u’entendez-vous par sobriété énergétique à l’échelle d’une exploitation ?
Christophe Gaviglio : C’est le choix de consommer moins, mais de façon non subie. Choisir des itinéraires techniques nécessitant moins d’interventions, se former à la pratique de l’éco-conduite ou choisir un tracteur moins puissant font partie des actions contribuant à plus de sobriété énergétique. L’intervention la plus coûteuse étant celle qui n’apporte rien, il faut pouvoir ne traiter que lorsque la pression sanitaire l’exige. Les OAD se révèlent en ce sens très précieux. La sobriété risque néanmoins de buter sur les aléas climatiques du millésime, qui peuvent imposer de renouveler les traitements plus fréquemment. Autre poste énergivore : le travail du sol, naturellement plus énergivore que les solutions auxquelles il se substitue. On peut choisir un itinéraire le limitant, mais quid des contraintes de concurrence ou d’utilisation d’herbicide ? Un couvert hivernal peut constituer un bon compromis, d’autant que la présence régulière de couvert rend le sol plus facile à travailler, donc moins d’énergie nécessaire au labour.
Comment optimiser le matériel existant ?
Cela vient en continuité du choix d’itinéraire technique. Le travail d’effeuillage, intervention très énergivore, est un bon exemple. En renouvelant son matériel, le vigneron peut alors guider son choix vers un outil le moins énergivore possible pour rendre cette opération plus sobre. Ce bon sens est transposable à l’ensemble des interventions, comme l’utilisation privilégiée du mode éco de la prise de force, qui peut apporter jusqu’à 30 % d’économie de carburant pour un même travail. Ce mode est adapté pour le passage de pulvérisateur en début de saison. La végétation étant moins dense, le besoin en pression d’air pulsé est moindre. Même remarque autour du travail du sol. Privilégier une faible profondeur, pour le binage de l’inter-rang par exemple, peut permettre une économie de 50% de carburant. Une vitesse de chantier plus élevée permet également des économies de carburant, sans perdre en efficacité sur la tâche réalisée. La combinaison de deux matériels en un seul passage augmente la consommation instantanée mais améliore le gain énergétique global.
Comment l’innovation peut-elle contribuer à la sobriété énergétique ?
Un tracteur électrique serait bien plus efficient que le thermique, mais les contraintes de poids et de coût sont élevées. On voit aussi arriver des adaptations possibles des tracteurs routiers avec le bioéthanol ED95, une transposition qui aurait du sens dans la filière viticole, dans le cadre d’une économie circulaire autour des distilleries, tout en conservant le parc de tracteurs existants. La modulation du travail de traitement ou de fertilisation intra-parcellaire est également une orientation très prometteuse, mais qui implique une complexité technologique aboutie.