armi les cinq assemblages dégustés à l’aveugle au sien du Comité Champagne le 29 septembre, c’est celui comprenant 90 % de chardonnay et 10 % de voltis qui a été le plus apprécié. « Environ 700 professionnels ont dégusté ces cinq assemblages, précise Géraldine Uriel, responsable du service matériel végétal et production au Comité Champagne. C’est l’assemblage avec 10 % de voltis qui obtient la meilleure note, à 6.89/10, suivi d’un autre assemblage comprenant 5 % de voltis et 95 % de chardonnay, avec une note de 6.22/10. Il faut toutefois rester prudents car nous n’avons pas beaucoup de recul sur la capacité de vieillissement ».
Les autres assemblages dégustés comprenaient 100 % de chardonnay (6.22/10), 100 % de pinot noir (5.67/10) et 95 % de pinot noir et 5 % de voltis (5.2/10). « D’une manière générale, les assemblages comprenant de 5 à 10 % de voltis sont qualifiés de plus ronds, plus faciles, et plus prêts à boire, poursuit Géraldine Uriel. Ils obtiennent également les meilleures notes de typicité champenoise. On manque encore de données sur les assemblages avec le pinot noir, car nous les premiers assemblages ont été réalisés avec le chardonnay. Nous allons également élaborer des cuvées avec du meunier ». Les raisins provenaient de parcelles jeunes implantées sur un terroir tardif, vinifiés par petits lots de 160 kg dans la cuverie expérimentale du Comité Champagne. Les vins n’étaient pas dosés.
Inscrit au catalogue français en 2017 et autorisé dans le cahier des charges de l’AOP Champagne depuis 2022, le voltis a été planté chez 45 professionnels champenois de tous profils, sur 5,4 ha au printemps 2023. Comme toutes les VIFA (variétés d’intérêt à fin d’adaptation), le Voltisdoit représenter au maximum 5 % des surfaces de l’opérateur et ne pas dépasser 10 % de l’assemblage. Dans dix ans, un premier bilan sera dressé pour voir si le voltis, qui est autorisé de manière provisoire, sera définitivement intégré dans le cahier des charges ou s’il devra être testé pendant encore dix ans.
Le voltis, qui présente une résistance au mildiou élevée et une résistance totale à l’oïdium, débourre 6 à 7 jours après le chardonnay. Sa maturité arrive également plus tardivement, en moyenne 8 jours plus tard. Sa production est légèrement supérieure. En 2021, la production de voltis était de 1.32 kg/cep contre 0.9 kg/cep pour le chardonnay, avec un peu moins de grappes par cep mais un poids de grappes plus important (212.90 g contre 115.40 g).


Les professionnels qui en ont planté en 2023 ont signé une convention avec l’Organisme de Défense et de Gestion (ODG) de Champagne. « L’emplacement des parcelles était souvent proches des habitations, mais cela concerne souvent des petites parcelles de 5 ares, décrit Géraldine Uriel. Il y a aussi eu des plantations près des bois pour l’oïdium, sur des surfaces plus importantes. Il y a par exemple eu 30 ares de plantés sur une parcelle dans l’Aube ».
« Avec le voltis, mais également les autres variétés résistantes qui vont bientôt arriver, nous réouvrons une page de l’histoire de la Champagne, conclut Géraldine Uriel. Les variétés résistantes sont un formidable outil. Il faut que les professionnels s’approprient ces variétés, dans les vignes et en vinification. Cela prendra du temps… ».