menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Viticulture / Les témoins non traités, des indicateurs fiables de la pression du mildiou dans les vignes
Les témoins non traités, des indicateurs fiables de la pression du mildiou dans les vignes
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Protection du vignoble
Les témoins non traités, des indicateurs fiables de la pression du mildiou dans les vignes

Qu’ils soient en bout de rang ou au cœur des parcelles, les témoins non traités sont des indicateurs fiables de la pression de mildiou. Ils permettent aux vignerons d’ajuster les doses et les cadences de traitement et, en fin de campagne, de dresser un bilan de leur programme.
Par Pauline Orban Le 13 juin 2023
article payant Article réservé aux abonnés Je m'abonne
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
 Les témoins non traités, des indicateurs fiables de la pression du mildiou dans les vignes
Carine Magot, responsable vignoble de la coopérative Vignerons de Buzet, dans le Lot-et-Garonne indique « Dans le cadre des BSV, nous suivons trois témoins non traités en bout de parcelle, à des endroits faciles d’accès, depuis plus de quinze ans.(...) Depuis quatre ans, nous en suivons neuf autres dans le cadre d’une expérimentation avec l’IFV - crédit photo : DR
A

Mazères, en Gironde, Jean-Bernard Mussotte s’appuie depuis 2012 sur des témoins non traités pour mener la lutte contre le mildiou sur son domaine de 8 ha certifié HVE. « Sur les conseils de la chambre d’agriculture, je suis deux témoins non traités, l’un dans une parcelle de merlot de 4 ha et l’autre dans une parcelle de cabernet sauvignon de 3 ha, détaille-t-il. Lors de chaque traitement, je protège avec une bâche les sept pieds qui me servent de témoin, et je réalise des observations tous les deux jours afin de suivre l’évolution du mildiou et la pousse de la vigne. Mes observations viennent compléter celles du BSV et les relevés de ma station connectée de façon à estimer au mieux la pression mildiou et ajuster mes traitements. »

Un IFT fongicide réduit de 21 à 12 grâce au TNT

C’est justement grâce à ses témoins qu’il est parvenu à réduire son IFT fongicide de 21 à 12, dès l’année de leur introduction. « Avant je traitais pour traiter, explique-t-il. Depuis 2012, je me fie au témoin non traité. S’il n’y a pas de signe de mildiou et que les prévisions météo lui sont défavorables, je peux attendre jusqu’à quatorze jours pour renouveler un produit de contact. Mais si des taches apparaissent sur le témoin et qu’il y a eu une pluie contaminatrice, ou que je constate 90 % d’humidité le matin, je resserre les cadences de deux ou trois jours par rapport à la rémanence théorique. Idem en ce qui concerne la modulation des doses : au premier traitement, je commence par une demi-dose, et s’il n’y a pas de symptômes au moment de le renouveler, je continue avec une ½ dose et ainsi jusqu’à la floraison. Mais dès que j’observe des symptômes, je pulvérise une dose complète. »

Dans le Lot-et-Garonne, les Vignerons de Buzet possèdent eux aussi une longue expérience de l’usage des témoins non traités. « Dans le cadre des BSV, nous en suivons trois en bout de parcelle, à des endroits faciles d’accès, depuis plus de quinze ans, indique Carine Magot, la responsable vignoble de cette coopérative. Ces témoins sont tous sur merlot, notre cépage le plus sensible à la maladie, mais sur trois types de sols différents : boulbène, argilo-graveleux et argilo-calcaire. Depuis quatre ans, nous suivons neuf autres témoins, sur un vignoble de 75 hectares, dans le cadre d’une expérimentation avec l’IFV. Cette fois, la méthode est un peu différente : on choisit cinq pieds au cÅ“ur de la parcelle que l’on couvre d’une bâche avant de traiter. Cela réduit le risque que des produits qui dérivent viennent les protéger. Les observations faites par la suite semblent plus pertinentes. »

Des observations mises en relation avec les indications de Decitrait

En contrepartie, cela représente plus de travail. « Il faut installer la bâche en début de saison, puis à chaque traitement le tractoriste doit la déployer et la réenrouler après son passage », illustre Carine Magot.

Tout au long de la campagne, les observations réalisées sur les témoins sont mises en rapport avec les indications du modèle DeciTrait (lire p. 22), « afin de valider les prévisions de ce modèle, affirme-t-elle. Seul le premier traitement est toujours calé par rapport au modèle. Par la suite, si les conditions météorologiques sont clémentes et qu’il n’y a pas de signe de mildiou sur le témoin non traité, on peut espacer le renouvellement. »

Sur le vignoble étendu de 270 hectares de la Maison Rémy Martin, en Charente, Laura Mornet, responsable viticulture Eaux-de-vie R & D amont, suit sept témoins non traités, du débourrement à la vendange. Ici, la méthode est classique : chaque témoin est composé de quatre rangs de 25 pieds en bout de parcelle, dont deux rangs de garde. Le chauffeur met la pulvé en route une fois ces pieds passés.

« Nos témoins nous permettent d’évaluer la pression des maladies et des ravageurs en prenant en compte l’effet terroir. Notre vigilance est accentuée sur les versants nord où l’hygrométrie et la rosée sont plus fortes. Si on constate des taches de mildiou, on accélère le renouvellement des traitements. Inversement, si on n’en voit pas, on peut relâcher les cadences », explique Laura Mornet.

Utiles aussi pour faire un bilan en fin de campagne

Elle aussi s’appuie également sur DeciTrait pour définir le risque maladie. « Le témoin non traité apporte une information complémentaire sur la sensibilité du terroir, justifie-t-elle. Si l’OAD annonce une pression de niveau trois sur quatre et que l’on observe de la maladie sur le témoin non traité, c’est cohérent. Mais s’il prédit une pression faible et que le témoin montre des signes de mildiou, alors on réajuste certaines données de l’OAD, comme la vigueur ou l’état sanitaire, afin d’obtenir une modélisation plus fiable de la pression de mildiou. Corréler témoin nature et modèle théorique est indispensable dans la lutte contre la maladie. »

En fin de campagne, Laura Mornet reprend les observations réalisées sur les témoins pour dresser un bilan de son programme de protection. « S’il n’y a pas de récolte dans le témoin et que nos vignes sont saines, c’est que la protection a été efficace. Et s’il y a peu de mildiou dans le témoin, alors que nous avons bien protégé nos vignes avec peu d’IFT, cela signifie que nous avons bien adapté notre programme », explique-t-elle. Loin d’être désuets, les témoins ont encore toute leur place dans la lutte contre le mildiou.

Une carte en cours de réalisation

Au Château Montrose, à Saint-Estèphe, le directeur technique Vincent Decup est en train de cartographier la sensibilité au mildiou de ses 95 hectares grâce au suivi de quinze témoins non traités. « Ã€ chaque témoin correspondent un terroir, un cépage et un secteur géographique. Cette carte devrait nous servir dans les années à venir à mieux moduler les doses de traitements en fonction de la sensibilité au mildiou de la parcelle », précise-t-il. Ces témoins lui servent aussi à éprouver une nouvelle technique de détection précoce du mildiou. « Nous testons des capteurs de spores développés par la société Baas, qui sont censés fournir un premier signal d’alerte. Si les pièges ne détectent pas de spores mais que des taches apparaissent sur le feuillage, c’est qu’il faudra les améliorer », avance-t-il.

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Soyez le premier à commenter
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous

Pas encore de commentaire à cet article.
vitijob.com, emploi vigne et vin
Gironde - CDD Château de La Rivière
Côte-d'Or - Stage GVB WINE
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Viticulture
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé