Cette année mes vignes ont eu une invasion de cicadelles vertes. Dans une parcelle de mes côts, il n’y avait plus une seule belle feuille », soupire ce vigneron installé dans le sud de l’Indre-et-Loire. Il a appliqué de l’argile en plusieurs passages : « ce produit dérange ces insectes et a un peu atténué les dégâts ». Dans le Loir-et-Cher voisin, Luc Poullain, vigneron à Angé, a lui aussi été victime des cicadelles vertes. « J’avais effectué un comptage de cicadelles début août et les populations ne justifiaient pas un traitement. Mais à mon retour de vacances fin août, j’ai découvert des attaques violentes et nombreuses sur mes vignes jeunes de sauvignon, sur mes côts aussi. Je ne m’attendais pas à une telle offensive autour du 15 août en période de fortes chaleurs ».
Les grillures provoquées par les cicadelles sur les pourtours des feuilles ont perturbé la photosynthèse. « A l’approche de la récolte, il était trop tard pour traiter. Ces attaques ont entraîné un retard de maturation », déplore Luc Poullain. « J’ai constaté quelques situations de dégâts importants générés par des cicadelles vertes, signale Michel Badier, ancien chargé de mission à la chambre d’agriculture du Loir-et-Cher et aujourd’hui conseiller indépendant. Ces attaques sont bien moindres que celles que l’on pouvait voir il y a 10 ans. Mais cette année, les cicadelles vertes, friandes des feuilles de côt en particulier, ont aussi piqué des sauvignons ».


Le spécialiste relate également que les cicadelles vertes avaient souvent épargné des parcelles traitées au soufre poudre. « Ce produit les perturbe. Dans les parcelles attaquées, peu de vignerons il me semble ont appliqué de l’argile pour éloigner les cicadelles », indique Michel Badier.
D’autres insectes ont aussi sévi dans des vignobles, du côté de l’ouest de l’Indre-et-Loire : les drosophiles. Début septembre, l’équipe viticole de la chambre d’agriculture a constaté « une explosion des populations » sur certains secteurs, et notamment sur gamay. « J’en ai eu beaucoup sur les raisins de plusieurs parcelles, ça sentait le vinaigre. Je ne me suis pas posé de questions, j’ai vite récolté et j’ai passé la vendange à la thermovinification avec un prestataire », confie un vigneron du sud de Tours. Un autre viticulteur raconte avoir passé beaucoup de temps au tri avec ses vendangeurs dans ses pinots noirs. « Le seul moyen de limiter l’impact de la pourriture acide générée par les attaques de drosophiles est le tri. Il est aussi essentiel de surveiller avec beaucoup d’attention les acidités volatiles durant les vinifications », souligne l’équipe viticole de la chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire.