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Renversement de présidence des vins de Bordeaux : Michel-Éric Jacquin putsche vers la sortie Stéphane Gabard
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Gironde
Renversement de présidence des vins de Bordeaux : Michel-Éric Jacquin putsche vers la sortie Stéphane Gabard

"Chamboulement" et "coup de pied dans la fourmilière" du syndicalisme viticole bordelais. D’opposant à dirigeant : un membre du collectif Viti33 prend les rênes des AOC Bordeaux et Bordeaux supérieur après un vote très serré. Stéphane Gabard quitte la présidence après cinq mandats, cédant la place à Michel-Éric Jacquin. "Nous faisons de bons vins, maintenant il faut produire les vins qui plaisent aux consommateurs" lance-t-il face à la crise.
Par Alexandre Abellan Le 28 août 2025
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Renversement de présidence des vins de Bordeaux : Michel-Éric Jacquin putsche vers la sortie Stéphane Gabard
Vigneron à Saint-Émilion, Michel-Éric Jacquin produit également de la fine de Bordeaux. Ayant un parcours atypique, Michel-Éric Jacquin est ancré depuis son enfance dans le vignoble bordelais, qu’il a quitté un temps pour être publicitaire à Paris avant d’y revenir en 2003. - crédit photo : Alexandre Abellan (archives 2024)
É

lection disputée ce lundi 26 août pour la présidence des appellations Bordeaux et Bordeaux Supérieur (1,7 million d’hectolitres de vins rouges, blancs et rosés produits en 2024, soit la moitié des volumes girondins). Réunis à Beychac-et-Caillau, les membres du conseil d’administration de l’Organisme de Défense et de Gestion (ODG) ont tranché sur le fil avec 23 voix pour Michel-Éric Jacquin et 22 pour Stéphane Gabard. Vigneron à Galgon, le second cède le poste qu’il occupe depuis décembre 2020 au premier, vigneron et distillateur à Croignon (Saint-Émilion). Si le premier appartient au canal historique de l’ODG (ayant été trésorier pendant 7 ans sous les précédents présidents Bernard Farges, Hervé Grandeau et Marc Médeville), le deuxième tient de la tendance frondeuse : « je siège depuis 20 ans au syndicat dans l’opposition » résume Michel-Éric Jacquin, qui s’était déjà présenté à la présidence de l’ODG l’an passé et ne cache pas sa « grosse surprise » après son élection sur le fil cet été.

Alors que les vendanges commencent en Gironde, le nouveau président des Bordeaux indique que sa feuille de route sera présentée prochainement : « je n’ai pas grand-chose à dire. Je finalise un bureau que je veux être équilibré. Je pars sur une page totalement blanche et différente. » Une précision toutefois : « je ne suis pas élu du collectif : je suis adhérent à l’association et c’est tout. » Car Michel-Éric Jacquin est un membre du très indépendant et autonome collectif Viti 33. Une association de viticulteurs née il y a 20 ans dans l’Entre-deux-Mers, lors d’une précédente crise. Réactivée depuis 2022 et à l'origine de la manifestation pour l'arrachage, le collectif a vu certains de ses membres tenter de s'imposer face à l’équipe dirigeante de l’ODG lors de l’assemblée générale de l’été 2023. S’il ne compte pas pami les membres les plus virulents, Michel-Éric Jacquin n’est pas le moins vocal des adhérents de Viti 33, ayant porté ses revendications de plan social en 2022 devant le ministre de l’Agriculture d’alors, Marc Fesneau, et critiqué en 2024 le non-remboursement pour les vins distillés des Cotisations Volontaires Obligatoires (CVO)

Être dans le concret et la clarté

Porte-parole du Collectif Viti 33, Didier Cousiney reconnaît être « satisfait » du « chamboulement » causé par l’élection de Michel-Éric Jacquin, mais martèle qu’il ne s’agit pas d’un président « sous la bannière du collectif. On le soutiendra et on l’aidera s’il le demande. L’ADN du collectif depuis 20 ans n’est pas de prendre les rênes de l’ODG ou de toute autre institution, mais d’aiguillonner la filière pour que les choses changent. » Alertant sur la fatigue des vignerons bordelais à bout de forces et de nerfs, « ce sera la dernière récolte pour certains », Didier Cousiney appelle à la mise en place de mesures rapides : « il va falloir que [Michel-Éric Jacquin] montre ses capacités à réunir pour continuer le combat. Attention à ne pas proposer des choses irréalisables, mais être dans la clarté et le concret [pour rétablir des prix rémunérateurs] avec la loi Egalim et l’Organisation de Producteurs (OP). Il faut s’attaquer à la maison de l’ODG qui coûte cher, indexer les CVO sur le cours du vin… »

