ans le vignoble de Sauternes, tout a changé le 22 septembre. « Les 30 mm de pluie ont lancé la botrytisation sur toutes les appellations de liquoreux, à un moment où les raisins présentaient un bel équilibre entre sucres et acidité » raconte Antoine Samenayre, œnologue consultant chez Oenoconseil. Il n’est pas tombé une goutte depuis mais la brume du matin a permis à la pourriture noble de bien continuer à se développer. « La chaleur et le vent de l’après-midi l’ont concentrée, c’est parfait » continue l’œnologue.
Au Château Caillou, dans le haut-Barsac, Sébastien Pierre a commencé les vendanges la semaine dernière. « Nous avons eu un botrytis bien plein et chocolat jusqu’à mardi dernier. Depuis, les raisins commencent à sécher. Jusqu’alors très satisfaisant, les rendements en jus commencent à baisser » témoigne-t-il.
Certains raisins dépassent désormais les 22% vol. d’alcool potentiel. Le vigneron va vendanger sans discontinuer en espérant finir mercredi prochain. En cave, son frère rééquilibre les moûts très riches avec des lots vendangés plus tôt pour éviter les problèmes de fermentation.
« Pour l’instant les cinétiques fermentaires sont bonnes. Et mieux vaut avoir à rééquilibrer qu’à attendre les sucres » se réjouit Antoine Samenayre. L’œnologue est d’autant plus content que les vins ont gardé une belle acidité et combinent peu le SO2. « Il n’en faut pas beaucoup pour muter, c’est un signe de qualité ». En bouche, il décrit une grande pureté du fruit avec des notes d’abricot et d’orange confite.
L’œnologue estime que 75% du vignoble sauternais sera vendangé d’ici la semaine prochaine. « Il ne restera plus qu’à rentrer les raisins qui n’ont pas profité de la pluie du 22 septembre et attendent une seconde botrytisation ». Après une succession de petits millésimes, Antoine Samenayre est heureux de revoir les vignerons faire le plein.