menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Politique / Derrière les insultes inexcusables, les oppositions irréconciliables entre vignerons et écologistes
Derrière les insultes inexcusables, les oppositions irréconciliables entre vignerons et écologistes
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Aude
Derrière les insultes inexcusables, les oppositions irréconciliables entre vignerons et écologistes

Moment désolant pour la filière vin avec les insultes sexistes lancées par un vigneron perdant pied face à deux élues écologistes venues débattre dans l’Aude. Le signe d’une perte de nerfs face aux impasses climatiques et injonctions environnementales alors que le commerce bloque les rémunérations.
Par AA Le 13 juin 2023
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
Derrière les insultes inexcusables, les oppositions irréconciliables entre vignerons et écologistes
Colère rouge contre élues vertes ce 12 juin dans l’Aude. - crédit photo : Capture d'écran Twitter
E

xpliquer sans excuser. Affligeante par sa violence verbale, la séquence où l’on voit un vigneron lancer un « va faire la soupe salope, grosse salope » à la députée écologiste Sandrine Rousseau (Paris) ce 12 juin au domaine Ventalaillote (à Ventenac-Cabardès, Aude) témoigne de l’impasse et de l’impossible dans laquelle le débat sur la production viticole en particulier, et agricole en général, se trouve bloqué. Venue avec la députée Marine Tondelier (Hauts de France) « alerter sur un projet de golf et d'hôtel de luxe » avec un collectif local et mener « un atelier des États généraux de l'écologie [avec] une cinquantaine de participant·es inscrit·es » sur le domaine Ventalaillote, dont l’accès a été bloqué par des vignerons audois. La canalisation par les forces de l’ordre n'a pas permis d'éviter bousculades et invectives.

Avec cette tension physique et cette violence verbale, « l’attitude est choquante, mais elle n’est pas très étonnante dans ce climat tendu, où l’on répète à l’envi qu’il y de l’agribashing » estime Olivier Lozat, l’animateur de la Confédération Paysanne dans l’Aude (qui n’était pas impliquée dans l’évènement, accueilli par l’un de ses membres), ajoutant que l’« on a l’impression qu’il y a un déni face à la nécessité de changer de pratiques. Le dialogue est difficilement possible. Mais ils se trompent de cible, il faut un accompagnement pour réussir la transition écologique. »

Nous ne voulons pas d’aides, nous voulons vivre de notre métier

« Il y a une animosité entre les mondes écologistes et agricoles » explique pour sa part un viticulteur ayant participé à « une manifestation spontanée de la base ». Reconnaissant que les députées « ont été un peu insultées, ce n’était pas à propos, ça n’apportait rien », ce connaisseur du vignoble audois minimise cependant : « c’était viril, mais c’est resté raisonnable ». Comme si le tempérament sanguin de l’Aude en temps de crise permettait de s’affranchir des plus élémentaires règles de débat respectueux. Pour cet autre viticulteur, les élus écologistes « sont là pour nous sauver et nous expliquer ce que l’on doit faire avec leurs dogmes et leurs idéologies. Nous sommes plus concrets et réalistes. Nous ne voulons pas d’aides, nous voulons de la compétitivité et vivre de notre métier. Nous avons beaucoup investi dans les mesures agroécologiques, mais nos charges ont augmenté, la production bio reste dans nos caves et tout est compliqué avec la déconsommation et l’inflation » ajoute ce viticulteur, qui n’est pas confiant alors que « la distillation tarde et ne résoudra rien ».

Entre les deux parties, des échanges ont pu avoir lieu, sans être fructueux. « Les positions sont tellement différentes que cela ne change rien. Tout le monde s’entend, mais personne ne se comprend » indique un participant, qui pronostique de nouveaux débordements face à la crise latente dans le Midi. Crise économique, mais aussi climatique. Le président d’une cave coopérative voisine rapporte que ce serait la prise de parole sur l’irrigation inutile en viticulture d’un membre de la Confédération Paysanne lors des Assises de l’eau à Carcasonne qui aurait mis en colère certains vignerons demandant à bénéficier de l’irrigation. « Le sujet est épidermique en pleine sécheresse » résume ce viticulteur.

Après, on fait quoi ?

Pour la députée Marine Tondelier, « le sujet c’est l’incommunicabilité. L’escalade de la violence. Nous traversons une crise environnementale et une crise sociale. La crise démocratique est en train de s’y ajouter. Et après, on fait quoi ? » La secrétaire nationale d’Europe Écologie Les Verts ajoute sur Twitter qu’elle n’oubliera « pas cette rencontre. Je souhaite qu’elles se multiplient, même si ça n’est pas toujours simple, car le défi historique de l’habitabilité de la planète qui se présente à nous : nous ne pourrons le relever qu’ensemble. » Un viticulteur audois lui propose de venir voir d’autres modèles pour passer des paroles aux actes : « il faut arrêter de n’aller que de dans des domaines bio et Confédération Paysanne. La viticulture conventionnelle existe aussi. » Et la viticulture respectueuse des débats, des idées et des personnes existe également.

 

 

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Tous les commentaires (2)
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous
Dominique Le 15 juin 2023 à 13:37:46
Cet épisode désolant rappelle que notre profession a une grosse marge de progression en ce qui concerne la place des femmes. Il ne contribue pas à porter haut une image du vin valorisante, surtout au moment où on parle de féminiser la clientèle du vin... Ceci dit, cet évènement reflète deux choses : la détresse absolue de la viticulture qui ne comprend pas ce qui lui arrive et d?autre part des instances professionnelles dépassées ou démagogiques en l?occurrence. L?incurie des instances professionnelles est manifeste dans le domaine de la prospective. Outre la « déconsommation », ceux qui font un peu de commerce savent bien que des vignes se sont plantées dans tous les pays du monde, sans rapport avec leurs consommations locales. Chaque investisseur fait le pari d?un marché mondial qu?il est susceptible d?approvisionner. Résultat : c?est engorgé partout. Le deuxième point concerne plus l?Aude et il est dur à aborder parce que douloureux. Tous les modèles climatiques prévoient la désertification ( au sens propre ) du pourtour méditerranéen. Cela implique qu?on ne pourra pas se fixer comme objectif le maintien en l?état des productions actuelles. C?est un fait incontournable pour tous, écolos ou pas écolos. Ce qui se passe dans les Pyrénées orientales avec un énorme problème d?eau potable va se produire sur l?ensemble des régions méditerranéennes. S?imaginer qu?on va tout irriguer ( avec quoi ? ) ou mettre sous panneaux photovoltaïques relève de la fiction ou de la démagogie. Il faudrait arrêter de faire comme si c?étaient les vilains écolos qui étaient la cause de tous les maux climatiques. C?est pratique, ça permet de se défouler, mais ça fait l?économie de la recherche de voies de sortie. Et pourtant, on a vraiment besoin de se poser pour faire face à des phénomènes inédits.
Signaler ce contenu comme inapproprié
J.Henry DAVENCE Le 14 juin 2023 à 09:21:42
Ces insultes sont certes inexcusables, mais certains comportements de ces élus le sont également. Quand on joue la provoc, il faut accepter de se retrouver face à des gens très 1er degré surtout s'ils sont dans la détresse....
Signaler ce contenu comme inapproprié
vitijob.com, emploi vigne et vin
Gironde - CDD Château de La Rivière
Vaucluse - CDI PUISSANCE CAP
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Politique
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé