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L'art et la manière de faire un témoin non traité pour suivre le mildiou ou l'oïdium
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En pratique
L'art et la manière de faire un témoin non traité pour suivre le mildiou ou l'oïdium

Les témoins non traités permettent de détecter le démarrage des épidémies de mildiou et d’oïdium, puis de les suivre et de mesurer l’efficacité d’une stratégie de traitement. Loïc Davadan, ingénieur numérique et viticulture à l’IFV de Cognac et Rémi Vandamme, conseiller en viticulture à la chambre d’agriculture du Vaucluse nous expliquent comment faire.
Par STEF, Christelle Le 18 avril 2023
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 L'art et la manière de faire un témoin non traité pour suivre le mildiou ou l'oïdium
Ces quelques pieds de vigne sont couverts d'une bâche facilement dépliable avant un traitement pour en faire un témoin non traité. - crédit photo : Loïc Davadan/IFV
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omme son nom l’indique, un témoin non traité (TNT) est une petite zone d’une parcelle qui ne reçoit aucun traitement fongicide, voire insecticide, « du débourrement au moins jusqu’à la véraison, et idéalement jusqu’à la récolte », introduit Loïc Davadan.

À quoi cela sert-il ?

« À détecter les premiers signes d’apparition des maladies, du mildiou notamment mais aussi de l’oïdium, détaille Rémi Vandamme, conseiller en viticulture à la chambre d’agriculture du Vaucluse. . Puis à mesurer l’efficacité de la stratégie mise en place. Le vigneron peut ainsi voir ce qu’il aurait récolté en quantité et en qualité s’il n’avait pas traité. »

« Le TNT a un rôle de révélateur, abonde Loïc Davadan,. Il permet de mieux comprendre la dynamique et la pression réelle des maladies, masquées par les traitements. C’est un bon indicateur du démarrage de l’épidémie de mildiou, ce qui peut permettre d’économiser des traitements en début de saison. Si le TNT est en place depuis plusieurs années, cela permet aussi de comparer les risques d’une campagne à l’autre. »

Depuis peu, les TNT présentent un autre intérêt : ils permettent aux vignerons HVE de gagner deux points, s’ils suivent leur TNT dans le cadre des BSV (Bulletin de Santé du Végétal). Sur le plan collectif, les TNT permettent aussi d’alimenter les réseaux régionaux d’observation de l’état sanitaire de vignes, dont les données bénéficient à tous.

Où l’installer ?

Tout dépend de l’objectif poursuivi. « Si l’on se sert du TNT comme d’une sentinelle, mieux vaut l’installer dans l’une parcelle très sensible au mildiou et/ou à l’oïdium, détaille Loïc Davadan. Si l’objectif est d’évaluer sa stratégie de traitement de manière globale, il faut choisir une parcelle représentative de son domaine. »

Rémi Vandamme conseille d’écarter les parcelles à haute valeur ajoutée. Et d’installer le TNT dans une parcelle économiquement secondaire.

En tout état de cause, la parcelle choisie doit être facilement accessible, « proche du hangar à matériel, de l’exploitation elle-même ou alors située à un endroit où le vigneron passe régulièrement », précise Rémi Vandamme. Histoire d’avoir facilement l’œil sur ces quelques pieds de vigne.

En bordure ou au milieu de la vigne ?

L’idéal est de positionner le TNT au cœur d’une parcelle pour qu’il soit représentatif. Dans ce cas, Loïc Davadan recommande d’installer entre deux piquets une bâche que l’on abaisse avant chaque traitement afin de recouvrir la végétation, et que l’on relève une fois le traitement terminé. Un dispositif contraignant.

Le plus pratique est donc de positionner le TNT en bordure de parcelle, en amont des vents dominants de façon à limiter la dérive des produits sur le TNT lors des traitements. « Les vignerons choisissent souvent une pointe de parcelle, à un endroit où passer le pulvé présente des difficultés », observe Rémi Vandamme.

