup du coûteux millésime 2023 en traitements phytos pour des rendements loin d’être satisfaisants, le souhait de ne plus attendre et d’arracher de soi-même, sans aides, semble croître. La prime d’arrachage sanitaire, 6 000 €/ha, semble pour certains moins lourdes que les contraintes, jachère/boisement pendant 20 ans ou diversification agricole. De quoi alimenter les projets d’arrachage pour se garder la possibilité de replanter quand la situation se sera améliorée. Ou d’espérer une possibilité de rendre constructibles certaines parcelles avec une modification de Plan Local d’Urbanisme (PLU). Ou de se projeter sur des projets d’implantation de panneaux photovoltaïques. « Il faut se méfier des excès. La campagne ne peut pas être peuplée seulement de panneaux photovoltaïques et éoliennes » prévient Jean-Marie Garde.
Devant évoquer l'enjeu d'arrachage (mais aussi de distillation et de pilotage de la filière), le collectif Viticulteurs de Gironde annonce tenir une réunion publique ce mardi 17 octobre à 18 heures au Pian sur Garonne. En même temps que la réunion publique du Syndicat des Vignerons de l'Aude à Ferrals-les-Corbières. Porte-parole du collectif bordelais, Didier Cousiney indique être en contact avec le président du Syndicat des Vignerons de l'Aude, Frédéric Rouanet : « nous faisons pour l’instant chacun dans notre bassin, nous verrons de la suite à donner après nos manifestations. »