out augmente, sauf le prix des vins. Cette phrase simple pourrait quasiment suffire à résumer les motivations du ras-le-bol des vignerons audois à l’heure d’enclencher « une opération qui sera suivie d’autres si on ne nous apporte pas de réponses concrètes concernant la rémunération de nos vins », annonce Frédéric Rouanet, président du syndicat des vignerons de l’Aude.
Subissant, depuis le début d’année 2022, la conjoncture inflationniste qui aboutit à « une explosion des charges », le syndicat audois a lancé ce mercredi 8 mars « un premier avertissement » en réunissant quelques centaines de vignerons à Carcassonne (450 recensés par les renseignements généraux, en phase avec l'évaluation syndicale). Aux côtés des locaux, en grande partie issus de la coopération, des délégations de jeunes viticulteurs du Var, de la Drôme et du Vaucluse avaient fait le déplacement. Les rangs des représentants des différentes organisations syndicales agricoles départementales étaient également bien fournis, Fdsea, Jeunes agriculteurs, Vignerons indépendants et coopération agricole affichant leur solidarité avec le syndicat des Vignerons de l’Aude. Par leur présence au point de rassemblement aux abords du lycée agricole Charlemagne de Carcassonne, le président de la Chambre d’agriculture de l’Aude Philippe Vergnes et le député Christophe Barthès (Rassemblement national, 1ère circonscription de l’Aude) assuraient également leur soutien aux vignerons et leurs revendications.
Frédéric Rouanet arrangue les manifestants - OB


« Depuis un an, nos charges ont augmenté de 35 à 40 % pour qu’on nous achète nos vins moins chers. Nous attendons des solutions pour mieux rémunérer notre production, sans quoi l’équation restera insoluble et la viticulture se retrouvera par terre. C’est impossible de continuer dans cette situation », lance Frédéric Rouanet. Certes, les mesures conjoncturelles de distillation et structurelles d’arrachage annoncées par le gouvernement vont permettre d’épurer les surplus actuels, « mais si derrière le prix du vin n’augmente pas, on fait quoi ? On ne va pas distiller tous les ans !», rebondit le responsable syndical.
Visant la grande distribution, l’action du jour se voulait avant tout « symbolique », aux dires du président, dans l’objectif de faire bouger les lignes et faire avancer la réflexion autour de la rémunération de la production viticole. « Nous voulons savoir qui, du négoce à la grande distribution, se met de l’argent dans les poches pendant qu’on nous rémunère moins », explique Frédéric Rouanet.
OB
Outre les charges incontournables de production en augmentation (GNR, intrants, matériel…), Frédéric Rouanet n’a pas manqué de relever l’épineux sujet des contraintes environnementales. « Elles nous coûtent cher, nous demandent du temps, sans jamais être rémunérées. C’est valable pour la HVE mais également pour le bio, vers lequel les vignerons ont été encouragés à aller, pour se retrouver à présent avec des prix de bio eux aussi en souffrance », enfonce Frédéric Rouanet.
Parfaitement organisé comme à son habitude, le syndicat a ensuite lancé la centaine de véhicules des manifestants dans une opération escargot en direction d’une grande surface de l’enseigne Leclerc, route de Toulouse, à Carcassonne. Là encore, l’organisation au cordeau avait tout anticipé pour que les véhicules ne viennent pas bloquer les aires de stationnement dédiées au supermarché, avant d’enflammer palettes et pneus sur le bord de la route et ralentir la circulation. « Si on nous l’achète moins cher, le consommateur paye le vin plus cher qu’il y a un an en arrière. Cela n’aide pas alors que nous sommes dans une tendance de déconsommation. Et si les prix n’augmentent pas, ce ne sera pas de distillation dont on parlera, mais d’arrachage, ce que nous voulons absolument éviter. Nous laissons ça aux bordelais », appuie Frédéric Rouanet.
Le député Christophe Barthès-OB
Une délégation de responsables syndicaux a été reçue par la direction du magasin qui a expliqué avoir déjà rogné ses marges pour pallier à la hausse du prix des matières sèches. « Même si le négoce et la grande distribution se renvoient toujours la balle, le message est passé et sera relayé auprès de la direction nationale. Une augmentation de 11 centimes par bouteille sur un IGP rouge permettrait une rémunération équilibrée pour le producteur », explique Frédéric Rouanet. Le syndicat attend maintenant plus de monde autour de la table. Sans réponses, d'autres actions seront inéluctables.