Autre solution : installer le TNT dans une ZNT. « Cela permettra à certains riverains de se rendre compte que les années de forte pression, si l’on ne traite pas, on ne récolte pas de raisins… »

5. Quelle surface ?

Quatre rangs en bout de parcelle constituent un TNT idéal : celui de bordure, considéré comme atypique, le deuxième, sur lequel on mène les observations, et deux rangs de garde. « C’est ce qui se pratique dans le cadre des BSV. Mais souvent, les vignerons ont peur de mettre des rangs complets en TNT. Dans ce cas, l’alternative est de ne prendre que quelques piquetées, soit en bordure de la parcelle, soit au centre. »

Quelles observations ?

« En priorité le mildiou, le black-rot, l’oïdium et le botrytis », liste Loïc Davadan. « Principalement le mildiou, mais aussi l’oïdium », confirme Rémi Vandamme. Cependant, le TNT peut aussi servir à suivre la pression des ravageurs, la physiologie de la vigne, les maladies du bois…

Selon quel protocole ?

Il en existe plusieurs. Dans le cadre des BSV, le suivi est hebdomadaire (généralement le lundi) et s’effectue sur 50 ceps (50 feuilles et 50 grappes prises au hasard). Les viticulteurs et les techniciens qui participent aux BSV notent, pour chaque maladie, le stade phénologique, le nombre de ceps atteints, la fréquence et l’intensité de l’attaque sur feuille et sur grappe. « Comptez 45 minutes en pleine saison lorsque les maladies sont bien développées sur le TNT », précise Loïc Davadan.

Si le TNT ne comprend que quelques ceps sur une piquetée, le suivi est plus simple. « Au minimum, il faut noter une fois par semaine, sur les trois pieds centraux, la fréquence et l’intensité des symptômes sur feuille et sur grappes pour chaque maladie. » Une opération qui ne prendra pas plus de 10 minutes.

Comment valoriser ces observations ?

En les consignant par écrit, afin de pouvoir comparer la pression d’une année à l’autre. Et en les partageant. En Nouvelle-Aquitaine, les vignerons peuvent ainsi saisir les informations sur la plateforme EPIcure (www.vignevin-epicure.com) ou via l’application Di@gnoplant-Vigne, de l’Inrae.

Y a-t-il un risque de propagation des maladies au reste de la parcelle ?

Non, selon les conseillers. « Nous suivons beaucoup de TNT et nous ne constatons pas de dérive, rapporte Loïc Davadan. En cas de très forte pression, il peut arriver qu’il y ait quelques symptômes autour du témoin mais cela reste très limité. » Ce que confirme l’ATV 49. « Dès lors que le témoin non traité est restreint à quelques ceps, il n’y a aucun risque de contamination vers le reste de la parcelle. » Toutefois, si le TNT est très attaqué – par le black-rot, notamment –, au point qu’il n’est pas possible de le récolter, Loïc Davadan recommande de retirer les baies momifiées afin de supprimer cet inoculum.

Faut-il changer le TNT de place d’une année à l’autre ?

Pas nécessairement. « Pour bénéficier d’une continuité dans le temps, mieux vaut conserver le TNT au même endroit – même parcelle et mêmes rangs – d’une année à l’autre », indique Loïc Davadan. Malgré tout, si le TNT a été très atteint, il peut être judicieux de le déplacer l’année suivante afin de limiter l’inoculum et d’éviter d’affaiblir les ceps?.

En Nouvelle-Aquitaine, 35 % des vignerons impliqués

En Nouvelle-Aquitaine, dans le cadre du projet Vitirev qui vise « à accélérer la sortie des pesticides » une enquête a été réalisée au sujet de la présence et du suivi des témoins non traités. 170 viticulteurs et 43 conseillers y ont répondu. Les résultats ? 35 % des vignerons et 65 % des techniciens interrogés ont déclaré suivre au moins un TNT. Au total, l’enquête a permis d’identifier plus de 200 TNT, répartis sur 60 communes viticoles dans la région. Désormais l'objectif est de disposer d'au moins un TNT par commune viticole à l’horizon 2030.

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