Se positionnant en soutien, Didier Cousiney précise que Michel-Éric Jacquin a pu être élu grâce aux voix de membres du collectif, mais aussi d’élus de la Coordination Rurale de Gironde (CR33). Porte-parole du syndicat agricole, le viticulteur Jean-Paul Ayres estime que ce « score serré » va « changer la donne. Cette fois c’est passé, pas comme à la Chambre d’Agriculture… » S’activant dans la campagne bordelaise, la CR33 a présenté des candidats cet hiver lors des élections de délégués cantonaux pour l’ODG et compte continuer à peser lors des prochaines échéances. Potentiellement candidat sur le secteur de Monségur La Réole, Jean-Paul Ayres souligne la secousse politique du changement de présidence à l’ODG. « Ça met un petit coup de pied dans la fourmilière. C’est la politique du syndicat des Bordeaux que paie monsieur Gabard. Le ronron qui ne bouge pas pour ne pas faire de vague. Il faut changer les têtes qui sont toujours les mêmes. »

Bilan de la précédente mandature

Contacté, Stéphane Gabard ne souhaite pas réagir à date. Ayant annoncé en juillet dernier une feuille de route 2025-2028, Stéphane Gabard aura durant ses mandats acté l’ouverture à l’expérimentation de l’encépagement AOC (arinarnoa, marselan, touriga nacional…), mis en place un volume régulateur en AOC Bordeaux et Bordeaux supérieur (depuis 2022), obtenu la refonte de l’appellation Bordeaux claret pour valoriser les vins rouges légers d’AOC Bordeaux (dès le millésime 2025), répété le besoin de revalorisation des vins en vrac (notamment via une Organisation de Producteurs, OP), simplifié le cahier des charges de Bordeaux et posé la question du financement de l’ODG (alors que les surfaces et volumes cotisant à l’AOC sont en chute).

Nous faisons de bons vins, maintenant il faut produire les vins qui plaisent aux consommateurs

À l’époque élu d’opposition, Michel-Éric Jacquin critiquait la stratégie et la gestion de l’ODG, notamment du projet œnotouristique avorté de Planète Bordeaux« Ce que je n’accepte pas, c’est que le premier syndicat viticole de France ne fasse pas mieux que ses concurrents ! » clamait Michel-Éric Jacquin après la fronde manquée de 2023, pointant qu’« en 2015, j’ai acheté un alambic pour me diversifier en produisant de la Fine Bordeaux, le brandy IGP de Bordeaux. Il m’a fallu plus de 7 ans pour faire rentrer la Fine au bar du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB). La route va être longue… » Désormais, Michel-Éric Jacquin n’est plus passager, mais pilote. « Ça va taper dur à Bordeaux » prévient-il aujourd’hui, tout en soulignant qu’il a « confiance dans notre système de production : nous faisons de bons vins, maintenant il faut produire les vins qui plaisent aux consommateurs. C’est peut-être plus difficile que de produire de bons vins… »

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Tous les commentaires (3)
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Steph32 Le 30 août 2025 à 09:40:15
Des années à nous dire que tout va bien ?. Des années à laisser pourrir la situation pour en arriver là. C'est pas demain qu'on remonte la pente mais déjà un changement de ton et peut être une manière différente de s'attaquer aux problèmes ?..à voir .
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Renaud Le 29 août 2025 à 09:10:04
Un jolie coup de Maître dans des circonstances particulières. Vraisemblablement le changement de ton de Stéphane Gabard n'aura pas suffit à apaiser les membres du CA qu'il avait inclu dans un soucis d'ouverture. Le temps du dégagisme se doit d'être passé. Maintenant il va falloir construire. Construire une équipe, annoncer un programme. Mais surtout apprendre à composer. La gouvernance passe par l'adhésion de la majorité d'un CA qui ne sera pas systématiquement acquis. Et gouverner demande aussi de maintenir un rapport de force au sein de Bordeaux, de la CNAOC etc?. Les questions seront qui connaît les dossiers, qui se rendra disponible pour les défendre. Si apparemment le travail sur la régulation des marchés veut être continué. Y a t il consensus dans l'équipe naissante? Ce changement amènera un temps de flottement. Normalement on aurait pas le temps mais là comme dans 10 j il n'y aura plus de gouvernement servons nous de ce temps pour rassembler ce qui est épar
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Zorro Le 28 août 2025 à 22:24:15
C'est une d'une voix alors que tout le monde n'était pas présent à cause d'un début de vendange précoce. Comme disait quelqu'un que j'aimais bien, "Oublie que t'as aucune chance. Vas-y, fonce. On sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher" (peut être un truc de Michel...) Maintenant il faut une équipe et des idées qui trouvent une majorité au Conseil d'Administration et en AG, donc négocier des compromis pour l'ensemble des vignerons de Bordeaux. Toutes ressemblances avec des faits réels parisiens n'est peut-être pas un hasard, cela semble être dans l'air du temps de vouloir tout renverser encore faut il ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Garder à l'esprit qu'un blocage sera préjudiciable à toute le filière. Peut on vraiment se le permettre ? Je ne pense pas. Qui vivra verra.
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