ommage à Jane Birkin : la chanson Je t’aime, moi non plus a été réinterprétée avec ferveur par François Braun, alors ministre de la Santé et de la Prévention, ce mardi 18 juillet à l’Assemblée Nationale. Adressant son soutien à la filière vin en cet été difficile (mildiou, sécheresse, orages…), l’infirmier-urgentiste n’en a pas pour autant dissipé les craintes d’augmentation des droits d’accise pour le prochain projet de loi de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS pour les intimes). Au contraire, le projet résolument budgétaire poussé par Bercy se double désormais de craintes d’instauration de taxe compartementale sur les boissons alcoolisées en général, et le vin en particulier. Lors de son intervention, François Baun soulignait l’intérêt d’un récent rapport parlementaire demandant une forte augmentation de la fiscalité des alcools, avec essentiellement le vin dans le viseur, mais aussi un prix minimum sur l’alcool. Réponse et trou normands en même temps… Ce dont les hygiénistes rêvent, Bercy veut le réaliser ! Reste à voir si le nouveau ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, poursuivra dans ce sens, alors qu'une interministérielle va s'ouvrir avec les ministères de l'Agriculture et de l'Economie pour débattre de cette taxation.
Témoignant d’une volonté de dénormaliser la consommation de vin, en dupliquant une stratégie de santé publique similaire à celle contre le tabac, cette approche fiscale ne passe évidemment pas pour la filière vin. Peut-on imaginer pire moment pour relancer ce débat fiscal, alors que le vignoble et le négoce sont englués dans des difficultés toujours plus multiples et pressantes ? On peut clairement parler de maladroits d'accise... Exténués par une succession de crises, les opérateurs du vin sont déjà débordés par la gestion d’une déconsommation déséquilibrant l’outil de production (demandant distillation, arrachage, reconversion…), mais aussi par l’accélération du changement climatique (et de la transition agroécologique). Alors qu’un nouveau plan stratégique de filière se prépare, la question reste entière : la France a-t-elle le courage d'adopter une politique de santé publique basée sur la consommation avec modération et non la déconsommation avec taxation ? N'en déplaise aux hygiénistes, le vin n’est pas la cigarette : sa culture de la juste mesure s’enracine on ne peut pus profondément. La promotion de la modération ? On la retrouve dans l'Ancien Testament ! « Le vin a été créé dès le commencement pour être la joie de l’homme et non pour l’enivrer » peut-on lire dans la Bible traduite par Sacy (l’Ecclésiastique), ajoutant que « la tempérance dans le boire est la santé de l’âme et du corps ».
Si Dieu est un fumeur de havanes, comme l’écrivait Serge Gainsbourg après sa rupture avec Jane Birkin, il semble qu’il soit également dégustateur de pinard.