Cela fait 40 ans qu’il n’y a pas eu d’investissements lourds. On se devait de bouger » annonce Franck Bijon, directeur général des Vignobles de Larose, 260 ha de vignes, (château Larose Trintaudon, Larose Perganson, Arnauld, Tour de Pez) dans le giron du groupe Allianz.
De fait, c’est un investissement de 25 M€ au global qui est injecté dans Larose Trintaudon, (198 ha, Haut médoc, cru bourgeois, 1,2 million de cols écoulés à 40% à l’export, 60% en France, en grande distribution) et dans Larose Perganson, (26 ha, Haut Médoc, cru bourgeois, 85000 cols 40% export 60% particuliers et CHR).
A commencer par les unités de vinification : deux cuviers neufs, l’un de 3500 mètres carrés qui va accueillir 80 cuves inox de 180 hectos pour Larose Trintaudon, l’autre sur 700 mètres carrés de 25 cuves béton de 95 et 120 hl dédié à Larose Perganson. « Nous souhaitions nous doter d’équipements identitaires pour bien montrer que chaque château a sa personnalité » indique-t-il. Les cuviers sont presque achevés, les derniers équipements techniques sont en cours.
Investissement aussi dans la réception vendange : les deux châteaux vont se doter chacun d’une ligne de réception, avec tri optique, refroidissement de la vendange pour tenir compte des changements climatiques (une capacité de rafraichissement à 12 degrés). Des équipements qui devraient être opérationnels pour les vendanges 2023. L’équipement actuel va être vendu.
De même la rénovation des chais à barrique est lancée : doublement du chai par les murs extérieurs pour Larose Trintaudon. A Larose Perganson, c’est un chai tout neuf qui va être érigé. Au croisement de ces deux chais perpendiculaires va être construit un caveau qui accueillera les marques des quatre propriétés. Un chantier engagé d’ici deux à trois mois.
Un bâtiment logistique flambant neuf de 2500 mètres carrés est dédié à la mise en bouteille, à l’habillage, au stockage de matières sèches. Il comportera une zone de chargement pour les camions, avec une zone d’accès dédiée. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Dans ce train d’investissements, l’aspect social est loin d’être négligé par Franck Bijon, qui croit dur comme fer à la RSE, en martelant que cela fait partie des meilleurs leviers de performance d’une entreprise. Les 65 salariés que comptent les vignobles de Larose, vont pouvoir bénéficier d’une grande salle de prise de repas (capacité de 70 personnes), d’une terrasse découverte. A cela s’ajoute une salle polyvalente de 300 mètres carrés, dédiée à la pratique du sport.
Enfin le volet Å“notourisme figure aussi en bonne place dans ces investissements. Un bâtiment de 350 mètres carrés accueillera une zone scénographique. « On va y raconter la RSE, les terroirs, l’association cépage et sols. On fera appel au sens (au nez) pour découvrir les différents cépages » indique Franck Bijon. Le public traversera un jardin viticole, une petite parcelle de 400 mètres carrés, pour découvrir la vigne, au fil des saisons. Une passerelle aérienne permettra de cheminer au-dessus des cuviers. Puis direction le showroom, la salle de dégustation et la boutique de vente. Des after en fin de journée seront proposés sur le toit terrasse.


« Nous devons proposer un programme oenotouristique qui ne soit pas trop technique avec des infos de vulgarisation, et qui soit aussi adapté et sécurisé pour les enfants. Il faut apporter du rêve mais compréhensible. L’important c’est de rapprocher chacun de la terre, des plantes et faire comprendre la situation exceptionnelle du Médoc entre océan atlantique et Gironde » explique-t-il. Le chantier va nécessiter 8 mois de travaux, pour une mise en service en 2025.
Au global ce plan d’investissement devrait générer 5 à 10% d’effectif supplémentaire d’ici à 2025. Face à la situation économique difficile que traverse la filière viticole bordelaise, Franck Bijon ne nie pas les difficultés : « C’est plus compliqué de vendre aujourd’hui ». Et de s’interroger sur le rôle du négoce bordelais lequel devrait « s’approprier davantage tout ce qui est le cÅ“ur de gamme des Bordeaux ». Dans trois ans, Franck Bijon devrait partir en retraite, mais il prévient : « Je vais attendre que tout soit mis en route pour transmettre les clefs ».